Au beau milieu de l’Atlantique Sud, les hommes de Francis Joyon ont quitté les Quarantièmes Rugissants. Ils s’apprêtent à se battre contre des zones de calmes… et reviennent aussi avec gourmandise sur cet épisode extraordinaire qu’était la rencontre avec un iceberg géant, hier après-midi.

« J’avais déjà eu l’occasion de croiser des icebergs, comme beaucoup d’entre nous à bord d’IDEC SPORT… mais jamais d’une façon aussi fantastique et spectaculaire ! Nous étions tout près d’une falaise de glace énorme. » A la vacation ce samedi midi, Francis Joyon revient avec émerveillement sur cet iceberg géant croisé hier après-midi dans les Quarantièmes Rugissants. Fait rarissime, « ce n’était pas dans du mauvais temps ni dans une mauvaise visibilité. Nous étions sous un soleil étincelant et on voyait parfaitement les pans de glace s’écrouler dans la mer, on voyait cette énorme surface de glace qui miroitait au soleil… c’était très impressionnant. On en a pris plein les yeux et on se disait que rien que pour voir ça, cela valait le coup de faire un trajet pareil ! »

« Rien que pour ça, le trajet valait le coup»

Garder son œil d’enfant devant la beauté de la nature. Francis Joyon a toujours su faire ça avec la plus grande sincérité. Il n’oublie pas non plus que croiser un iceberg aussi nord (43° Sud) est peut-être aussi une manifestation du réchauffement climatique. « En ce moment, on est tous préoccupés par ce sujet. On exagère avec le climat, il faut qu’on fasse attention. C’est important aussi qu’on puisse être là comme témoins de ces choses-là. » Bernard Stamm aussi avait déjà vu des icebergs… mais pas d’aussi imposants. Il témoigne à son tour : « c’était une vision surréaliste. Vraiment très, très impressionnant ce cube de glace avec de hautes falaises aux reflets bleutés. J’avais déjà vu des icebergs d’aussi près, mais d’aussi gros jamais ! On est passé à un mille et demi… »

Il va falloir se battre

La « zone d’incertitude » évoquée depuis 48 heures par Francis Joyon se présente aujourd’hui devant les trois étraves d’IDEC SPORT. Pour le moment, ils continuent à progresser. Moins vite, mais ils progressent. Quel sera le prix à payer avant de retrouver les alizés et une route rapide vers l’équateur ? C’est toute la question du week-end. Bernard Stamm : « on rentre dedans. Il y a plusieurs petites zones de transition à franchir. Pour l’instant nous attaquons la première, avec du vent d’Ouest qui mollit petit à petit, jusqu’à ce qu’on touche du vent qui viendra plutôt de l’autre côté, de l’Est. Des transitions comme celle-ci, on en a deux ou trois à franchir. C’est parti pour essayer de se battre avec les calmes ! »
Se battre avec les calmes « pour essayer d’y rester le moins longtemps possible ». Voilà le menu du week-end, confirmé par Francis Joyon. « Concrètement, on entre dans le cœur d’un petit anticyclone. On avance encore à 10 nœuds et on devrait traverser celui-ci relativement vite. Mais un moment donné nous n’aurons plus de vent du tout et nous allons subir quelques heures, ballotés par une grande houle. Il faudra batailler quelques heures pour nous rapprocher de la sortie vers le nord et trouver le vent salvateur, celui qui nous permettra de naviguer à nouveau de manière efficace vers l’équateur. » Francis Joyon ajoute : « c’est important de s’en sortir au mieux, car si on arrive à abréger de quelques heures le franchissement de cette zone de transition, ça peut sauver notre timing à l’équateur. Je dirais que si nous pouvions être bien repartis demain matin, ce serait bien..»
La suite ? Ce sera environ 800 milles à tirer des bords de près avant que le vent ne tourne vraiment à l’Est, « ce qui nous permettra de faire une trajectoire au vent de travers vers l’équateur. Soit une route assez classique, dès que nous aurons dégagé de ces zones un peu contrariantes. »

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