Les six marins d’IDEC SPORT ont droit à un régime spécial pour le réveillon et quelques menus plaisirs. Ils restent surtout concentrés sur l’objectif : trouver le moyen de passer au nord de l’anticyclone de Sainte Hélène. Le tout en devant redoubler de vigilance car de grands icebergs sont signalés dans leur zone de navigation.

« Ce qu’on demande au Père Noël ? Un beau passage de l’anticyclone ! Ce n’est pas gagné et il y a de l’incertitude dans ce domaine-là, c’est pour ça qu’on lui demande cet énorme cadeau. Sinon, on est dans du bon vent là, assez fort, 35 à 40 nœuds… on a un ris dans la grand voile et on avance vite sur la mer.» D’une voix à la fois calme et enjouée, Francis Joyon résume bien la situation ce 24 décembre : IDEC SPORT glisse dans le vent, à haute vitesse. Ils vont empanner « dans quelques heures, pour faire une route directe. On essaie de se positionner par rapport à cet anticyclone qui gêne la remontée ». La bonne nouvelle est qu’ils devraient garder assez longtemps le vent de la dépression qui les propulse. « On va faire peut-être 800 ou 900 milles avec elle » estime Francis, « après il faut réussir à négocier un passage pour raccorder avec les alizés de l’autre côté de l’anticyclone ». Avec Joyon la voile ça paraît simple…

Un iceberg de 7 km sur la route

Attention cependant à ne pas oublier qu’ils sont encore dans les Cinquantièmes Hurlants et même si cela peut paraître paradoxal alors qu’ils remontent vers le nord, le risque de croiser des icebergs est bien réel aujourd’hui et demain ! Le routeur Marcel Van Triest a alerté l’équipage sur cette éventualité. Francis Joyon : « on a une route qui nous fait passer dans des icebergs alors qu’on est pourtant assez nord. Ce sont des icebergs qui viennent de très loin, de l’Antarctique. Il y en a un sur notre route qui fait 7 kilomètres de long. On le voit sur les photos satellites, tellement il est gros. On approche de la zone d’icebergs signalés. Celui-là est à peu près à 700 milles, on passera à côté de lui demain dans la journée. » La mer ? « Sur l’arrière de la dépression, ça commence à se creuser, il y a des trainées blanches. On a encore un beau ciel du sud, des oiseaux de mer. » Ainsi va la vie à bord d’IDEC SPORT.

Un Père Noël à la barre par 40 nœuds de vent

Le réveillon ? « On n’a pas pris grand chose pour des questions de poids, mais Boris a sorti une étoile lumineuse qui doit faire 15 grammes et s’allume vert, jaune et rouge. C’est tout ce que j’ai vu comme décoration pour le moment » s’amuse Francis, avant d’ajouter, « ah si tout à l’heure Boris était à la barre avec son bonnet de Père Noël sur la tête par 40° nœuds de vent. C’était assez original ! ».
Et donc ce repas de réveillon ? Et bien c’est du cassoulet, répond Bernard Stamm. « Un bon cassoulet qui tient bien au ventre et va nous changer du lyophilisé. Après j’ai préparé une petite surprise : des portions de framboises à la Guinness que je ne connais pas non plus, il fallait bien que je me fasse aussi une surprise ! Et puis, les gars ne le savent pas encore, mais j’ai ramené deux petites bouteilles de très bon vin rouge que nous n’avions pas bu avec Jean Le Cam, pendant la Barcelona World Race.»
Il est comme ça Bernard : il trimballe sa mini cave d’un tour du monde à l’autre et parfois le vin a le temps de vieillir. Voilà de quoi continuer à entretenir l’excellente ambiance du bord, malgré l’incertitude météo liée à ce fameux anticyclone qui gêne la progression. Ouvrir l’œil pour les icebergs, aller vite, trouver la jonction vers le nord et ne pas oublier l’essentiel de la convivialité et la bonne humeur dans l’exploit, voilà les mots clés du jour.
Les chiffres ? On a vu ce matin qu’il fallait maintenant tenir 500 milles par jour sur la route pour rentrer à la maison dans les temps du record. C’est toujours d’actualité.

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