Navigation à vue
Alors que le jour pointait sur le pont de Spindrift 2, l’équipage a repéré, au loin, la silhouette du trimaran Idec Sport. Après un demi tour du monde depuis leur départ de Ouessant le 22 novembre et près de 30 000 kilomètres parcourus à travers les océans Atlantique puis Indien, les deux trimarans en quête du Trophée Jules Verne se sont retrouvés bord à bord, après la Nouvelle-Zélande. Le scénario, certes improbable, n’en rajoute que davantage de piquant à l’extraordinaire aventure du record autour du monde en équipage : d’une compétition virtuelle face au chrono de référence de Banque Populaire V, les marins de Spindrift 2 y ajoutent une navigation au contact aux antipodes. Sur la route du cap Horn, l’option Sud n’a pas été retenue. L’équipage de Dona Bertarelli et Yann Guichard longe actuellement une dépression, par le Nord, à 27 noeuds de moyenne.
Jour 24 – 15h30 GMT
- 309,3 milles de retard sur Banque Populaire V
- Distance parcourue depuis le départ : 15 792 milles
- Vitesse moyenne sur 24 heures : 27,4 nœuds
- Distance parcourue sur les dernières 24 heures : 658 milles
Message du bord
Rencontre improbable en plein Pacifique Sud, hier soir, entre Spindrift 2 et Idec Sport. Les deux trimarans ne s’étaient pas croisés depuis leur base de la Trinité Sur Mer, et c’est, sans aucune espèce de concertation, qu’ils avaient quitté Brest et coupé la ligne de départ du Trophée Jules Verne à seulement deux heures d’intervalle (le 22 novembre dernier). 15 000 miles plus tard, on les retrouve, les voilà bord à bord au milieu de nulle part, dans leur quête de ce trophée. Le sentiment à bord de Spindrift 2 est partagé entre la surprise de se retrouver ici, et l’excitation de trouver un concurrent bien réel dans cette compétition où l’adversaire est normalement virtuel. Alors, c’est certain qu’il était plus confortable de voir Francis Joyon et son équipage à plus de 800 milles dans le sillage de Spindrift 2. Mais, en même temps, cette situation, inédite dans l’histoire du Trophée Jules Verne, apporte un intérêt supplémentaire au défi. Les équipiers de Spindrift 2 sont des compétiteurs, et cette sorte de course au sein du record n’est pas pour leur déplaire. Lorsque l’on interroge Yann Guichard sur la probabilité de continuer à naviguer au contact d’Idec Sport, celui-ci n’exclut rien.
« Les bateaux sont proches en performance, et les options météorologiques possibles pour le Cap Horn ne sont pas nombreuses. Il n’est pas impossible que nos routes se croisent de nouveau dans les jours prochains. »