





Depuis ce matin, Spindrift 2 bénéficie de conditions plus toniques que ces derniers jours, tout en restant dans une mer relativement plate permettant au bateau de maintenir de bonnes vitesses. En début d’après-midi, l’équipage est passé à une vingtaine de milles au Nord des îles Kerguelen. Ils ont choisit cette trajectoire afin d’éviter le vent trop fort et une mer scabreuse sous l’archipel. Le défi à venir : réussir à passer devant une dépression creuse arrivant tout droit de Madagascar.
« Terre ! » je m’imagine très bien les navigateurs de l’époque, après des semaines en mer, voir se profiler au loin une ombre ne ressemblant pas tout à fait aux autres – celles des nuages bas et gris.
L’archipel des Kerguelen est en vue, au loin à 27 miles nautiques, et nous aussi avons crié « Terre ! » Grâce à nos instruments et radars, nous savions qu’elle était là, toute proche, mais les nuages bas ne nous laissaient que peu de chance de l’apercevoir. Et c’est à cet instant que le ciel a exaucé nos vœux, il s’est ouvert pour un court instant, sous un ciel bleu et quelques rayons de soleil réconfortants ; alors nous avons vue cette terre volcanique qui culmine à plus de 1000 mètres d’altitude.
C’est étrange l’émotion que je ressens à cet instant. J’ai presque envie qu’on s’y arrête pour découvrir, comme l’ont fait avant nous les premiers explorateurs, cette terre nouvelle.
Mais nous ne faisons que passer et notre route est encore longue. D’ici une heure il fera nuit. Quant à cette île perdue à plus de 3500 km de toute terre habitée, elle a disparue aussi vite qu’elle est apparue.