Maître CoQ se laisse pousser des ailes !
Jérémie Beyou et Maître CoQ se projettent vers le Vendée Globe 2016. Affichant clairement leurs hautes ambitions, ils ont pris la décision commune d’équiper le 60 pieds IMOCA de foils en vue du tour du monde en solitaire. Le bateau entrera au chantier CDK de Port-la-Forêt le 25 novembre. Jérémie Beyou, Stéphane Sallé, Directeur Général de Maître CoQ, et Philippe Legros, responsable de la performance, nous expliquent les raisons qui ont dicté ce choix et évoquent la collaboration avec le designer néo-zélandais Nick Holroyd, spécialiste des foils sur l’America’s Cup.
Pourquoi avez-vous pris la décision de doter Maître CoQ de foils en vue de la saison prochaine ?
Jérémie Beyou : « Cela fait plusieurs mois que nous travaillons dessus : nous avons commencé par faire un VPP (programme de prédiction de vitesse) précis du bateau dans sa configuration actuelle, puis simulé un autre VPP avec le bateau équipé de foils de différentes géométries. Nous avons ensuite fait tourner ces VPP sur des routages autour du monde, qui n’ont fait que confirmer les chiffres obtenus, à savoir que Maître CoQ avec des foils était toujours plus rapide sur la durée, certains routages donnant jusqu’à cinq jours de différence. Ensuite, nous nous sommes comparés aux nouveaux bateaux mis à l’eau cette année : si, lors des premiers stages d’août, nous avons été un peu circonspects, ceux de septembre nous ont permis de constater que certains nouveaux bateaux avaient beaucoup progressé, notamment Banque Populaire, tandis que Gitana (Edmond de Rothschild) a été d’entrée de jeu bluffant à certaines allures. »
La victoire sur la Transat Jacques Vabre d’un bateau non équipé de foils, a-t-il remis en cause votre choix ?
Philippe Legros : « Non, au contraire, il nous a confortés dans notre décision : vu le contexte, la performance de Banque Populaire (deuxième place) est remarquable : on a bien vu qu’ils (Armel Le Cléac’h et Erwan Tabarly, les skippers) ont volontairement navigué beaucoup plus prudemment que les autres en début de course, ce qui leur a permis d’être le seul des bateaux neufs à passer. Une fois que le vent s’est calmé et que la mer s’est rangée, ils ont pu utiliser leurs foils, et à partir de là, de 40 milles de retard, ils sont passés à 35 d’avance au Pot-au-noir. Le bateau, dans cette configuration, a des capacités d’accélération impressionnantes sur la durée. Ces performances ont donc confirmé nos études et nos observations et je pense que si la course avait eu lieu un an plus tard, Banque Populaire, bien plus fiabilisé, serait arrivé nettement devant PRB. En vue du Vendée Globe, nous avions le choix entre optimiser encore Maître CoQ en faisant notamment de nouvelles dérives ou passer aux foils, Jérémie a été clair sur le sujet : son objectif, c’est de gagner. Ce qui n’est à notre avis pas possible avec des dérives seules. Les différences de vitesse entre les « foilers » et anciens bateaux peuvent aller jusqu’à 3 nœuds au reaching. Sachant que le Vendée Globe est avant tout une course de reaching, les écarts à l’arrivée pourraient se compter en jours. »
Votre abandon sur la Transat Jacques Vabre a-t-il influé sur votre décision ?
Jérémie Beyou : « Nous avions quoi qu’il arrive anticipé, en réservant pour cet hiver Heol Composites et le chantier CDK de Port-la-Forêt pour fabriquer et implanter ces foils ou au minimum des nouvelles dérives. Le fait de ne pas courir la Transat BtoB nous permet de démarrer le chantier plus tôt, donc de naviguer le plus possible avec le bateau en version Vendée Globe. C’est primordial, compte tenu de l’importance des modifications qui nécessiteront beaucoup de temps de fiabilisation, de mise au point et d’optimisation. »
Avec qui collaborez-vous pour ces foils ?
Jérémie Beyou : « Avec Pierre-François Dargnies, le directeur technique de Beyou Racing qui travaille sur le dossier depuis plusieurs mois, nous avons fait tout l’avant-projet avec Sam Manuard, qui nous a aidés pour les études préliminaires ; ensuite, nous avons souhaité collaborer avec des gens ayant déjà travaillé sur ce type de pièce, à savoir le chantier CDK et Heol Composites, qui a construit tous les foils des nouveaux bateaux, sauf ceux d’Hugo Boss. Au niveau du design, nous sommes allés regarder du côté de l’America’s Cup en faisant appel à Nick Holroyd, que je connaissais de réputation. Il a été « head-designer » de Team New Zealand pendant des années et a donc une très grande expérience dans le domaine du foil, c’est quelqu’un de brillant, un « ultra spécialiste ». Comme il quittait Team New Zealand (il a depuis rejoint SoftBank Team Japan), il a répondu favorablement à ma demande. Il est venu sur le bateau, il a tout de suite vu quels foils il fallait, quelles autres problématiques cela induisait… Je suis très heureux de collaborer avec lui. Enfin, je vais personnellement m’impliquer dans ce chantier pour m’imprégner de toutes ces modifications. Je vais aussi mettre à profit cette période pour passer du temps avec Maître CoQ afin de préparer au mieux ce Vendée Globe à tous les niveaux. C’est un moment hyper important pour tout le monde, il faut faire en sorte que nous le vivions tous du mieux possible. »
Quelle est la position du partenaire Maître CoQ par rapport à cette décision de faire des foils ?
Stéphane Sallé, Directeur Général de Maître CoQ : « Notre accompagnement aux côtés de Jérémie s’appuie sur plusieurs valeurs fortes : performance, audace, innovation, partage, confiance… L’optimisation du potentiel de l’IMOCA Maître CoQ sur le prochain Vendée Globe passe par ce choix de poser des foils, cela représente l’avenir de la course au large. Si Maître CoQ n’avait pas innové par le passé, nous ne serions pas leaders aujourd’hui. L’innovation et l’audace sont les clés de la réussite de Maître CoQ : créer de nouveaux produits qui répondent à de nouvelles envies et se différencier dans un milieu hyper concurrentiel. Il en est de même sur le prochain Vendée Globe qui est l’objectif N°1 de notre programme de sponsoring. »