La délivrance : ce n’est qu’après avoir franchi la ligne d’arrivée que Ian Lipinski (Entreprises Innovantes) a pu savourer sa victoire après un duel d’anthologie avec Julien Pulvé (Novintiss). Mais que ce fut dur ! Les trois derniers jours de course ont été un enfer pour celui qui avait emporté la première étape avec une avance confortable. Ian disposait de plus de 11 heures de marge sur Julien : au final, le gâteau a été bien entamé.

« Le coup passa si près que son chapeau tomba ». Ce n’était pas la guerre entre Ian Lipinski et Julien Pulvé, mais une victoire dans la Mini Transat îles de Guadeloupe n’est pas un cadeau que l’on peut s’offrir tous les quatre matins. Pour Ian, engagé depuis deux ans avec le chantier Prépa Nautic de La Rochelle dans la préparation et le développement de l’Ofcet, ce nouveau bateau de série, le challenge était d’importance. Il s’agissait de valider une démarche de fond face à la concurrence des nouveaux bateaux de série, notamment les Argo et les tout récents Pogo 3. C’est finalement de son pote et compagnon d’écurie, Julien Pulvé, qu’est venue la menace principale. Les deux skippers emblématiques du chantier rochelais se sont retrouvés au coude à coude après que la concurrence eut été reléguée au rang de faire-valoir. Dès lors, s’engageait un mano a mano dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas été vécu de la même manière par les deux navigateurs. Agacé, Julien n’avait de cesse de trouver une ouverture, un moyen d’échapper au contrôle de Ian qui, quant à lui, vivait particulièrement bien cette situation. Les deux hommes se connaissent assez et s’apprécient suffisamment pour échanger, se rendre des menus services par VHF, s’envoyer des énigmes pour passer le temps. Mais bien évidemment, les intérêts de chacun ne pouvaient être convergents.

Deux marins pour une victoire collective
Quand Julien a trouvé le moyen de s’échapper, a commencé un long suspense, entretenu par le fait que la route nord choisie par le navigateur rochelais s’avérait bien plus payante puisque Ian Lipinski comptait jusqu’à 60 milles de retard sur son adversaire. Finalement, le retournement de situation n’a pas eu lieu. Et ce sont deux navigateurs comblés qui se sont retrouvés ensemble sur le bateau de Ian lors de son arrivée : Ian qui empochait la victoire finale et Julien qui pouvait se targuer d’avoir maitrisé avec brio la traversée de l’Atlantique. Deux Ofcet aux deux premières places des bateaux de série, c’est peut-être le début de la grande aventure industrielle pour le chantier rochelais qui s’est engagé dans ce pari un peu fou. Avec un tel résultat, le carnet de commande devrait franchir un bond dans les prochains mois. Derrière les deux Dupont et Dupond, on attend maintenant Tanguy Le Turquais (Terréal) qui devrait prendre la troisième place du classement des bateaux de série après un long voyage en solitude entre le duo des leaders et le bataillon des poursuivants. Ce sera encore une autre course à raconter…

La colonie de la marina

A Pointe-à-Pitre, les arrivées se succèdent pendant que les amis, les familles viennent grossir la petite colonie qui gravite autour de la course. Viennent aussi s’adjoindre quelques uns des navigateurs qui ont dû déclarer forfait, tel Davy Beaudart, Romain Mouchel ou Maxime Eveillard. Pour eux, l’aventure s’est arrêtée prématurément, mais il était difficilement concevable de ne pas partager, ne serait-ce qu’une petite part de l’euphorie de l’arrivée. Avec les arrivées des amis de la métropole, viennent aussi les nouvelles des heures sombres que vit le pays. Le ton des conversations redevient plus grave, un voile passe sur le plaisir de se retrouver. C’est déjà difficile, dans des temps normaux, de reprendre pied dans la vie terrestre… Loin du pays et la tête encore vidée par des heures de mer en solitude, la marche est décidément bien haute à franchir.

Classement 2e étape, le 15 novembre à 18h (HF TU+1)

Séries (Classement Ocean Bio-Actif)

  1. Julien Pulvé – 880 – Novintiss arrivé le 15/11 à 02h 06mn 15s
  2. Ian Lipinski – 866 – Entreprises Innovantes arrivé le 15/11 à 10h 15mn 06s
  3. Tanguy Le Turquais – 835 – Terréal à 16,6 milles de l’arrivée
  4. Armand de Jacquelot – 755 – We Van à 46,4 milles
  5. Edwin Thibon – 721 – Coeur Fidèle – à 46,9 milles

Prototypes (Classement Eurovia Cegelec)

8 Simon Koster (Eight Cube) arrivé le 14/11 à 17h 36mn 37s
9 Nicolas d’Estais (Librairie Cheminant) arrivé le 15/11 à 04h 24mn 56s
10 Vincent Grison (Roll my Chicken) à 73,8 milles de l’arrivée
11 Fidel Turienzo (Satanas) à 128,5 milles
12 Nikki Curwen (Go Ape ! Live Life Adventurously) à 272 milles

Classement général provisoire avant jury des bateaux prototypes, parrainé par Eurovia Cegelec

  1. Frédéric Denis – 800 – Nautipark arrivé à 10h 12mn 30s HF TU+1 le 13 novembre
  2. Luke Berry – 753 – Association Rêves arrivé à 00h 18mn 18s HF TU+1 le 14 novembre
  3. Ludovic Méchin – 667 – Microvitae arrivé à 00h 32mn 16s HF TU+1 le 14 novembre

Classement général provisoire avant jury des bateaux de série, parrainé par Océan Bio-Actif

  1. Ian Lipinski – 866 – Entreprises Innovantes arrivé à 10h 15mn 06s HF TU+1 le 15 novembre
  2. Julien Pulvé – 880 – Novintiss arrivé à 02h 06mn 15s HF TU+1 le 15 novembre

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