Le mélange de culture et d’expériences crée l’efficacité
Vincent Riou et Sébastien Col (PRB), Armel Le Cléac’h et Erwan Tabarly (Banque Populaire VIII), Yann Eliès et Charlie Dalin (Quéguiner – Leucémie Espoir) : voilà le podium de la 12e édition de la Transat Jacques Vabre dans la catégorie des IMOCA. Pour le Pôle Finistère Course au Large, c’est un franc succès puisque 100% des marins de ce tiercé gagnant font leurs armes au sein de la structure. Entraînements sur l’eau, préparation physique, préparation mentale, météo, suivi médical… pour eux, rien n’est laissé au hasard et leurs performances en témoignent encore une fois. Car c’est bien ceux dont la préparation est, à ce jour, la plus aboutie qui se sont illustrés au Brésil. Et pour cause, les conditions particulièrement costaudes du début de course ont un peu freiné dans leur élan les duos équipés des machines les plus récentes. Des machines dont la mise à l’eau tardive et, par ricochet, le manque de temps pour développer et fiabiliser les nouveaux systèmes de foils, ont été contraintes à l’abandon alors qu’elles étaient parfaitement dans le tempo de la course. De cela, ce que l’on retiendra donc, c’est, d’une part, qu’aucun des coureurs du Pôle n’a démérité et, d’autre part, que les foils sont, sans conteste, efficaces, mais qu’il faut laisser un peu de temps au temps.
C’est un fait, cette 12e édition de la Transat Jacques Vabre, qui voyait s’affronter pour la première fois sur l’Atlantique les derniers nés des monocoques IMOCA et des bateaux déjà éprouvés, s’est révélée exceptionnelle sur le plan de la régate. « Ca a été un beau match parce qu’au final, nos concurrents ne nous ont jamais laissé beaucoup de répit », a notamment déclaré Vincent Riou qui, aux côtés de Sébastien Col, s’est finalement imposé à Itajaí, devant Armel Le Cléac’h et Erwan Tabarly puis Yann Eliès et Charlie Dalin, eux aussi sociétaires du Pôle Finistère Course au Large. « C’est une belle histoire qui remet bien en place les perspectives. PRB, le vainqueur de l’épreuve, est un bateau polyvalent et bien abouti. Aux entraînements, c’est lui qui se aussi montrait le plus régulier. Aujourd’hui, ce que nous avions pu voir à Port-la-Forêt, nous avons aussi pu le constater sur les 5 400 milles du parcours. On peut considérer que la morale sportive est en quelque sorte respectée et cela, au Pôle, ça nous convient bien », a indiqué Christian Le Pape, rappelant que depuis le mois de juin dernier, les duos qui ont participé aux différents stages du Pôle, au Fastnet et au Trophée Azimut ont avalé pas moins de 2 330 milles pour se préparer spécifiquement à cette Transat.
Un an pour développer et fiabiliser
Reste que s’il se réjouit que trois bateaux du Pôle trustent les trois premières places du classement des monocoques 60 pieds, il n’oublie pas que cinq autres ont été contraints à l’abandon. « Les conditions du début ont été difficiles et elles ont généré certaines casses sur les montures les moins abouties mais bien dans le coup malgré tout », a relaté Christian qui se satisfait, malgré tout, du fait que tous aient pu rentrer à bon port en totale autonomie grâce à une approche très professionnelle et un sens marin indéniable. « Tous se sont comportés de manière irréprochable et ont su gérer au mieux la situation. Reste que si tous se sont énormément investis, ils ont encore besoin de développement sur leurs bateaux. Les foils, c’est l’avenir, mais aujourd’hui, c’est encore très nouveau. Rappelons quand même qu’il n’y avait plus eu d’innovation aussi importante depuis la quille basculante, il y a maintenant près de 20 ans ! Logiquement, cela nécessite du temps pour la mise en place et la fiabilisation », a relevé le cadre technique, rappelant très justement que le départ du prochain Vendée Globe est programmé dans un an et que c’est donc le temps qu’il reste aux équipes pour gagner en efficacité.
Pas de place au hasard
Dans une course au large qui s’effectue dans un environnement turbulent, difficile à maitriser, chaque équipe construit un projet pour limiter au maximum la part du hasard. Dans cette recherche d’efficacité, il devient essentiel de mélanger au sein de l’équipage, les expériences et les cultures. « A Port-La-Forêt, une majorité de navigateurs partagent cette vision de la course au large », précise le Directeur du Pôle Finistère Course au Large. Vincent Riou, spécialiste du large a choisi Sébastien Col, un super performer, pour l’épauler. Yann Eliès, très intuitif, s’est associé à Charlie Dalin, hyper rationnel et spécialiste de la modélisation, tandis que François Gabart, skipper d’un bateau mis à l’eau en août, a fait appel à Pascal Bidégorry, un développeur et un metteur au point de bateau hors-pair. « Ces nombreux exemples démontrent que les marins ont une approche très aboutie de la complémentarité en double dans une course au large », explique Christian qui sait mieux que personne l’importance de bien choisir les moyens à la fois humains et matériels à mettre en place pour aboutir à un résultat proche de l’excellence. « Il n’y a pas de hasard », rappelle t-il, rendant ainsi hommage à toute son équipe et aux experts qui accompagnent les coureurs du Pôle dans leur préparation depuis de nombreuses années. Parmi ceux-ci, on peut citer Jean-Yves Bernot, navigateur-routeur, Jeanne Gregoire très impliquée dans l’entrainement des skippers du Pôle depuis 2015, Bernard Jaouen, préparateur physique, Laure Jacolot, médecin ou encore toute l’équipe d’Adrena dont des données sont extrêmement précises et précieuses.
Les 28 coureurs du Pôle Finistère de Course au Large engagés dans la 12e Transat Jacques Vabre :
Ultim : Francois Gabart, Roland Jourdain, Jean-Luc Nélias,
IMOCA : Romain Attanasio, Jérémie Beyou, Charles Caudrelier, Sébastien Col, Charlie Dalin, Samantha Davies, Fabien Delahaye, Michel Desjoyeaux, Jean-Pierre Dick, Yann Eliès, Sam Goodchild, Marc Guillemot, Sébastien Josse, Morgan Lagravière, Armel Le Cléac’h, Philippe Legros, Nicolas Lunven, Paul Meilhat, Eric Péron, Vincent Riou, Erwan Tabarly,
Class40 : Jack Bouttell, Corentin Horeau, Gildas Mahé, Nicolas Troussel,