Le troisième monocoque IMOCA a franchi la ligne d’arrivée brésilienne de la Transat Jacques Vabre à 23h 31’ 23’’ (heure française). Yann Eliès et Charlie Dalin ont donc mis 17 jours 10 heures 01 minute 23 secondes à la vitesse moyenne de 12,92 nœuds sur le parcours théorique de 5 400 milles (10 000 km) entre Le Havre et Itajaí. Mais Quéguiner-Leucémie Espoir a en réalité cumulé 6 056 milles sur l’eau à la vitesse moyenne de 14,49 nœuds, à 9h 38’ 59’’ du premier.

C’est un très beau parcours que Yann Eliès et Charlie Dalin ont bouclé à quelques heures seulement du vainqueur à Itajaí : le duo réalisait une superbe performance en suivant le rythme endiablé donné par les « foilers » après le coup de canon du départ au Havre. Et judicieusement, il glissait légèrement plus Sud que ses concurrents pour aborder la dépression irlandaise à l’Ouest. Premier à virer de bord dans une mer hachée et une forte brise, Quéguiner-Leucémie Espoir prenait la tête de la flotte IMOCA déjà clairsemée par les avaries.

Après la négociation d’un front froid et l’arrivée d’une deuxième perturbation, Quéguiner-Leucémie Espoir tenait toujours la corde mais voyait son presque sistership PRB, puis le « foiler » Banque Populaire VIII le déborder avant les Açores. L’équipage tentait de suivre le tempo soutenu mais perdait des milles au point d’en concéder une quinzaine à l’entrée du Pot au Noir. Les trois monocoques IMOCA bataillaient alors ferme pour sortir de ces calmes prolongés, essayaient une porte de sortie par l’Ouest pour finalement se retrouver quasiment au Nord de l’archipel de Fernando de Noronha : une trajectoire inhabituelle…

Il fallait donc serrer le vent de Sud-Est pour parer la corne brésilienne et les vingt milles de retard accumulés à la sortie du Pot au Noir pesaient lourd dans la balance : PRB s’échappait inexorablement tandis que Banque Populaire VIII faisait parler son foil dès qu’il était possible de larguer les écoutes. Yann Eliès et Charlie Dalin ne pouvaient rien faire pour endiguer la fuite qui culminait à 110 milles au large du Cabo Frio ! La traversée du golfe de Rio, un long rush dans un flux de Nord-Est qui s’essoufflait à quelques dizaines de milles de Itajaí, ne pouvait plus changer la donne, surtout lorsque Banque Populaire VIII se recadrait à l’Ouest pour contrer toute velléités d’attaque de Quéguiner-Leucémie Espoir.

L’écart au premier était ainsi inférieur à cent milles quand le vainqueur franchissait la ligne d’arrivée en milieu d’après-midi locale, mais le vent se dispersait sur un plan d’eau de plus en plus lisse : Yann Eliès et Charlie Dalin peinaient à en finir et concluaient juste après que la nuit tombe sur la ville brésilienne…

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