Pour le premier Multi50 (FenêtréA Prysmian) et les IMOCA 60’ de tête (PRB, Banque Populaire VIII et Queguiner-Leucémie Espoir), les derniers jours en mer se déroulent sous haute tension. Ces quatre bateaux vont devoir affronter une dépression orageuse au moment de passer le Cabo Frio et slalomer entre les plateformes pétrolières la nuit prochaine. Décidément, la 12e édition de la Transat Jacques Vabre se montre diabolique côté météo ! Toute la flotte commence d’ailleurs à accuser le coup, entre les petits pépins techniques et la fatigue accumulée… mais l’adrénaline de la compétition maintient les marins au combat.

Le scénario est improbable. L’adage « Tout peut arriver sur une transat longue comme un quart de tour du monde » est plus que jamais d’actualité. Tandis que Lalou Roucayrol et César Dohy sur Arkema se déroutent vers Salvador de Bahia pour réparer une voie d’eau dans la coque centrale, Erwan Le Roux et Giancarlo Pedote (FenêtréA Prysmian) doivent faire face à une avarie de grand-voile. « On a eu chacun notre lot de misères sur cette Transat Jacques Vabre avec ces quatre régimes de vent différents. Même sur les 500 derniers milles, on va prendre 25 nœuds avec des rafales à 35. C’est une course hyper longue et hyper technique » soulignait Erwan à la vacation ce matin. Le premier Multi50 ne peut donc lâcher les chevaux et poursuit sa route vers Itajaí en compagnie de PRB. Vincent Riou et Sébastien Col conservent leur avance de plus de 35 milles sur le deuxième Banque Populaire VIII et de près de 85 milles sur Queguiner-Leucémie Espoir. La délivrance, c’est pour mercredi à partir de 13h (heure française) !

Samba brésilienne

Entre Le Souffle du Nord (Ruyant/Hardy) et Initiatives-Cœur (de Lamotte/Davies) le rythme est fou et la tension à son comble. Moins de 3 milles séparent ces deux IMOCA ! Derrière, les vieux briscards de MACSF (de Broc/Guillemot) ont pris la poudre la d’escampette sur Comme un seul homme, Newrest/Matmut et Bureau Vallée. Pour ces trois bateaux, la descente le long des côtes brésiliennes est une course de vitesse durant laquelle l’objectif est de ne pas se laisser distancer. Il faut tenir avec l’espoir qu’il restera du jeu sur les 400 derniers milles après le Cabo Frio.

Le Conservateur mis en boîte

Ils sont fatigués les skippers du Class40 Le Conservateur ! Yannick Bestaven et Pierre Brasseur continuent d’errer dans un gigantesque Pot au Noir qui ne les lâche plus. « Ça n’arrête pas, on essaye de suivre le rythme que nous impose le vent. C’est fatiguant » avouait Yannick ce matin à la vacation. Carac-Advanced Energies et V and B viennent, eux, de faire leur entrée dans le Pot au Noir mais continuent d’avancer, réduisant encore l’écart avec le premier : 70 milles. Pour les huit autres Class40, les conditions de navigation sont bien meilleures. Les bateaux glissent sous spi, les poissons volants s’invitent dans les cockpits et les souffles des baleines animent le plan d’eau. Seules les sargasses viennent troubler le bonheur de naviguer dans les alizés.

Prochaines ETA

Tout en restant prudent sur les heures précises, les prochaines arrivées à Itajaí auront lieu mercredi 11 novembre.

  • Vers 13h (heure française) pour FenêtréA Prysmian (Erwan Le Roux/Giancarlo Pedote)
  • Vers 16-17h (heure française) pour PRB (Vincent Riou/Sébastien Col).

Ils ont dit en mer (vacation de 10h30)

Yannick Bestaven, skipper de Le Conservateur (Class40)

« C’est la même chose, comme depuis trois jours. Il n’y pas beaucoup de vent, quelques soubresauts de vent d’est. Nous espérons être sortis ce soir. On prend notre mal en patience. Notre avance a fondu comme neige au soleil. On est fatigués. Nous persévérons pour gagner du Sud pour sortir de là. Nous manœuvrons pas mal, au gré du vent, des rotations. Ça n’arrête pas, on essaye de suivre le rythme que nous impose le vent. C’est fatiguant. Mais, nous avons fait le plus dur. J’espère que ce soir, la vie sera plus facile à bord, la fin du calvaire c’est pour ce soir ou demain matin. Au niveau de la nourriture, nous n’avons presque plus de sucré, en revanche au niveau du salé on en a assez pour faire le tour du monde ! »

Thibaut Vauchel-Camus, Solidaires en Peloton ARSEP (Class40)

« Ça va, on rentre doucement, gentiment dans le Pot au Noir. Pour l’instant, ça va, on se bagarre un peu avec les algues. Notre motivation est intacte, ne rien lâcher. Nous sommes à bloc, c’est important. Heureusement qu’il y a eu ce raccrochage de wagon, c’était important pour garder la motivation. La course risque d’être longue, mais l’ambiance à bord est excellente, nous sommes inépuisables en débit de blagues. Concernant notre trajectoire Est, c’est un choix stratégique. L’idée était de ne pas se recaler derrière Teamwork40, c’était un peu notre dernière carte à jouer. Notre jeu est de tenter un coup en faisant au plus court jusqu’au Pot au Noir. »

Erwan Leroux, skipper de FenêtréA Prysmian (Multi50)

« A bord de FenêtréA Prysmian, c’est gennaker et 1 ris dans la grand-voile, on est tribord amure et on avance le long des côtes brésiliennes. Nous avons un gros problème sur la grand-voile. Elle s’ouvre entre les lattes 2 et 3, elle s’ouvre vers la chute. On a fait une première réparation, on est obligé de naviguer avec un ris et dans pas longtemps on va prendre un 2ème ris. Pour Arkema, c’est vraiment dommage, j’espère qu’ils vont réussir à réparer et amener le bateau à Itajaí. L’important, c’est que Lalou puisse sauver le bateau. C’est sûr qu’avec la première semaine de course, on a eu chacun notre lot de misères sur cette Transat Jacques Vabre avec ces quatre régimes de vent différents. Même sur les 500 derniers milles, on va prendre 25 nœuds avec des rafales à 35. C’est une course hyper longue et hyper technique. »

Charlie Dalin, co-skipper de Queguiner-Leucémie Espoir (IMOCA 60)

« Le soleil vient de se lever, l’humidité refait son apparition, la fin de nuit a été fraîche. On vient d’avoir une rafale à 21 nœuds, il y a encore du vent, on fait de la descente, on fait des angles qui sont moins rapides. Le Cabo Frio, ça fait l’effet d’un cap Finisterre, le vent va accélérer fort, plus fort que sur le modèle et contrairement au cap Finisterre, il y a des plateformes pétrolières à l’endroit de l’accélération. C’est une des dernières difficultés à déjouer. Il y a de l’activité, ça ne va pas être simple, il va falloir être prudent et trouver la bonne route. La nuit prochaine, on passe les plateformes. Notre arrivée à Itajaí ? Mercredi en fin de journée vers 20h heure française je pense… »

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