Le ventilateur atlantique
Les Ministes continuent d’affoler les compteurs. Qui aurait dit qu’un solitaire pourrait tenir plus d’une semaine à plus de 11 nœuds de moyenne (vitesse sur l’eau) ? Et c’est pourtant ce que sont en train de réaliser les hommes de tête de la Mini Transat îles de Guadeloupe. Si la flotte maintient ce rythme, les premiers solitaires pourraient aborder Pointe-à-Pitre dans la journée du 12 novembre. Encore faut-il que l’alizé se maintienne jusqu’au bout.
A qui se fier ? A en croire les modèles européens, l’alizé devrait se maintenir sur l’Atlantique et les routages donneraient une arrivée en Guadeloupe dans la journée du 12 novembre. Les modèles américains prêchent quant à eux pour un essoufflement et pencheraient plutôt pour une arrivée dans la journée du 13. Mais quoi qu’il en soit, la Mini Transat îles de Guadeloupe 2015 restera dans les annales et devrait battre tous les records. Elle risque même de servir de point de référence pour les prochaines éditions.
Navigations de conserve
Au XVIe siècle, à l’époque des grands convois marchands, les escadres naviguaient groupées pour se protéger des raids et des incursions des navires ennemis, corsaires ou flibustiers. Faire route de conserve permettait de garantir (en théorie, du moins) le bon acheminement des hommes et des marchandises d’un bord à l’autre de l’océan. Aujourd’hui, les Ministes n’ont plus guère à se protéger que d’eux-mêmes et d’une propension certaine à oublier la pédale de frein. La navigation de conserve, tout au moins en tête de flotte, ne conserve de sens qu’en cas de pépin à bord de tel ou tel voilier. Savoir la présence d’un concurrent à proximité immédiate provoque deux sensations contradictoires ; d’une part, c’est rassurant en cas de galère, de l’autre ça redonne du piment à la course et pousse à se dépasser. Mais dans un cas comme dans l’autre, le résultat final est le même : on pousse un peu plus encore les feux de sa machine.
Derrière les furieux du groupe de tête, on trouve aussi la cohorte de ceux qui veulent traverser avant toute chose, qui ne veulent pas planer plus haut que leur tableau arrière. Ceux-là se sont reconnus à l’escale à Lanzarote. Pour eux, le pointage de chaque jour permet de vérifier qu’ils sont dans le rythme qu’ils s’étaient fixés. Vincent Madern (Un Express pour Pointe-à-Pitre) et Henri Lemenicier (LPO Agir pour la Biodiversité) se chambraient gentiment sur le port d’Arrecife, à savoir lequel des deux arriverait devant l’autre. Résultat, deux milles les séparent en distance au but sur des routes très proches l’une de l’autre. Il n’est d’ailleurs pas impossible, qu’ils puissent converser par VHF.
En embuscade
Si la bagarre en tête de flotte mobilise l’attention, il ne faudrait pas oublier ceux qui font une course plus anonyme, loin des sirènes de l’actualité et des feux de la rampe. En toute discrétion, ils s’accrochent et restent au contact des prétendants au podium. C’est ainsi le cas de Rodolphe Victorri (Saint-Pierre et Miquelon), d’Edwin Thibon (Cœur Fidèle) ou des deux Suisses Patrick Girod (Nescens) ou Simon Bruniholz (www.defiatlantique.ch – Minilab). Tous peuvent prétendre à une place dans le top 10, voire à bien mieux à l’instar d’Edouard Golbery (Les Enfants du Canal) qui, non content d’avoir tracé une trajectoire limpide, continue de défier des machines bien plus récentes à bord de son Pogo 2.
C’est aussi le cas en proto, où des navigateurs comme Michele Zambelli (Illumia) ou Nicolas d’Estais (Librairie Cheminant), malgré des machines moins affutées que celles du quinté de tête, tiennent très honorablement leur rang et peuvent encore venir troubler le jeu à l’arrivée.
Le piège cap-verdien
Deux nouveaux navigateurs ont fait escale à Mindelo, aux îles du Cap-Vert. Dominik Lenk (dominiklenk.com) et François Jambou (Concevoir et Construire) n’avaient pas l’intention de s’éterniser pour effectuer leurs réparations. En revanche, c’est terminé pour Alberto Bona (onlinesim.it), Pierre-Marie Bazin (Voiles des Anges) et Benoît Hantzperg (YCA Dhumeaux Secours Populaire). Ce dernier n’a pas réussi à trouver les pièces nécessaires pour réparer sur place. La difficulté à mener à bien la réparation de son bateau dans les temps impartis, la rupture de rythme obligée, la tension nerveuse qui se relâche, la fatigue qui pointe son nez et la perspective de voir les copains prendre la poudre d’escampette ont finalement eu raison de leur envie de vivre l’aventure jusqu’au bout. S’arrêter dans un port pour réparer n’est pas le plus difficile. En repartir est parfois une autre paire de manches.
Classement du 7 novembre à 15h (TU+1)
Prototypes (Classement Eurovia Cegelec)
- Frédéric Denis – 800 – Nautipark à 1276,4 milles de l’arrivée
- Axel Tréhin – 716 – Aleph Racing à 28,3 milles
- Clément Bouyssou – 802 – Le Bon Agent – Bougeons l’Immobilier à 29,7 milles
- Ludovic Méchin – 667 – Microvitae à 37,6 milles
- Luke Berry – 753 – Association Rêves à 66,5 milles
Séries (Classement Ocean Bio-Actif)
- Ian Lipinski – 866 – Entreprises Innovantes à 1451,2 milles de l’arrivée
- Julien Pulvé – 880 – Novintiss à 6,3 milles
- Edouard Golbery – 514 – Les Enfants du Canal à 56,3 milles
- Tanguy Le Turquais – 835 – Terréal à 67,9 milles
- Edwin Thibon – 721 – Cœur Fidèle à 75,9 milles