Les 400 derniers milles
Toute dernière ligne droite pour MACIF et Sodebo Ultim’ ! François Gabart et Pascal Bidégorry sont attendus demain dans la matinée sur la ligne d’arrivée, Thomas Coville et Jean-Luc Nélias entre 6 et 8 heures après (précisions des horaires à suivre sur le site internet). A la longitude de Rio, MACIF file pour le moment à 27 nœuds, mais François expliquait à la vacation la difficulté des 50 derniers milles perturbés par une météo orageuse. L’effervescence monte à Itajaí…
Changement de décor. Comme prévu, le cabo Frio dans l’est de Rio de Janeiro marque une transition radicale. « Le climat a changé, il fait plutôt froid alors qu’hier, c’était grand soleil et 40° ! » confiait tout à l’heure le skipper de MACIF. A Itajaí, le ciel est gris, le vent varie beaucoup en force et en direction et des grains font parfois leur apparition. Les tout derniers milles pourraient donc être particulièrement compliqués à gérer pour les deux Ultimes, séparés de 180 milles. Pour l’heure MACIF attaque dans du sud-est soutenu pour 16-18 nœuds, tandis que Sodebo Ultim’ un peu moins rapide subit encore le front froid du cabo Frio générant du vent moins fort.
Rendez-vous à Fernando de Noronha…
Quatre bateaux traversent l’archipel brésilien situé à 170 milles de Natal, PRB et Queguiner-Leucémie Espoir entre l’atoll de Das Rodas et l’île de Fernando de Noronha. Dans le même timing, FenêtréA Prysmian est en passe de doubler ses petits camarades en monocoques… Le tandem Le Roux/Pedote cavale à 17 nœuds dans une ambiance humide, tandis que les IMOCA 60 affichent 3 à 4 nœuds de moins au compteur. Logique… PRB joue son va tout sur cette dernière longue ligne droite bâbord amure, s’attendant à tout moment à un coup d’accélérateur de la part de Banque Populaire VIII.
Bataille d’enragés
La 12e Transat Jacques Vabre, même si elle est loin d’être finie, marquera les esprits par cette météo agitée et parfois pleines de surprises qui a généré des arrêts, des éparpillements de la flotte, des rapprochements donc des matches magnifiques. Le Souffle du Nord et Initiatives-Cœur bataillent depuis plusieurs jours et un quatuor (MACSF, Bureau Vallée, Newrest/Matmut et Comme un seul Homme) n’en finit pas de naviguer groupé. Ce matin, les binômes Amedeo/Peron et Bellion/Goodchild n’étaient séparés que de 0,4 mille et ont papoté à la VHF ! En Class40, V and B et Carac-Advanced Energies conservent leur 3 milles d’écart, et bataillent chaque minute, alors qu’ils ne sont pas encore entrés dans le Pot au Noir.
Les marins, ces héros
Il se passe des choses en mer qu’il faut souligner, tant elles rendent la course encore plus belle. Cette course en double permet aux marins d’aller encore plus loin dans la gestion du bateau, qu’une course en solitaire. Combien de skippers sont montés en haut du mât réparer leurs aériens ? Combien sont-ils à avoir recousu leurs voiles, bricolé, tenté de maintenir leur bateau à 100% de leur potentiel ? Un des plus beaux exemples demeure celui de Bureau Vallée. Louis Burton et Romain Attanasio se serrent les coudes depuis que leur boîtier électronique a pris feu. Romain a tenu la barre 6 heures durant pendant que Louis s’attelait à la soudure des fils électriques. Dépourvus de pilote, chacun se relaie encore à la barre, dans le seul but de rester en course. Tanguy de Lamotte et Sam Davies ont eux aussi réussi le coup de force de réparer avec de la résine leur safran et le tableau arrière qui commençaient à se délaminer… Des histoires d’hommes et de mer qui donnent cette saveur particulière à la transatlantique en course la plus longue qui n’ai jamais existé !
Ils ont dit en mer
Pierre Brasseur, co-skipper de Le Conservateur (Class40)
« Ca mollit gentiment, je pense qu’on sera dans le Pot demain. A priori, c’est à prendre avec des pincettes, il ne devrait pas être trop épais.
On commence à être un peu fatigué. Cela devient plus dur de se lever de son quart. On va essayer de profiter des conditions pour se reposer un peu. C’est dommage pour Solidaires en Peloton ARSEP, il y avait un beau match, ça fait des paquets de bateaux éparpillés sur l’Atlantique. Ca fait partie du jeu. La casse, on l’a toujours dans notre tête, après on part avec. Il faut essayer de ne pas trop y penser. On peut arriver dans 10-13 jours, mais ça n’a pas de valeur, on attend de sortir du Pot au Noir, mais ce qui est sûr c’est qu’on ne battra pas le record de l’édition précédente. »
Erwan Le Roux, skipper de FenêtréA Prysmian (Multi50)
« Je suis en pleine séance de matossage, donc je déplace le matériel de l’avant vers l’arrière. Tout le matériel de sécurité, toute l’eau qu’il nous reste, le matériel de rechange, la TPS, la pharmacie, etc., une dizaine de sacs que je déplace de 7 mètres environ et que j’entasse à l’arrière. On fait ça parce que l’alizé commence à adonner et on ouvre un peu les voiles et dans les allures travers au vent, le bateau aime bien être assis sur l’arrière de la coque centrale, c’est pour cela qu’on met tout le matériel derrière. Le vent va adonner, donc il va falloir bien régler le bateau, on sera au reaching, donc il va falloir bien conduire le bateau pour ne pas le mettre en danger et rester à l’endroit. »
Vincent Riou, skipper de PRB (IMOCA 60)
« Dans une heure, on sera au vent de l’île la plus ouest de Fernando de Noronha, je pense qu’on verra les deux îles. Les conditions qu’on a en ce moment : on fait du près débridé, avec 18 nœuds de vent et un petit clapot, qui est moins de face que cette nuit mais qui tape un peu. Ce ne sont pas des conditions de vacances idéales, ça cogne. Mais ça fait du bien de voir les milles défiler au compteur. Nous sommes contents d’être devant, mais la route est encore longue. Banque Populaire VIII aurait été un IMOCA 60 normal, on serait tranquille et on gèrerait notre avance, mais quand il va accélérer on ne sait pas trop ce que cela va donner, c’est un peu la surprise à venir. »
Eric Peron, co-skipper de Newrest/Matmut (IMOCA 60)
« On est à 0,3 mille l’un de l’autre avec Comme un seul homme. On a eu un petit échange à la VHF, c’est cool de voir du monde. On a d’abord blagué. Car c’est un bateau qui n’a pas de roof de protection dans le cockpit et donc on leur a demandé s’ils n’étaient pas trop mouillés, et après on a parlé des dépressions qu’on a eues. On est sorti du Pot au Noir, c’est plutôt sympa. On file à vive allure vers le Brésil. On est content de ce Pot au Noir au final, pas trop douloureux, ça s’est plutôt bien passé. On est passé en douceur, on n’a pas eu de grosse période sans vent, de clap clap dans les voiles, ça n’allait pas très vite mais c’est passé tranquillement, des grains à négocier, des manœuvres à faire. C’est sympa d’avoir des copains autour car ça réanime le match. »
François Gabart, skipper de MACIF (Ultime)
« On a passé le front froid permanent du cabo Frio, et maintenant le climat a changé, il fait plutôt froid alors qu’hier, c’était grand soleil et 40°. Nous sommes contents, car maintenant, c’est tout droit jusqu’à l’arrivée. Il n’y aura pas de grands changements météo, juste des grains à gérer. On est à 27 nœuds et on a du vent fort à venir dans l’après-midi et le début de soirée, ça va aller vite. Nous allons arriver entre 22h et 24h TU (soit 23h et 1h heure française) à une quarantaine de milles de l’arrivée. Le vent mollit à l’approche de la côte. Après, les derniers milles vont être compliqués. On va donc arriver fin de nuit prochaine. »