Il y a des nuits comme ça où sur l’échiquier de l’Atlantique, il y a des déçus. Sodebo Ultim’ affiche plus de 110 milles de retard sur MACIF. Un retard qui ne cesse de croître depuis la sortie du Pot au Noir. Banque Populaire VIII, le nouvel IMOCA 60’ à foils se bat contre un PRB tellement accrocheur, qu’il ne parvient pas à garder le leadership. En Multi50, Ciela Village ne cache pas sa frustration après son escale forcée au cap Vert de revenir en queue de peloton… Que dire des Class40, où les objectifs de finir en tête sont mis de côtés face à Le Conservateur tellement loin de devant. Demain sera un autre jour sur la Transat Jacques Vabre.

Les vacations en milieu de la nuit sont parfois synonymes de confidences. Dans la nuit noire, les skippers sont seuls sur le pont à faire leur quart. L’heure est aux réglages… et à la méditation. Jean-Luc Nélias à bord de Sodebo Ultim’ n’est pas du genre à cacher ses émotions : « Il y a beaucoup de frustration quand on regarde les classements, mais c’est quand même une superbe aventure, la bataille qu’on livre avec MACIF est super sympa, notre métier est finalement super chouette. » Ce marin ultra-expérimenté sait de quoi il parle. Il reste 1 600 milles à courir devant les étraves, les dépressions de l’Atlantique Sud sont parfois piégeuses, et l’envie d’y croire et d’arriver en tête à Itajaí est plus forte. Alors, on ne se laisse pas abattre et on croche dedans !

Un trio devant, une énorme envie derrière

Le match en IMOCA est à savourer jusqu’à plus soif. Il y a ce trio qui maintient un suspense incroyable : PRB, Banque Populaire VIII et Queguiner-Leucémie Espoir. Et puis, il y a aussi les petits gars du Souffle du Nord (Thomas Ruyant/Adrien Hardy) qui, l’air de rien, vivent une transat comme ils en ont rêvée. Ils se battent avec Initiatives Cœur (Tanguy De Lamotte/Sam Davies) et c’est tout ce qui compte. Un trio s’est formé également entre MACSF (Bertrand de Broc/Marc Guillemot), Bureau Vallée (Louis Burton/Romain Attanasio) et Newrest/Matmut (Fabrice Amédéo/Eric Péron) qui compte sur le Pot au Noir pour relancer les dés comme au Casino… Chez les Multi 50, FenêtréA Prysmian n’ose croire en une trop rapide délivrance après le Pot au Noir. 144 milles le séparent d’Arkema ; c’est à la fois beaucoup et rien quand on sait qu’une avarie peut vite arriver sur une course à la voile.

Envie de bien faire

En Class40, la vie est ainsi faite, et c’est ce qu’avouait Thibault Vauchel-Camus à la vacation tôt ce matin. Ses espoirs de gagner la Transat Jacques Vabre s’amenuisent à force de voir l’écart s’agrandir avec Le Conservateur. Quand bien même, le plaisir d’être en mer et de faire avancer la machine à 100% de son potentiel demeure le plus important. Le match pour la deuxième place est ouvert entre eux, Carac/Advanced Energie et V And B. Hauts les cœurs !

Ils ont dit à la vacation de 2h30 :

Jean-Luc Nélias, co-skipper de Sodebo Ultim’ (Ultime)

« C’est un peu ambiance shaker. On marche à 24-25 nœuds assez près du vent. On fait des sauts de vagues. Il reste encore un peu de tout droit jusqu’à Salvador de Bahia avec du portant et des empannages, un front froid au Cabo Frio. Est-ce qu’on passe à la côte ou au large ? Il y aura des options, des opportunités d’attaque, il ne faut rien lâcher. Il reste pas mal de milles, un peu moins de 2000. Sur une course de 600 milles, il peut se passer des choses. On reste combatifs, même s’il reste 2 bateaux à courir dans la classe, il faut être le premier. Le Pot au Noir était très énervant, nous n’avons pas eu une goutte de pluie ni de vent, nous avons mis 36 heures à nous en extirper. Il y a une part de réussite à la sortie du Cap Vert pour l’entrée dans le Pot au Noir. «

Oliver Krauss, co-skipper de CIELA Village (Multi50)

« Ce fut un pit-stop plutôt un peu long, un peu dur, on a finalement très peu dormi. Au début de la course, on ne s’attendait pas à être aussi bien, à aller aussi vite avec le bateau. Le côté positif est ce qui s’est passé jusqu’à maintenant : on est toujours là et avec le bateau. Comment on navigue, c’est une bonne question ? On fait plus attention quand le vent est un peu plus fort, mais avec de la retenue. On navigue comme si on naviguait avec les copains. »

Fabrice Amedeo, skipper Newrest / Matmut (IMOCA 60’)

« Je suis dans le cockpit. Eric fait dodo. On sera dans le Pot au Noir cette nuit, nous sommes sous gennaker, il fait gris et tout va bien. L’ambiance est bonne, nous nous sommes concentrés sur les réglages ces dernières heures, on regarde le Pot au Noir depuis quelques jours, c’est intéressant, car nous sommes un petit groupe assez serré de bateaux et il va falloir voir comment cela va se passer à la sortie du Pot. Concernant notre souci de dérive, Je pense qu’on a sur un virement de bord descendu la dérive, le bout de remontée s’est pris dans le puits de dérive. Ce n’est pas réparé définitivement, mais suffisamment pour faire une fin de course correcte. Eric est un peu leader sur la partie navigation, on est là où on voulait arriver. On est assez contents de notre position, pour le classement on préfèrerait être devant MACSF, mais avec le Pot au Noir et 1800 milles de course, on peut encore jouer. »

Thibault Vauchel-Camus, co-skipper de Solidaires en Peloton – ARSEP (Class40)

« Il y a un beau match pour la 2e place, Le Conservateur a fait un break très conséquent, il a réussi à s’échapper et donc gagné des milles. L’élastique est tendu. On est maintenant 3 bateaux à se battre, Carac – Advanced Energies qui a fait un retour au moment de la dorsale, chapeau. On se jauge en permanence et on espère ne pas recevoir plus cher que ce qu’on a pris.

On regarde les positions qu’on reçoit toutes les heures, on regarde la trajectoire pour voir s’il n’y a pas de décalage latéral. On a une frustration de voir partir le premier, car nous avions l’ambition de jouer la gagne. Itajaí c’est encore loin.»

Source

Articles connexes