Du dernier Class40, Club 103, reparti de Lorient hier matin, au premier Ultime, MACIF, en approche du Pot au Noir, la flotte de la 12e édition de la Transat Jacques Vabre (30 bateaux après 12 abandons) s’étale sur 2 000 milles. Aujourd’hui, tous les équipages naviguent dans de bonnes conditions sous spi, la majorité profitant des alizés. L’heure est au ménage, au bricolage et à la mise en place de la stratégie pour aborder au mieux le Pot au Noir.

Dernière minute

Alex Thomson et Guillermo Altadill, skippers de l’IMOCA 60 Hugo Boss ont déclenché leur balise de détresse cet après-midi à 14h25 (heure française). Les garde-côtes espagnols ont été immédiatement informés et ont envoyé un hélicoptère de sauvetage à 82 milles au large des côtes espagnoles, là où se trouvait l’équipage. Les deux skippers ont été hélitreuillés et sont maintenant en route vers la terre ferme.
Hugo Boss rencontrait des problèmes de structure depuis le début de la semaine obligeant l’équipage à se dérouter. Les skippers avaient entamé une réparation tout en se dirigeant vers La Corogne où leur équipe technique les attendait. Après 36 heures de navigation dans des vents forts et une mer formée, la structure du bateau s’est détériorée et la coque commençait à prendre l’eau et à couler. Les skippers vont bien. L’équipe de Hugo Boss à terre remercie chaleureusement les moyens mis en place par les garde-côtes espagnols pour récupérer Alex et Guillermo.

Les deux Ultimes filent à 30 nœuds sur des trajectoires quasi parallèles, séparés de 30 milles en latéral mais de 4 petits milles au classement par rapport à la route directe. MACIF mène toujours la danse en approche du Pot au Noir, mais plus les heures vont passer, plus les deux trimarans géants vont ralentir. Jean-Luc Nélias (Sodebo Ultim’) semblait encore se creuser la tête à la vacation du jour : « Nous cherchons la meilleure entrée dans le Pot, celle où on se fera le moins engluer possible. » Cette Zone de Convergence Intertropicale demeure le casse-tête des marins. L’endroit où les milles sont vite perdus, pour peu que le petit camarade de jeu s’envole sous un nuage. L’affaire s’annonce donc compliquée…

Tout droit vers le Pot

Les IMOCA allongent la foulée. Si Banque Populaire VIII continue d’afficher un petit plus en vitesse, les deux lascars derrière, PRB et Queguiner – Leucémie Espoir, cravachent comme des fous. Yann Eliès et Charlie Dalin ont avalé 411 milles en 24 heures ! Pour le trio de tête, le Pot au Noir pourrait bien sonner comme un nouveau départ… Initiatives-Cœur a annoncé ce matin un problème de safran et de fissure dans le tableau arrière : Tanguy de Lamotte et Sam Davies travaillent dur pour réparer en mer, mais ont, du coup, concédé des milles au Souffle du Nord. Lors de la vacation du milieu de matinée, Eric Bellion (Comme un seul homme) expliquait la casse d’un de ses bas-haubans et la réparation des aériens après être monté en haut du mât… Ils n’ont peur de rien les marins ! Cet après-midi, Newrest/Matmut et MASCF naviguaient bord à bord, le tandem Amédéo/Péron ayant rencontré des problèmes de pilote automatique, Bertrand de Broc et Marc Guillemot sont revenus à toucher leur tableau arrière…

FenêtréA Prysmian, nouveau leader en Multi50, Le Conservateur, patron des Class40

Erwan Le Roux et Giancarlo Pedote ont repris du poil de la bête après 5 jours la tête dans le seau. Ils rattrapent les IMOCA à vive allure en cavalant à plus de 22 nœuds. Ca décoiffe ! Que dire du binôme ultra régulier Yannick Bestaven et Pierre Brasseur qui ne lâche rien, désormais à plus de 55 milles de V and B dépourvu d’aérien. Maxime Sorel et Sam Manuard naviguent sans informations « vent », une avarie qui les empêche de donner tout leur potentiel. Dès lundi, les premiers monocoques feront leur entrée dans le Pot au Noir… D’ici là, ce week-end, même en mode compétition, sera l’occasion de recharger les batteries avant de rentrer dans les orages et le vent capricieux.

Ils ont dit

Maxime Sorel, skipper de V and B (Class40)

« Nous sommes passés sous spi cette nuit, ça fait du bien ! Nous avons environ 25 nœuds, nous n’avons plus d’aérien, donc plus d’infos. Nous descendons plein Sud à 190° direction le Cap-Vert. On a de l’eau partout avec les conditions, et nous profitons des rayons de soleil pour mettre des choses à sécher et éponger toute l’eau. Pour l’instant nous sommes en gros cirés, car il y a encore de la grosse houle, il y a juste le vent qui a molli et qui a changé de direction. J’ai hâte de prendre une douche et de me changer pour me mettre un peu plus confortable. »

César Dohy, co-skipper d’Arkema (Multi50)

« C’est mollissant, on est portant, on va envoyer un ris, on est sous gennaker depuis une quinzaine d’heures. On se demandait pourquoi il n’y avait pas plus de soleil, ça caille ici ! Il y a un empannage à faire dans la journée, on travaille là-dessus avec le routeur. Les concurrents ont évité une petite bulle anticyclonique avant hier, nous on a trouvé la porte de sortie vers le Sud voilà l’explication du décalage, on a perdu du temps dans cette zone de vent mais on revient doucement vers le groupe de tête. On se concentre sur la conduite du bateau. »

Tanguy de Lamotte, skipper Initiatives-Cœur (IMOCA)

« On est un peu ralenti mais sur le bon bord. Notre avarie a commencé avant hier. On a voulu descendre le safran, on a pris une vague et ça l’a abimé, c’était avant l’empannage. Hier soir, nous avons choisi notre moment pour descendre le safran afin qu’il bouge le moins possible. Il n’était pas complétement descendu, il a pris une vague sur le côté et ça abimé la partie haute du maintien. On a renvoyé le grand gennaker, on a bien avancé dans la nuit. Ce matin j’étais à la barre, il y a eu une trop grosse sollicitation du safran, ça arraché une sorte de tablette horizontale. Nous sommes en train de faire deux systèmes de collage, pour stabiliser tout ça et savoir si nous pouvons continuer. Nous faisons de la résine et du ponçage. On s’affaire pour continuer la route et que ça tienne jusqu’au Cap Vert. »

Eric Bellion, skipper de Comme un seul homme (Imoca)

« Nous avons quelques bricoles à faire, ce sont les stigmates de la première semaine de course. Le vent s’est calmé maintenant. On a voulu renvoyer le spi, on était tout contents mais on a découvert sous le vent le bas-hauban qui s’était fait la malle. Le latching a été arraché dans les vagues. Puis on a renvoyé le spi, heureusement que nous n’avons pas empanné car on perdait le mât. Nous nous sommes aussi rendu compte que l’on perdait l’aérien, il a fallu monter en haut du mât pour sécuriser l’aérien. Une vis était tombée, on a compris pourquoi. Tout est remis dans l’ordre. Pour réparer, on a refait un latching au bas-hauban, qu’on a bien tendu, je pense qu’on a fait ce qu’il fallait, ça devrait tenir. On est dans les alizés, on fait du Sud sous spi. »

Jean-Luc Nélias, co-skipper de Sodebo Ultim’ (Ultime)

« Les alizés sont accueillants, mais faiblards, nous avons juste la vitesse qu’il faut pour nos bateaux, entre 18 et 20 nœuds de vent. Les bateaux sont fantastiques. On vise le Pot au Noir, l’endroit où on va se faire le moins engluer possible. Ca varie un peu tout les jours. Il faut avoir une trajectoire qui permettra de varier de point de pénétration dans le Pot au Noir. Concernant Macif, c’est son temps. Hier, il a bénéficié d’un coup de pouce de monsieur Eole qui lui a proposé du vent moins refusant que nous. On est au coude à coude depuis 4h30 ce matin, même cap, même vitesse. »

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