Dernier tire-fesse avant la descente
Alors que Sodebo Ultim’ et MACIF rasent au portant les côtes marocaines à toucher le spot de kite-surf de Dakhla, pour les IMOCA et les Class40, ce n’est pas la même histoire. Depuis hier, les monocoques n’ont qu’un seul objectif : foncer, avancer le plus vite possible pour ne pas se faire prendre par cette fichue grosse dépression qui se rapproche à vitesse grand V de l’archipel des Açores. Si les quatre premiers (PRB, Queguiner-Leucémie Espoir, Banque Populaire VIII et SMA) sont déjà à l’est de Sao Miguel et vont donc être épargnés, le reste de la flotte va prendre cher dès le début de soirée. Tous rêvent de demain, de vents portants… et d’enlever leur combinaisons sèches.
Dernière minute :
Suite à la déchirure de sa grand-voile la nuit dernière, Arnaud Boissières et Stan Maslard n’ont pas de trouvé de solution de remplacement pour leur grand-voile déchirée. La mort dans l’âme, les deux skippers de Le Bateau des Métiers by Aerocampus ont annoncé leur abandon à 16h30 à la Direction de Course de la Transat Jacques Vabre.
O Canada (IMOCA) rencontre des problèmes de chariot de grand-voile. Eric Holden et Morgen Watson tentent de solutionner ces soucis techniques. Plus de nouvelles à venir…
Ce début de course n’aura finalement laissé aucun répit aux tandems partis dimanche dernier du Havre. Des 42 équipages au départ, il en reste 34. En ce cinquième jour de course, il faut donc compter 7 abandons, soit 2 Class40, 1 Multi50, 4 IMOCA 60’ et 1 Ultime (dans l’ordre : Maître Coq, Edmond de Rothschild, Prince de Bretagne, Team Concise, La French Tech Rennes Saint-Malo, Safran, Bretagne-Crédit Mutuel, Le Bateau des Métiers by Aerocampus).
Le planté de bâton
Réussir à placer un empannage en bon endroit, glisser là où le vent est frais, c’est ce que font en ce moment les deux trimarans géants qui se livrent un magnifique duel entre le Maroc et la Mauritanie… à 25 nœuds de vitesse. En tête, Sodebo Ultim’ (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias) s’est décalé dans l’après-midi un peu plus au large cap sur le Cap Vert pour toucher plus de pression de nord-sst. Mais MACIF (François Gabart/Pascal Bidégorry) est en chasse et avance comme un avion depuis quelques heures. Pour les Multi50, la météo n’a rien à voir, mais le jeu est le même. En bordure d’une dorsale qui sépare deux systèmes, FenêtréA Prysmian (Erwan Le Roux/Giancarlo Pedote) a réussi à se décaler pour attraper le vent plus porteur (ouest), tandis que ses camarades de jeu, Arkema et Celia Village tirent encore des bords… Ca y’est la régate peut commencer ! Mais, attention cette nuit, le vent va forcir et venir du sud-ouest pour les trois équipages. Dès demain le programme va changer : glisse et séchage des bonshommes et des bateaux !
Tout schuss devant, casque obligatoire derrière
Vincent Riou (PRB) l’avait annoncé hier : « Je suis content d’être devant, je n’aimerais pas être derrière, car le vent va être fort. » Le leader de la flotte ne croit pas si bien dire. Derrière le quarté de tête (PRB, Queguiner-Leucémie Espoir, Banque Populaire VIII et SMA), les IMOCA et la totalité des Class40 vont se retrouver dans du vent de sud-ouest fort (rafales à 40 nœuds) durant quelques heures. Encore des bords à tirer avant de choquer les écoutes et enfin sortir les grandes voiles d’avant… Mais, le moment est crucial pour les compétiteurs qui doivent régater tout en composant avec la météo. Preuve que les marins régatent à couteaux tirés : en Class40, plusieurs duels se sont formés comme Le Conservateur/V and B, TeamWork40/Carac – Advanced Energies, Zetra/SNBSM Espoir Compétition et Groupe Setin/Concise 2. Décidément, cette 12 édition de la Transat Jacques Vabre ne manque pas de sel…
Ils ont dit :
Thibaut Hector, skipper Creno – Moustache Solidaire (CLASS40)
« Le début de course était assez chaud, c’est la première matinée où nous pouvons souffler un peu. Je me suis même lavé les dents ! Ca va être de courte durée, on réattaque dans 4h avec du vent et du près encore à aller chercher du vent qui va nous aider à descendre vers les Canaries, on annonce 25 nœuds, le bateau va aller vite. Nous sommes toujours mouillés depuis le début de la course, et nous n’avons toujours pas réussi à nous changer, le bateau a souffert. On a cassé quelques bricoles, réparé rapidement, réduit la voilure pour assurer le bateau et négocier ça sans problème. Nous arrivons à bien nous reposer, le bateau marche comme il peut, ça nous laisse le temps de faire de bons roulements pour se reposer, tout va bien. Morgan s’occupe beaucoup de la navigation et du bateau et moi beaucoup de la vie à bord, je fais à manger ! »
Oliver Krauss, co-skipper Ciela Village (MultiI50)
« On est encore au près, c’est un peu long, mais c’est bientôt fini, on va bientôt ouvrir les voiles, on va accélérer. On a beaucoup de vent, 27-28 nœuds avec du vent de sud-ouest. Nous allons passer un front d’ici 1 heure ou 2 et après on fait du plein Sud. Il est temps que cela arrive, ça va nous faire du bien parce que là c’est difficile. Au-dessous de 22 nœuds on arrive à dormir, mais au-dessus c’est plus compliqué. On fait avec, mais impossible de prendre une soupe ni de boire un café ! Je ne pensais pas que ca allait durer jusqu’à jeudi d’être au près. Nous sommes contents d’être en tête. Notre routeur Xavier Macaire se débrouille super bien, il nous appelle, ça aide pas mal quand tu n’as pas le temps de regarder ton ordi, ta météo, c’est bien d’avoir quelqu’un à terre pour t’aider. »
Michel Desjoyeaux, co-skipper SMA (IMOCA)
« Pour le moment nous avançons bien, le vent est très variable, il passe de 30 à 14 nœuds et là par exemple il remonte à 20 nœuds. Ce sont des conditions bien plus sympas qu’hier ou ça secouait vraiment fort. Nous avons bien tanké cette nuit, c’était moins rapide et incertain. Ce matin, ça avance bien, on devrait rester en avant du vent fort qui va monter petit à petit. Si on arrive à bien carburer, ça devrait passer. Nous ne sommes qu’à une trentaine de milles des bateaux de tête. L’horizon s’éclaircit. La route se dégage et est assez claire devant. Nous avons beaucoup de sensations, travaillons sur les réglages et la vitesse. Nous anticipons à chaque fois que nous le pouvons mais tout va bien. Il a l’air content le garçon, il mange, il dort, il règle, il va bien ! »
Armel Le Cléac’h, skipper de Banque Populaire VIII (IMOCA)
« Les conditions de course étaient difficiles au début. Maintenant, ça va un peu mieux. Nous allons vivre une période de transition, avec d’autres conditions de vent, de mer, de manœuvres. Nous commençons à prendre un rythme classique d’une régate. On surveille le nouveau Banque Populaire de près, le début était assez tonique, les conditions de mer étant compliquées. On est à l’écoute du bateau, quand ça va trop vite, on lève le pied. On attend de pouvoir enlever les cirés, les bottes, on est très humide à bord, on a hâte de pouvoir être au sec. »
Pascal Bidégorry, co-skipper de MACIF (Ultime)
« Nous avons 15 nœuds de vent, au portant, le vent s’est relevé après une nuit molle et on accélère un peu entre 25 et 30 nœuds de vitesse. Nous sommes passés très près des Canaries au petit jour et c‘était magnifique avec un lever de lune hier soir, c’est assez exceptionnel. On est passé près, pas pour faire du tourisme mais pour grappiller un peu de vent sur Sodebo, on se bat pour ne pas décrocher ! On va chercher du vent, un peu vers l’Ouest. Le bateau va bien, pas de problèmes, nous avons eu des petits soucis électroniques après le cap Finisterre mais pas de gros problèmes sur le bateau. Nous n’avons pas fait beaucoup de bâbord depuis que nous sommes partis, le bateau est jeune, du bon boulot a été fait dessus c’est plutôt satisfaisant. Macif, c’est un gros bateau, il ne faut pas faire semblant, le bateau est exigeant en double. »