On dirait (presque) le Sud…
Enfin ! La latitude du cap Finisterre a été doublée aujourd’hui par les premiers IMOCA et les Multi 50. Si ce passage est important pour le moral des troupes qui rêvent d’un temps moins humide et de se reposer à plat dans les bannettes, l’heure n’est pas encore aux longues glissades sous un ciel bleu azur et des températures clémentes. Les Class40, Multi50 et IMOCA dansent encore le « rock’n roll » sur une mer dure et un vent violent. Les Ultime, quant à eux, naviguent le long des côtes marocaines poussés par un vent faible.
Hugo Boss (Alex Thomson et Guillermo Altadill) depuis 16h00 rencontre des problèmes techniques que l’équipage tente de solutionner. Le bateau est à la cape. Les deux skippers tiennent régulièrement informée la Direction de Course.
Nicolas Troussel et Corentin Horeau ont annoncé ce matin à la Direction de Course de la Transat Jacques Vabre leur choix de se dérouter sur Port-la-Forêt et d’abandonner. Les deux co-skippers du Class40 Bretagne – Crédit Mutuel Élite sont handicapés par la perte de leur pilote automatique survenue dès le lendemain du départ. Depuis deux jours, ils n’ont pas d’autres choix que de rester rivés à la barre. De plus, Corentin Horeau ce matin s’est ouvert une lèvre. Le duo a maintenant, abattu en grand et sécurisé le bateau pour faire route en direction du sud Finistère.
Après réparation du bout-dehors et de sa fixation sur l’étrave, le Class40 Club 103 d’Alan Roura et Juliette Petrès reprendra la mer demain matin depuis Lorient.
Ils en ont plein les bottes.
Vincent Riou (PRB) avouait à la vacation ce midi que l’humidité commençait sérieusement à lui peser. Charlie Dalin (Queguiner-Leucémie Espoir) racontait combien il était difficile de vivre à bord à quatre pattes et de dormir en mode « air time » sur la bannette. Erwan Le Roux (FenêtréA Prysmian) confiait qu’il n’avait pas encore pu régater tant il fallait gérer les soubresauts du bateau pour ne rien casser… Voilà pour l’ambiance du jour ! Mais bientôt, le plus dur sera passé. Les premiers IMOCA 60’ et les Multi50, en approche de la latitude des Açores ou de Lisbonne, vont bientôt pouvoir panser les bobos des bonshommes et des bateaux. Oui mais… pas avant vendredi soir ! D’ici là, une énième dépression leur barre la route et ce, juste sur les Açores. Autre visage de la course : les Ultime sont sortis depuis hier des conditions toniques, ils doivent maintenant empanner dans les petits airs le long des côtes marocaines pour se sortir de la dorsale.
Ca matche sur l’Atlantique
Ils sont incroyables ces marins. Malgré des conditions difficiles et éprouvantes, ça régate serré. En Class40, le duel entre Le Conservateur (Yannick Bestaven/Pierre Brasseur) et V and B (Maxime Sorel/Sam Manuard) se montre palpitant. 7 milles séparent les deux leaders du classement qui ne se lâchent pas d’une semelle depuis cette nuit. En Multi50, derrière Thierry Bouchard et Oliver Krauss (Ciela Village) les grands patrons de la course depuis le premier jour, la régate ne fait que commencer entre Arkema (Lalou Roucayrol/César Doly) et FenêtréA Prysmian (Erwan Le Roux/Giancarlo Pedote) ! Ces deux as de la discipline ne sont qu’à 13 milles l’un de l’autre et n’ont pas encore dit leur premiers mots… Chez les IMOCA, comme dirait Yann Eliès (Queguiner – Leucémie Espoir) « Nous sommes à fond ! ». Comprenez qu’ils n’enlèvent pas le pied de l’accélérateur tout comme PRB (Vincent Riou/Sébastien Col) et Banque Populaire (Armel Le Cléach’/Erwan Tabarly), dans le sillage de Yann et Charlie. Dans un autre système météo et dans un autre monde, celui des trimarans géants, le duel Sodebo Ultim’/MACIF bat son plein. A raser les côtes marocaines, ils vont chercher la brise de nord-est, et enchaînent les empannages. MACIF a réduit son écart de quelques milles. Ca se passe comme ça sur la Transat Jacques Vabre : les marins sont des compétiteurs en plus d’être aventuriers….
Ils ont dit :
Juliette Pêtrès, co-skipper de Club 103 (CLASS40)
« On a arraché tout le bout-dehors quand nous étions au large de Ouessant. Il a fallu rester toute la nuit à Lorient. Des personnes qui aident Alan depuis le début ont remis le bout-dehors, ça tient en place, nous pouvons repartir et c’est une bonne nouvelle. Nous en avons plus qu’envie. Ca n’est pas simple de sortir du golfe de Gascogne, demain normalement nous aurons une petite fenêtre. Le père d’Alan, des amis et l’architecte du bateau étaient là pour nous aider, ils ont travaillé sur l’inox et la stratification. Un préparateur est aussi venu nous donner un coup de main. Je suis allée me reposer, Alan aussi, il reste le point météo à faire et se remettre à fond pour repartir. »
Charlie Dalin, co-skipper de Queguiner – Leucemie Espoir (IMOCA)
« Pour se déplacer dans le bateau, on rampe principalement, on est bien trempé, on a beaucoup de vent, entre 30 et 40 nœuds. Nous sommes très contents de notre position, tout va bien à bord. On a encore quelques heures de vent fort avec des grains qui passent régulièrement. Nous allons vite, nous sommes à plus de 20 nœuds de vitesse, mais ça va mollir d’ici 3h à 4h. Ensuite, nous allons rentrer dans une zone de vents faibles avant que ça reforcisse de nouveau avec une autre dépression assez forte avec 40 nœuds à affronter voire plus. Tout va bien à bord de Queguiner, nous avons réussi à réparer toutes les bricoles, le bateau est à 100%. »
Thomas Ruyant, skipper du Souffle du Nord (IMOCA)
« Les conditions sont toujours aussi musclées, on va bientôt avoir une petite accalmie. Avec Adrien, on essaye de soigner nos trajectoires. La vie à bord est compliquée, les bateaux sont assez physiques, nous ne pouvons pas faire grand chose, c’est difficile de dormir, de manger alors on grignote. Nous restons en veille, on se relaye sur le pont, on veille et le pilote barre beaucoup. Ca mouille tellement que ça reste difficile de barrer. On attend avec impatience la petite accalmie de ce soir car on a quelques petites réparations à effectuer à bord du bateau. L’accalmie sera la bienvenue. On passera dans l’Est des Açores, c’est tout ce que je peux dire pour l’instant. »
Vincent Riou, skipper PRB
« Comme tous les jours, c’est la guerre. Le bateau est lancé à 20 nœuds. Nous sommes obligés d’attaquer. Cette nuit, on a eu un moment un peu plus calme, avec 20 à 25 nœuds de vent, nous avons fait deux virements de bord. Et là nous avons à nouveau un vent Sud Ouest. Il faut redescendre rapidement et là ça n’est absolument pas confortable à cette vitesse. A bord, la vie est simple, on se repose, on manœuvre, on se repose. Le truc qui commence à être pesant, c’est l’humidité. On est trempé depuis dimanche soir. Nous sommes devant et nous devrions avoir des conditions plus clémentes que ceux qui vont être derrière, là où les conditions vont être ventées. »
Tanguy de Lamotte, skipper d’Initiatives-Cœur (IMOCA)
« Ca se passe bien, c’est assez tonique comme conditions de navigation, ça fait des saute-moutons à plus de 20 nœuds de vitesse. Nous avons 2-3 petites avaries mineures sur le bateau. On a abimé un hydro générateur et un ris. Mais nous sommes contents d’être là où on est. Le vent va mollir dans la journée. C’était une belle entrée en la matière, des conditions bien musclées, maintenant nous allons vers le Sud, ça fait du bien au moral. Je mange de mieux en mieux, j’ai eu du mal à m’alimenter mais ça va mieux. On est pas loin du trio de cadors, c’est super. »