La régate, et rien d’autre…
L’épisode du coup de vent des deux derniers jours a été gommé aujourd’hui par l’irrépressible envie des marins de naviguer coûte que coûte, soutenu en cela par la détermination des Comités de course des Voiles de se fier à son instinct et à ses compétences pour lancer au bon moment et au bon endroit des courses parfaitement adaptées aux conditions. En tournant résolument au nord ouest, le vent, tout en perdant de sa vigueur, avait toute la nuit aplani le plan d’eau du golfe, et si la pluie ne s’est à aucun moment départie de son humeur normande, elle n’a en rien freiné les ardeurs des quelques 4 000 régatiers à en découdre. Modernes, Classiques, Wally ou Tofinou… toutes les classes en lice ont ainsi validé chacun une belle manche, bien ventée et rapide à souhait.
Un temps de goélette.
Foc à l’avant, grand voiles hautes mais dépourvues de ses voiles de flèche, la grande goélette Elena (Herreshoff 2009) n’aura fait qu’une bouchée des 17 miles d’un grand triangle au départ et à l’arrivée du Portalet, via les Issanbres, proposé aux grands yachts classiques. Les plus petites unités empruntaient, elles, le même parcours mais se voyaient dispensés de l’aller-retour travers au vent imposé aux grands auriques. La mer considérablement aplanie depuis le coup de vent des deux derniers jours favorisait la vitesse et les petits auriques. Oriole, Nan of Fife ou Chinook s’en donnaient à coeur joie, en quête de vitesse et de glisse, quasiment bord à bord.
Tuiga et Mariska demain pour une finale.
Les quatre magnifiques cotres auriques centenaires, Mariska, The lady Anne, Tuiga et Hispania ont profité de la procédure de départ des grands voiliers auriques pour disputer une ô combien importante manche dans la perspective de l’attribution de leur championnat spécifique. Les 15 mJI, qui ont déjà validé trois manches depuis lundi, devront cependant attendre l’issue de la dernière course demain samedi puisque au petit jeu de la neutralisation du jour entre Mariska (Fife 1908) et The lady Anne (Fife 1905), c’est Tuiga (Fife 1909) qui a tiré les marrons du feu et remporté la manche. Mariska se retrouve ce soir à égalité de points avec Tuiga, et devra l’emporter demain pour s’assurer du titre.
Rambler 88 marque son retour.
Le Maxi américain Rambler 88, victime d’une avarie de hauban lundi, qui l’a contraint à l’immobilité durant deux jours, faisait aujourd’hui sont retour au sein du groupe des spectaculaires IRC A. Et les hommes de Georges David ont mis un point d’honneur a démontré tout au long des 27 milles du parcours côtier du jour qu’ils étaient bien les plus rapides. Ils devançaient, en temps réel de plus de 5 minutes l’autre « ogre » du plateau, le Farr 100 de Mike Slade Leopard. 27 milles d’un parcours hors du golfe, avec passage à Cap Camarat, dans un vent d’ouest nord ouest fraichissant légèrement à 19 noeuds, et sur une mer bien plate, le tout bouclé en moins de 2 heures ; à l’évidence, les équipages avaient grand hâte de fuir la pluie tenace qui n’a cessé de tomber drue depuis ce matin. C’est un autre « costaud » du plateau, le VOR 70 SFS II de Lionel Péan qui franchissait en temps réel et en troisième position la ligne mouillée devant le Portalet.
Toujours chez les voiliers Modernes, les groupes IRC B, C et D se voyaient proposer un parcours légèrement plus court, 21 milles tandis que les « petits » enroulaient un parcours de 14 milles en bordure du golfe.
Y3K enfonce le clou
Au terme de la troisième manche disputée depuis le début de la semaine, c’est le grand Wally Y3K (Frers 2009) qui tient ferment le commandement au classement général provisoire. Troisième du côtier du jour, il rejette aux 4ème et 5ème rangx les dominateurs du jour, le Wally 107 Open Season et le Wallycento Magic Carpet Cubed, qui ont dominé de bout en bout les débats tout au long du parcours côtier. Tango G, le Wally 80 se hisse à la place de dauphin au général, à égalité de points avec l’autre Wally 80, J One.
A noter que la journée était spécialement dédiée au Wally Genie of the Lamp à l’occasion de son vingtième anniversaire, dignement salué par les grands pavois arboré par la classe et les sirènes au retour du bateau dans le port.
Télé matin fête ses 30 ans avec les Voiles
La célèbre émission matinale de France 2 animée par William Leymergie fête ses 30 années d’existence. Depuis 8 ans, les équipes de tournage viennent fidèlement raconter les Voiles sous les angles les plus divers et les plus divertissants, apportant aux téléspectateurs à l’orée de la saison automnale, une dernière carte poste ensoleillée couleur vacances. « La rencontre avec William Leymergie s’est faite très simplement voici une dizaine d’années » explique André Beaufils. « Hormis le fait que je suis un aficionado de l’émission, j’ai apprécié que William porte un intérêt spontané à nos régates, et envoie chaque année des équipes pour une diffusion de plus en plus large et de plus en plus qualitative… » William Leymergie a délégué en début de semaine pas moins de cinq chroniqueuses, Anissa Arfaoui, Charlotte Bouteloup, Mélanie Griffon, Myriam Seurat, Laura Tenoudji, hébergées au Byblos et qui ont pu régater et pour la première fois à bord d’Althane, un CNB de 60 pieds, pour vivre l’événeemnt au plus près de l’action. Pendant leur séjour, en plus de la régate, elles ont pu pratiquer des sports nautiques à l’école de voile des Canoubiers et elles ont aussi sacrifié au rituel des boules place des Lices, en compagnie de Gilbert Fasola, président du club de pétanque de la place des Lices. L’équipe de tournage était constituée de Grégoire Tournon (journaliste), Daniel Julien (réalisateur) et Richard Liccia (cameraman). Un premier sujet a été diffusé ce vendredi matin, et un second le sera demain matin à 8 heures 25. William Leymergie sera lui-même présent tout le week end.
Saint-Tropez et Tahiti, une longue et belle histoire
Il y a 8 ans, une histoire d’amitiés lançait les bases d’un jumelage entre la Tahiti Pearl Regatta et les Voiles de Saint-Tropez. Depuis, les liens se sont renforcés, et de nouvelles histoires se créent chaque année. Sur l’eau, la régate polynésienne progresse avec l’apport inestimable de Georges Kohrel, membre du comité de course depuis 2011. Sur terre, la touche Tahitienne et du Pacifique Sud apporte une atmosphère exotique et festive supplémentaire au village des Voiles. Paul Sloan, Directeur général de Tahiti Tourisme était cette semaine sur le village des Voiles : « Ce partenariat est très important pour nous. Les liens sont forts entre Papeete et Saint-Tropez. Tahiti est une destination de niche de qualité, et les monde de la voile est très porteur sur ce segment. Nous avons ainsi plus de 900 voiliers qui accostent à Papeete. Saint Tropez est une belle vitrine pour nous. Nous présentons sur le village de beaux échantillons de nos îles, monoï, perles et les vahines. »
Le saviez vous?
1851, Louis Joseph Langomazino, militant républicain français, et Tropézien, est exilé aux Marquises. Un demi-siècle plus tard, son fils Hegesippe Langomazino devient le 2nd maire de Papeete, alors toute jeune capitale polynésienne. Ce premier lien historique entre les deux villes est symbolisé l’année dernière lors d’une cérémonie officielle. Le buste de Louis Langomazino est remis par la municipalité de Saint-Tropez à la délégation polynésienne et prendra place sous peu dans le cadre accueillant de la marina du port de Papeete.
Qui êtes vous ? Serge Malapelle
Restaurateur de profession, Serge Malapelle est Tropézien de coeur depuis 35 ans ; « Je suis venu pour la mer, le soleil et la douceur de vivre » explique-t’il. Les Voiles de Saint-Tropez combinent, on le répète à l’envie, l’excellence des régates sur l’eau, et une convivialité légendaire à terre. C’est à Serge qu’incombe la lourde tâche de structurer, organiser les manifestations festives chaque soir de régate. « Je suis membre de l’association des commerçants de Saint-Tropez, « esprit village ». Je la représente aux Voiles pour l’exploitation du bar, (pôle d’attraction centrale du village ndlr) et l’organisation des manifestations à terre, et ce, depuis 1999 à la demande d’André Beaufils. « Nous gérons les soirées, les festivités et le bar avec son personnel. Les recettes du bar servent à financer les manifestations, et non pour faire du profit. On a ainsi organisé la tartiflette en début de semaine, remplacée par une jumbalaya. Ce fut un grand succès. La soirée des équipages à la Ponche est annulée à cause des conditions météo, mais on va animer la soirée au village ce soir. Le défilé des équipages a été un franc succès, ainsi que le concours de boules place des Lices. Nous vivons une édition des Voiles un peu particulière à cause des conditions météos, mais l’envie de s’amuser est bien présente chez les régatiers. Le Verdolini Jazz band anime les rues et le port avec des thèmes différents. Les animations du soir font partie intégrante des Voiles et permettent aux régatiers de bien terminer chaque journée… »
Yacht extra ordinaire : Zinita
Zinita a été dessiné et conçu par William Fife III en 1927, selon la jauge des 12 mètres international. Il était le deuxième navire dénommé Zinita que la famille Connel avait commandé à William Fife. Deux ans plus tard Mr Connel commandait un troisième Fife, Zoraida. Zinita est allé en Norvège puis en Allemagne. En 1991, Zinita a été apporté en Hollande où il a été rénové. Mais Il faudra attendre encore 5 ans avant que la restauration se matérialise, initié par ses propriétaires actuels. Le 12 m JI a été complètement dépouillé, tous les accessoires et le gréement enlevés et l’intérieur sorti. La coque nue a été sablée et séchée et ensuite seulement il a pu être déterminé quels dommages avait subi la coque par un logiciel sur une période de 70 ans. La Coupe de l’America n’était pas encore courue par des voiliers de cette jauge, mais par des bateaux beaucoup plus grands. Zinita est un des plus anciens 12 m JI existant encore, a été restauré en Hollande en 1991 ; transformé en confortable voilier de croisière. Il a changé de numéro de voile mais a gardé son nom. C’est le seul 12 m JI néerlandais, et aussi un des seuls peints en noir.
La jauge métrique, késako?
La Jauge internationale, ou Metre rule, jauge métrique, est une jauge de course internationale élaborée en 1906, permettant d’évaluer les performances des voiliers de compétition. Elle est basée sur une formule ayant subi deux modifications en 1919 et 1935, donnant aux voiliers une longueur théorique traduisant leur vitesse potentielle, exprimée en mètres, calculée à partir de certaines caractéristiques du bateau. Elle a permis au début du xxe de créer des classes de quillards de course pouvant régater en temps réel à condition de respecter certaines restrictions. Ces voiliers sont identifiables, malgré les variantes d’appellation, par le nom donné à leur classe, comme pour les 6 Metre JI (ou 6 Metre, 6mJI, 6 Meter, 6 mR) qui ne font cependant pas six mètres de long, mais environ onze mètres de longueur hors-tout et sept mètres de longueur de flottaison.
La Jauge internationale a été adoptée pour les Jeux olympiques de Londres en 1908, et pour la Coupe de l’America entre 1958 et 1987 avec les 12 Metre ayant remplacé les Classe J qui suivaient les règles de la Jauge universelle. Les classes 15 m, 12 m, 10 m, 8 m, 7 m, 6 m et 5.5 m ont été séries olympiques.
Le coin des béotiens : Marconi ou Bermudien
Un gréement a porté ce nom en référence à Guglielmo Marconi, un physicien inventeur italien né en 1874 dont les travaux ont permis le développement de la télégraphie sans fil. Les poteaux haubanés mis au point par Marconi ont ainsi inspiré les créateurs du gréement Marconi. Dérivé du Gréement bermudien, le gréement Marconi utilise des voiles triangulaires dont la grand voile, directement envoyée sur un rail ou dans une gorge du mât.
Bermudien : Type de gréement originaire des îles Bermudes et caractérisé par des voiles triangulaires sur des mâts assez haut nommés mâts Marconi en raison de leur ressemblance avec les mâts de radio TSF
Météo du jour :
Le Var est toujours sous l’influence de la dépression en évolution dans le golfe de Gênes, dont la progression vers le nord est bloquée par l’anticyclone qui offre au reste du pays un grand soleil. Les pluies devraient diminuer et l’activité orageuse se développer. Le vent modéré de secteur nord ouest sera perturbé par ses phénomènes orageux.