La tête de flotte a doublé ce midi l’Isla del Aire et son phare au sud-est de Minorque, marque obligatoire de la Grande Etape entre Nice et Barcelone. Vincent Biarnès (Guyot Environnement) caracole toujours avec une avance de 5 milles sur Xavier Macaire (Skipper Hérault) qui avouait cet après-midi à la VHF : « Je ne vois pas comment je pourrais le rattraper ! ». Alors intouchable Vincent ? Ce qui est sûr, c’est que les 110 derniers milles, après le contournement de l’île, ne seront pas tactiques, mais demanderont un certain doigté dans le pilotage du bateau. Le vent de nord-est va forcir nettement en approche de la capitale catalane tôt demain matin.

A 12h 17mn très exactement, Vincent Biarnès pointait son étrave devant le phare noir et blanc de la Punta Prima. Sous pilote automatique, le skipper de Guyot Environnement, debout dans la descente, semblait concentré sur les réglages de son spi. Patron de la flotte depuis la bouée Odas 06, Vincent a particulièrement bien géré la nuit dernière en tentant de récupérer du sommeil, car il commençait à être sujet à des hallucinations. Sébastien Simon (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir) a lui aussi bien joué sous les étoiles, puisqu’il a repris la place de troisième à Yoann Richomme (Skipper Macif 2014). Le long des côtes de Minorque, les deux lascars se battent comme des diables : 0,5 milles les séparent !

Ca joue des coudes dans le peloton

10 bateaux se tiennent en moins de 4 milles d’Isabelle Joschke (Generali Horizon Mixité) à Claire Pruvot (Port de Caen-Ouistreham). S’il y a encore du jeu, c’est bien dans ce groupe dont le passage devant l’Isle de Aire a fait l’effet d’un entonnoir. C’est donc un petit train coloré qui longe les côtes de Minorque. Gildas Morvan (Cercle Vert), lanterne rouge, est passé 5 heures après Vincent Biarnès et comptait sur les dévents de l’île pour que l’élastique se détende. Mais, force est de constater que sur le plan d’eau, le vent mollit, mais pas autant que le géant vert ne l’espèrerait !

Demain, coup de vent sur Barcelone

La direction de course a prévenu les marins qu’un coup de vent engendrerait des rafales à 45 nœuds sur Barcelone à midi. L’ETA est prévue pour le petit matin, mais dans tous les cas, le vent va grimper cette nuit. Décidément, sur cette étape de La Generali Solo la Méditerranée aura sorti le grand jeu ! Ce sera la troisième nuit en mer pour les 22 solitaires qui apprécieront d’autant plus le final espagnol…

Ils ont dit :

Vincent Biarnes (Guyot Environnement) :

« J’ai bien dormi cette nuit, le bilan n’est pas mal. Je ne vois qu’un seul bateau au large et c’est Xavier Macaire. Et sinon je n’ai pas de nouvelles de la flotte mais j’imagine qu’il y a pas mal d’écarts et qu’ils sont assez loin derrière. Depuis Odas je me suis rapproché de la Corse et ça a bien marché parce que j’ai eu 35-37 nœuds. J’ai fait un seul empannage pour me recaler avec la pression. Depuis ce matin ça empanne au gré des oscillations. Je suis quasiment sur la route de Minorque, bâbord amures. Depuis que le vent a baissé sous les 25 nœuds je suis passé sous pilote et j’ai bien dormi cette nuit. Dans la baston tout à l’heure, je n’avais pas dormi depuis le départ, il y avait des signes de faiblesse qui commençaient à venir et j’ai eu quelques petites hallucinations visuelles. Comme quoi la fatigue est là. Chez moi les hallucinations sont visuelles et sont des déformations ; j’ai cru qu’il y avait des poissons »

Claire Pruvot (Port de Caen Ouistreham) :

« On est enfin en approche de Minorque je suis à une vingtaine de milles. On est sous spi depuis toute la journée d’hier. Ca a été un peu compliqué ce matin parce qu’il y avait pas mal d’orages et je me suis retrouvée bloquée sous un nuage et c’est parti par devant. Je suis à côte de Sam Matson et Arnaud Godart-Philippe qui sont juste sous mon vent. Le vent devrait sérieusement mollir pour le contournement de Minorque qui fait une trentaine de milles donc ça va peut-être redistribuer à ce moment là. Cette nuit j’ai réussi à me reposer sur des petits moments mais là avec le vent mollissant et la mer, ce n’est pas simple de trouver des moments de repos. La sortie de la baie nous a pris vraiment beaucoup plus de temps que prévu, on est arrivé à Odas avec plus de 3 heures d’avance sur nos routages. La traversée a été assez longue mais on a eu des super moments sous spi, c’était de la conduite pure. Je ne pense pas avoir passé Minorque avant le début de nuit ».

Gildas Morvan (Cercle Vert) :

« On a eu du mal à partir de Nice, le vent thermique est tombé, puis plus de vent pendant quelques heures. Malheureusement on est resté un peu enterré à terre alors que les autres ont décollé vers large en touchant le flux au portant. Donc moi j’ai pas mal de retard. J’ai maintenant entre 10 et 13 nœuds Nord/Est. Hier les conditions sont restées raisonnables avec 25 nœuds, des rafales entre 28-30 nœuds et une mer tranquille. Donc pas mal de pilote, j’ai pu dormir et récupérer un peu. C’est dur mais maintenant c’est joué donc l’objectif est de s’accrocher pour revenir dans le match. Peut-être que le contournement de Minorque sera l’occasion de revenir et de resserrer le jeu avec le devant de la flotte ».

Xavier Macaire (Skipper Hérault) :

« Je suis concentré et d’attaque, même s’il y a de gros écarts. Je ne vois pas comment réussir à reprendre Vincent qui est devant et qui a 5 milles d’avance mais je suis quand même motivé pour m’occuper du bateau, motivé pour faire les réglages, faire la nav. J’ai bien dormi cette nuit, ce matin, donc je suis en forme. Avec 5 milles d’avance ça me semble compliqué, mais en Figaro il ne faut jamais dire intouchable. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer mais ça me semble vraiment difficile. J’ai essayé de faire des belles trajectoires, de bien naviguer pour recaler un peu mais je n’ai pas réussi à reprendre un demi mille. Vincent garde son avance pour l’instant et il navigue bien. Là on a du vent d’est sud est. Je m’attends à une petite transition et à ce que ce soit un peu mou, avant que ça ne revienne au nord est et puis ça va fraîchir progressivement jusqu’à l’arrivée, pour avoir finalement 35 nœuds de vent à l’arrivée. Il n’y a pas trop de pression, ce n’est pas comme si on était dix bateaux les uns sur les autres. Il n’est pas question de se faire doubler ou de doubler l’autre. On est moins en paquet, la flotte est très étalée sur le plan d’eau ».

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