Le lundi, c’est Moderne… mais pas exclusivement…
Les trois coups du lever de rideau des 17ème Voiles de Saint-Tropez ont résonné d’éclatante manière en ce dimanche après midi estival avec l’arrivée tout en majesté des voiliers Classiques engagés dans la traditionnelle Coupe d’Automne du Yacht Club de France, qui permet aux concurrents venus de Cannes de rallier en course le petit port Varois. Les voiles traditionnelles, auriques ou de type Bermudien, ont mêlé leurs silhouettes inaltérables aux formes futuristes des voiliers Modernes à l’entraînement dans la perspective des premières joutes de demain. Les yachts Modernes entament en effet dès lundi leur compétition tropézienne, accompagnés cette année des quatre 15 m J. Une rare semaine de spectacle s’avance, pleine d’intenses régates sur l’eau dans un vent d’est annoncé tonique, et de fêtes bon enfant à terre où pas moins de 4 000 marins venus du monde entier vont répandre de ruelles en ruelles leur communicative bonne humeur.
La Coupe d’Automne en avant-propos…
Quarante-sept Yachts de Tradition se sont élancés peu après midi au large de Cannes en direction de Saint-Tropez, l’occasion de relier les deux ports qui rassemblent les plus beaux voiliers de la Méditerranée chaque début d’automne. La Coupe d’Automne du Yacht Club de France permet aux voiliers ayant toute la semaine dernière régaté dans le cadre des Régates Royales de rallier en course les Voiles de Saint-Tropez. Plusieurs équipages se sont en outre inscrits spécialement pour cette épreuve à l’image du 12mJI français Ikra, de Crazy Life, Encounter, Espar II, Eilidh, ou White Wings. Le départ à été donné en baie de Cannes dans un petit souffle de secteur est nord est, pour 4 à 5 noeuds, qui a contraint les organisateurs des Voiles à réduire le parcours, en mouillant une ligne d’arrivée à hauteur des Issambres. C’est le véloce 15 mJ Mariska, suivi du cotre aurique Rowdy (NY 40 Herreshoff 1916) et du Class J Shamrock, qui se montrait en temps réel à son avantage, franchissant dès 14 heures 40 la ligne d’arrivée au terme de 17 milles de course. Classement en temps compensé sur le site www.lesvoilesdesainttropez.com)
Les 15 MJ dès lundi !
Une fois n’est pas coutume, les quatre 15 MJ encore en existence, engagés dans leur championnat propre, entreront en lice dès demain lundi, sur leur rond dédié au départ du Portalet, pour deux parcours de type « banane ». Un spectacle en soi, à ne pas manquer, d’autant que l’intérêt sportif de ce championnat est à son paroxysme, un seul petit point séparant Tuiga, leader, de Mariska, au classement général du « 15MJ International Association ». Les Voiles de Saint-Tropez constituent la dernière étape de leur circuit après les Baléares, la Monaco Classic Week et Portofino. Ces élégantissimes cotres auriques ont la double particularité d’être de la lignée des plus belles unités de l’âge d’or du yachting, et d’avoir été dessinés par William Fife. Au côté d’Hispania, construit en 1909 sur ordre de SMR le roi d’Espagne Alphonse XIII, l’illustre Tuiga du Yacht Club de Monaco, Mariska (1908) et The Lady Anne (1912) s’affronteront dans les règles de l’art du yachting.
Qui êtes vous ? André Beaufils
André Beaufils est à la fois la sentinelle, gardien de l’esprit de la Nioulargue ressuscité aux Voiles, et le maestro qui orchestre avec sagesse la grande fête tropézienne du Yachting. Unanimement apprécié et respecté pour la justesse de ses choix et de son jugement, il ne connait pourtant qu’une simple règle dans l’orchestration de son travail, l’esprit insufflé un beau jour de septembre 1981 par Patrice de Colmont. Entretien ;
« J’ai suivi des études d’ingénieur et ai travaillé sept années dans l’industrie de l’armement en région parisienne. Une ouverture s’est proposée à Saint-Tropez à l’usine de torpilles, pour la gestion de programmes. J’y ai passé 12 ans en tant que maître d’oeuvre de programmes de torpilles… Puis j’ai eu envie de découvrir le secteur privé et j’ai démissionné de l’armement pour rejoindre une société de câblerie en tant que directeur qualité, durant 7 ans… jusqu’à ma retraite… Je suis ainsi Tropézien depuis 1979. J’ai intégré ici le monde de la voile immédiatement, pour mes enfants et pour moi-même, en voile légère et habitable, au sein de la Nautique. Je suis très vite entré au conseil d’administration du club. Depuis 2000, je préside la Société Nautique de Saint-Tropez, et l’organisation des Voiles. Un job à temps plein! »
« J’ai participé à la Nioularge en tant que coureur en 1982 et 83, appelé alors la Club 55 Cup. En 1984, je rencontre Patrice de Colmont. Il me propose de faire partie de l’équipe et j’ai vu grandir la Nioulargue durant 7 ans. J’assure la continuité des Voiles depuis l’an 2000. Patrice est plus qu’un ami, un sage que je consulte régulièrement. Patrice est désormais impliqué dans des projets humanistes et humanitaires, la faim dans le monde avec Pierre Rabhi… et on se retrouve cette année sur ce nouveau défi, avec la recherche de fonds pour la fondation Pierre Rabhi, qui milite notamment en faveur de l’agroécologie, et surtout, au delà de la quête de financements, afin de faire connaître ce mouvement. Les Voiles vont cette année, lors de la journée du jeudi, s’engager en faveur de cette cause. »
Le coin des béotiens :
Cotre, yawl, ketch, goélette, sloop… des noms aux origines diverses, Anglaises, Française ou Néerlandaises, qui évoquent l’âge d’or de la Marine à voile. Ils dissimulent aussi de véritables spécificités dans l’art du yachting, qu’il convient de décoder lorsque l’on assiste aux Voiles :
COTRE (côtre) Cutter :
Voilier ayant une grand voile, aurique ou Marconi, et plusieurs focs. Ce type de gréement a longtemps été utilisé en croisière hauturière et, à la pêche car il permet de diviser la surface de voile.
Citation du jour :
« Les Voiles évoluent avec leur temps ; mais l’esprit de la Nioulargue insufflé par Patrice de Colmont demeure immuable… » André Beaufils
Météo du jour :
Le vent d’est arrive. Le temps de lundi deviendra plus incertain en cours de journée. Ciel variable devenant très nuageux l’après-midi. Pas de précipitations en matinée, possibilité d’averses en milieu d’après-midi. Vent faible de secteur est forcissant l’après midi pour une dizaine de noeuds. La fiabilité de la situation est limitée, parce que la dépression pourrait être plus orageuse que prévu.
Yacht extra ordinaire :
Stiren, l’étoile bretonne
Yawl bermudien parfaitement dans la lignée des voiliers signés Olin Stephens, Stiren investit avec son nouveau propriétaire les plans d’eau d la Méditerranée. Longtemps confiné, mais avec succès, et depuis son lancement en 1962 aux régates en Manche et en Atlantique, Stiren (étoile en breton) arrive en Méditerranée avec l’ambition affirmée de briller. Vainqueur à Monaco, 2nd à la Juris Cup, son excellent état de préparation lui permet d’envisager tous les succès dans sa catégorie à Saint-Tropez. Stiren est le plan N° 1358 du célèbre architecte Olin Stephens, Sister ship d’Anitra vainqueur du Fasnet en 1959. Construit au chantier Pichavant et mis à l’eau en 1963. Rien n’est trop beau pour Stiren et la coopération entre l’architecte naval américain et le chantier bigouden fut totale. Olin Stephens sera d’ailleurs impressionné par la qualité du travail du Chantier Breton. En 2004, le bateau nécessite de réels travaux. Ils seront confiés au chantier Hubert Stagnol à Bénodet. Seule la coque sera réellement conservée ainsi que quelques accessoires comme la barre à roue ou la table de carré sur cardan. Pour le reste tout sera reconstruit à neuf. Une seconde partie de chantier sera effectuée en 2008/2009 au chantier Brewer Point, Connecticut (reprise des cadènes, flipotage, extension du varangage).