Les 22 solitaires ont quitté Nice cet après-midi après deux rappels généraux, c’est dire s’ils avaient hâte d’en découdre… Il faut avouer que les conditions météo attendues sur ce parcours de 432 milles jusqu’à la capitale catalane ont de quoi les réjouir. Du vent d’Est, donc du portant, musclé (jusqu’à 30 nœuds) et une mer agitée les attendent cette nuit et jusqu’à Minorque. De quoi cavaler sous spi et glisser jusqu’à plus soif. Le rythme sera celui d’un flamenco endiablé !

Sous sa barbe de viking, Benjamin Dutreux (Team Vendée) devait se lécher les babines à en doublant la dernière bouée du parcours côtier. En tête, depuis le dog leg, le petit gars de l’île d’Yeu a décidé de tout donner sur cette seconde Grande Etape de La Generali Solo. Un outsider qui pourrait bien faire des lumières, mais derrière il y a du gros. Xavier Macaire (Skipper Hérault) joue sa place de vainqueur sur le Championnat de France Elite de Course au large en Solitaire, Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) veut sa revanche suite à son avarie sur la première étape en Sète et Nice et Alexis Loison (Groupe Fiva) ne laissera pas une miette de sa place tout en haut du classement provisoire de La Generali Solo. Vous l’aurez compris, tous ont les crocs, chacun pour une bonne raison. Mais l’envie commune reste le plaisir, et comme chuchotait Xavier Macaire avant le départ « Quand il y a plaisir, il y a souvent victoire à la clé ! ».

De l’audace, pour rejoindre la bouée météo ODAS 06

Marque de parcours située à 30 milles dans le Sud de Nice, Odas 06 (bouée météo) sera à laisser à tribord avant de « marcassiner » vers Minorque. Ce premier segment de parcours pourrait bien d’emblée distribuer les cartes. De la mistoufle, des variations de vent en force et en direction voilà le menu de ce dimanche soir ! Celui qui parviendra à s’en sortir le mieux, sera celui qui prendra l’accélération en premier. Une drôle nuit attend les marins : sous l’éclipse de Lune, le vent prendra de la vigueur jusqu’à 25 nœuds et se renforcera encore dans la matinée. Le réveil sera salé !

Ils ont dit au départ de Nice :

Xavier Macaire (Skipper Hérault)

« On va partir de Nice avec des vents très calmes, comme on a eu ces dernier jours sur le Grand Prix, avec un thermique qui va s’installer cet après-midi et qui va mourir en début de soirée. Tout l’enjeu va être d’aller attraper le vent synoptique de nord est… en premier si possible ! Ca va être le plus important pour aller jusqu’à la bouée Odas. Ensuite jusqu’à Minorque, on aura un flux de nord-est assez fort, il faudra rester dedans. Sachant que si on va trop au Sud, on va se retrouver dans le dévent de la Corse, et au trop au Nord, on ne sera pas au maximum du flux. Ensuite, entre Minorque et Barcelone, on aura de l’Est puis du Nord-Est assez fort, donc il faudra trouver la bonne courbe, la bonne trajectoire pour arriver avant les petits copains. On peut avoir pas mal d’empannages à effectuer. J’aime bien ces conditions, je suis content, ça va glisser, ca va être rapide, le Figaro est un bateau stable qui a un bon comportement sous spi dans la brise. Avec 25 nœuds de vent sous spi, on peut mettre le pilote. En revanche, si on se retrouve dans 30-35 nœuds, ce ne sera pas la même histoire, on devra être à la barre. Mais avant tout, ce qui est une navigation agréable, c’est quand on est devant ! ».

Alexis Loison (Groupe Fiva)

« On va partir dans un vent faible, un petit thermique très faible, ensuite le vent de nord-est va se renforcer, pour atteindre un bon 30 nœuds pour toute la descente jusqu’à Minorque. Ce sera sous spi, mais dans du vent fort, de la mer. Il est possible que l’on soit rivé à la barre pendant un long moment. A partir de la bouée météo Odas, le vent va forcir. Ca va faiblir en approche de Minorque, mais ce qui est sûr c’est que l’on aura 24 h de conduite sous spi dans du vent soutenu. Ensuite entre Minorque et Barcelone, ce sera tout droit avec moins de vent mais ce sera orageux, donc le vent sera perturbé. Ce sera une étape rapide où il faudra faire attention au matériel, éviter les sorties de pistes, faire un bon compromis entre navigation à l’attaque et ne rien casser. Il y aura des empannages à placer, et il faudra anticiper d’éventuelles rotations du vent. Ce sera tactique sur cette étape de 432 milles ! Ca me plaît bien la glisse sous spi. »

Vincent Biarnès (Guyot Environnement)

« Il n’y a que 30 milles pour aller jusqu’à Odas, mais il est possible qu’on y passe du temps car le thermique sera faible. Je trouve le vent de ce matin pas très conforme à ce que j’ai sur les fichiers. La première partie sera importante. Il peut y avoir des écarts importants dès le début. Par la suite, on a un grand bord de spi avec du vent fort, j’espère qu’on pourra mettre le pilote, mais j’ai peu d’espoir. La mer sera agitée. Il ne faudra pas se faire surprendre et anticiper le fait qu’on va passer du temps à la barre. Préparer l’eau, la nourriture, les vêtements et être en forme avant de commencer cette phase là. Ce ne sera pas évident, car dans le petit temps, il faut être dessus aussi ! Il faudra aller vite sous spi pour ne pas se faire distancer. Tout sera à voir en fonction des conditions, on gère en temps réel, rien n’est écrit. Hauteur du tangon, choix de la voile d’avant, poids à déplacer, ça se joue au détail près en fonction de la mer et du vent. »

Gwénolé Gahinet (Safran – Guy Cotten)

« Il n’y aura pas beaucoup de vent au début, mais en fin de nuit ce sera plus sportif, la journée demain sera dynamique avec 25-30 nœuds de vent au portant. Ca fait penser à la Mini-Transat, ils ont eu une super belle étape, j’espère que pour nous ce sera pareil. Nous avons de la chance avec les conditions annoncées. Je vais essayer de me faire plaisir au maximum. Le début sera difficile et probablement décisif dans la pétole. Ensuite, on sera à la limite du dévent de la Corse, on devra donc négocier, tout comme le contournement de Minorque, car l’ile est quand même assez haute. A la fin à Barcelone, il peut y avoir du thermique, des transitions délicates. Ca va être une belle étape, je suis content ! J’avoue qu’on a rencontré une série de problèmes techniques hallucinante : des collisions à Sète qui ont abîmé des chandeliers et la coque, on a changé l’étai car des torons étaient cassés. Le dernier truc, c’est mon safran qui a tapé le quai ici à Nice… Un grand Merci à Guillaume mon préparateur qui a été top, et à Paulo aussi qui nous a donné un coup de main. Maintenant, il faut oublier tout ça et prendre du plaisir ! »

Sébastien Simon (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir)

« Dans un premier temps on va s’écarter de Nice pour aller chercher une bouée météo à laisser à tribord, rien n’est clair sur ce début de parcours. Le vent de Nord ensuite va nous permettre d’aller très vite vers Minorque, en plus il y aura du jeu donc ça c’est bien ! A Minorque, ce sera plus technique, le vent va mollir. Après, ce sera encore du spi avec peut être du reaching. 430 milles en deux jours, ca va aller vite ! La Méditerranée est très aléatoire, il n’y a pas de valeur sûre comme chez nous. Ici c’est fluctuant, c’est très différent. Mais tout le monde s’y retrouve, il y a moyen de jouer. Ce qui est sûr, c’est qu’on fait plus attention à ce qu’il se passe autour de nous, plutôt que d‘aller chercher un phénomène. On fait avec ce qu’on a et on voit après… C’est intéressant parce que ça ouvre le jeu. J’espère que le résultat sera au rendez-vous ! Ce n’est pas évident car la Generali Solo est une épreuve très longue. C’est usant, mais j’aime mieux ce format que La Solitaire. Sur une course au point tout peut se rejouer tout le temps. C’est plus polyvalent que la course au large pure. On joue plus, il y a plus de « turnover ». Ca laisse place à pas mal de changements, c’est que je préfère ! »

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