Au revoir Sète, cap sur Nice !
Le public est venu en nombre saluer les marins de la Generali Solo. A terre ou en mer, les « au revoir » ont fusé de toutes parts. Les 22* solitaires ont coupé la ligne de départ dans des conditions de vent léger (6 nœuds) et oscillant. Un dernier bord le long de la corniche, et les voilà partis pour 354 milles d’une course folle à travers la Méditerranée jusqu’à Nice en passant par le mythique rocher de la Giraglia.
Fait du jour : la direction de course a annoncé ce midi aux skippers un changement de parcours. Porquerolles et l’île du Levant ne seront plus marques obligatoires, la flotte devra faire route directe vers le nord de la Corse. En effet, une zone sans vent est annoncée entre Hyères et Porquerolles par Météo Consult, partenaire de l’épreuve, risquant fort d’engluer les bateaux durant de longues heures. De plus, dans la soirée de mardi et dans la nuit de mardi à mercredi, le vent de sud-ouest se renforcera assez nettement entre Corse et continent avec un vent d’une trentaine de nœuds et des rafales de l’ordre de 45 nœuds. L’idée est donc d’atteindre Nice avant « la baston ».
Tous derrière… Gildas Morvan (Cercle Vert) devant
Le bateau vert skippé par l’homme aux trois victoires sur La Generali Solo a pris la poudre d’escampette sitôt le départ donné par le comité de course. S’il reste plus de 350 milles devant les étraves, l’homme de Landéda s’est transformé en rouleau compresseur depuis le début des hostilités. La flotte reste malgré tout compacte et le jeu pourrait bien être très ouvert sur ce long tronçon vers la Corse. Il va falloir doser entre le vent fort mais une route plus longue, et une route plus directe avec moins de pression. Les spis devraient être de sortie dès le début de soirée…
Nuit blanche
Ce soir, c’est sûr, il y aura du Mistral devant Marseille ! 30 nœuds sont attendus pour la première partie de nuit avec des rafales atteignant temporairement 35 à 40 nœuds et une mer agitée. Dans ce vent de nord fort, les marins seront sous spi tentant de préserver le matériel. Une petite appréhension régnait tout de même ce matin sur les pontons… Un seul mot d’ordre : ne pas déchirer de spi, ne pas casser de tangon, et s’il le faut, rester sans cesse à la barre et tenir bon !
* Blessé à la main, Thierry Chabagny (Gedimat) a annoncé ce matin aux organisateurs qu’il renonçait définitivement à sa participation à la Generali Solo 2015.
Ils ont dit au départ de Sète :
Nicolas Thomas (Guadeloupe Grand Large 1) :
« On a pu répéter pas mal les manœuvres, dans le vent fort, empannages, envoi de spis, affalé de spis. C’était un bon apprentissage et une bonne mise en jambes pour ce début de Generali Solo. Aujourd’hui on a de la chance, on va partir avec un peu moins de vent, mais on sait qu’il y a du vent un peu plus fort au passage des Bouches du Rhône. Depuis hier, on a commencé à bien travailler la météo, essayé de se mettre en tête le parcours, on regarde comment ça va évoluer et au dernier moment, on change le parcours. Certes c’est pour la bonne cause mais ça perturbe un peu. Il va falloir travailler sa stratégie pour faire le parcours. Arrivé à Nice, ce sera déjà la mi-parcours de la Generali Solo, il faut faire des bons résultats parce qu’il ne reste pas beaucoup de manches à suivre ».
Sébastien Simon (Bretagne-Crédit Mutuel Espoir) :
« Je suis content de ce qui s’est passé pour le Grand Prix du Languedoc-Roussillon. Quatrième, je ne m’attendais pas à ça. J’ai bien navigué mais la prochaine étape coefficient 4 remet un peu tout en jeu. Ce n’est que le début. Il va falloir trouver des moments pour se reposer parce que dès la première nuit on va avoir du Mistral. Ca met dans des conditions complexes dès le début. Après en arrivant sur la Corse, il y a d’autres zones de transition qui arrivent avec moins de vent, un changement de direction et une route vers Nice qui s’annonce quand même encore assez longue ».
Xavier Macaire (Skipper Hérault) :
« Si je suis là c’est pour gagner, pour au moins bien naviguer et faire un podium. J’ai montré sur d’autres courses que j’étais capable de gagner des étapes, pourquoi pas là sur la Generali Solo, ça me plairait. Et puis ça me permettrait de remonter dans le classement, j’ai besoin d’économiser des points. Ca va être agréable, peut-être un peu stressant si le vent rentre fort ; à 30 nœuds sous spi, on n’a pas envie de casser le matériel. Mais ça va être assez agréable d’aller vite, de faire glisser le bateau, d’avoir de l’eau à courir devant. J’ai hâte d’y être. »
Alan Roberts (Magma Structures) :
« Je suis prêt à partir au large. Il va y avoir pas mal de vent et j’ai hâte de naviguer sous spi. En termes de résultats, je suis là pour apprendre même si j’espère une place dans les premiers. Mais avec ce changement de parcours, il peut y avoir beaucoup d’écarts. Certains bateaux peuvent gagner beaucoup et d’autres peuvent perdre beaucoup. Le final à Nice s’annonce difficile ».
Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) :
« Cette nuit il va y avoir beaucoup de vent, il va falloir veiller à la casse. Je suis là pour faire un très bon résultat sur la Generali Solo et pour conserver mon titre de Champion de France. On a retravaillé les routages au dernier moment, ça change un peu la donne. Ca enlève une part d’incertitude. On va éviter toute une zone de molle entre Porquerolles et la côte. La première nuit ça va être un peu sport et dès demain matin on va rentrer dans un flux qui va ressembler un peu à ce qu’on a sur une transat avec des bords sympas, puis une accélération du vent au cap corse. Après la Giraglia, on viendra tous butter dans du vent faible. Tout va se jouer sur la dernière section. Il va bien falloir choisir sa route, négocier l’arrivée du nouveau vent ».
Alexis Loison (Groupe Fiva) :
« Ce qui est bien c’est que nous allons nous offrir de belles glissades sous spi jusqu’à la Giraglia. Nous devrions aller assez vite là-bas. On devrait traîner après le cap Corse en attendant le vent, mais on devrait arriver vite à Nice. Le départ va être compliqué, le vent sera faible et variable, donc on peut y passer du temps. Il y aura du jeu, ce sera une histoire de dosage. Plus on touche du vent, plus il faut rallonger la route. Il faudra trouver le bon compromis entre la route directe dans moins de vent, et une route plus longue dans plus de vent. Cette nuit, il y aura du mistral, je m’attends à un bon 30 nœuds avec une mer courte et nerveuse. L’idée, c’est de ne pas casser du matériel. Il y a quand même un peu d’appréhension, car dans du vent fort de nuit, on peut déchirer une voile ou casser un tangon. »