La FFVoile officialise ses sélectionnés pour les Jeux Olympiques
Philippe Gouard, Directeur Technique National a dévoilé ce matin les noms de 80 % des sélectionnés pour les prochains Jeux Olympiques. Aux côtés de Jean-Pierre Champion, Président de la Fédération, le sélectionneur a donné les noms des coureurs retenus en 49er, Laser, Star, 470 Masculin, Planche à Voile homme et femme, Finn et match racing (liste ci-dessous). Il a réservé son choix dans deux séries féminines où il n’a annoncé que des présélections. En Laser Radial ce statut temporaire concerne Sophie de Turckheim et Sarah Steyaert. Nouveauté, elles seront désormais entraînées par un Britannique, Ian Clingan. En 470, trois équipages sont encore en compétition. Il s’agira d’Ingrid Petitjean et Nadège Douroux, d’Emmanuelle Rol et Hélène Defrance ainsi que de Camille Lecointre et Mathilde Géron.
Les 205 jours restant avant le coup d’envoi des Jeux Olympiques s’annoncent chargés pour la délégation française qui souhaite faire oublier la contre performance collective du championnat du monde ISAF en fin d’année dernière. Le DTN programme beaucoup de travail foncier pour les athlètes et une diminution du nombre de déplacements afin de privilégier le temps passé sur l’eau. Les sélectionnés ainsi que les présélectionnés partiront dès la semaine prochaine pour Briançon (Hautes Alpes) pour un stage de préparation physique et de cohésion.
Jean-Pierre Champion, Président de la FFVoile :
« Au sujet du mondial, nous avons une satisfaction et une déception. Le championnat du monde de Perth, en termes de résultats, est un échec, appelons les choses par leur nom. Nous n’avons pas réussi à la hauteur de nos espérances mais nous n’avons pas réussi non plus à la hauteur de ce que nous valons. C’est en même temps, sur l’objectif primaire, un succès puisque la nation est qualifiée dans les dix séries. Ce qui fait qu’en dehors des Anglais, nous sommes la seule nation à être qualifiée dans les dix séries. Ceci est une étape indispensable mais c’est une étape bien évidemment insuffisante. Nous ne pouvons pas nous contenter de ce succès. Cela implique de notre part un certain nombre de réflexions à court, moyen, et long terme et un travail immédiat. Pour ma part, il est très compliqué d’être au plus haut niveau pendant quatre ans sans jamais faiblir. Ce serait l’idéal mais c’est compliqué. Quitte à avoir un trou d’air, autant l’avoir entre décembre 2011 à Perth plutôt que dans les championnats du monde 2012. Un trou d’air en mai, ce serait franchement fâcheux. En décembre 2011, à sept mois des Jeux, ça nous laisse largement le temps pour une équipe qui a beaucoup de qualité de faire les choses. Nous maintenons notre confiance, notre enthousiasme et nos objectifs pour la voile olympique française. (…)
Interview de Philippe Gouard, Directeur Technique National :
« Cela fait la troisième olympiade que l’on qualifie les dix séries pour les Jeux. Même si ça parait facile, il y a quand même peu de sports français qui sont capables à ce jour de se qualifier partout. C’est quand même important pour tous les athlètes car cela permet à chacun d’avoir une perspective sportive devant lui. C’est fait, et c’est fait pour la troisième fois (après Athènes et Pékin, ndlr). Pour revenir sur l’échec de Perth, il faut savoir que nous avons vécu en 2010 une très belle année, un début d’année 2011 excessivement riche et on ne perd pas son niveau de jeu instantanément. On sait qu’ils sont capables de le faire parce qu’ils l’ont fait. Ce ne sont pas des suppositions, ils ont le niveau pour gagner. Ce niveau exceptionnel, et je l’avais dit à l’époque, peut se retourner contre nous car quand on est sur le toit du monde, on se demande comment maintenir son niveau ce qui est extrêmement compliqué. Après, il faut redescendre sur terre. (…)
Préparer les Jeux n’est pas préparer un championnat du monde et une olympiade se déroule en deux grands segments. Une partie de montée en puissance, comme on a fait jusqu’à fin 2010 et une partie de finalisation qu’on a commencé à faire fin 2011. Le championnat du monde fait partie de ces étapes. On aurait du avoir des résultats mais c’est une étape vers la préparation des Jeux qui ont leurs propres singularités. A Perth, j’ai noté que le niveau mondial a augmenté et là où il y avait 4 – 5 coureurs au meilleur niveau, ils sont maintenant entre 8 et 10. On doit arriver au niveau d’exigence des meilleurs. Il faut qu’on élève notre niveau de jeu. Ce ne sont pas des mots, c’est la réalité. A travers nos qualités techniques qui sont reconnues de tous, nous devons augmenter notre entraînement foncier. Après le stage de Briançon qui se déroulera la semaine prochaine, on débutera un travail foncier assez fort. Ce sera une opération commando assez forte sur lequel nous augmenteront nos entraînements fonciers afin d’être plus constants dans nos résultats. On va se déplacer un peu moins, revenir sur nos bases car nous avons des centres d’entraînement qui sont excellents. On va faire des camps d’entraînements de plusieurs semaines. Cela impliquera peut-être d’empiéter sur sa vie personnelle et de faire preuve d’abnégation. »
Liste des sélectionnés :
RS :X Homme : Julien Bontemps
RS :X Femme : Picon Charline
Laser : Jean-Baptiste Bernaz
Finn : Jonathan Lobert
470 Masculin : Pierre Leboucher / Vincent Garos
49er : Manu Dyen / Stéphane Christidis
Star : Xavier Rohart / Pierre-Alexis Ponsot
Match Race féminin : Claire Leroy, Marie Riou, Elodie Bertrand et Claire Pruvot (rempl.)
Equipages présélectionnés :
470 Féminin :
Ingrid Petitjean / Nadège Douroux
Emmanuelle Rol / Hélene Defrance
Camille Lecointre / Mathilde Géron
Laser Radial :
Sarah Steyaert
Sophie de Turckheim
RS :X Homme :
– Julien Bontemps (ASPTT Nantes)
– 3ème sélection aux Jeux Olympiques
– Médaillé d’argent à Pékin
Originaire de Gerardmer dans les Vosges où il a débuté la planche à voile à 12 ans, Julien est aujourd’hui Nantais d’adoption. Il dispute à 18 ans son premier championnat du monde avant de les enchaîner jusqu’à son premier titre en 2004, dans les eaux turques. Malgré ce palmarès, il n’arrivera que 9ème à Athènes. Lors des JO de Pékin, il prend sa revanche et apporte à la France une médaille d’argent, la plus belle de l’olympiade. Avec deux podiums cette année sur des étapes de la Coupe du Monde, Julien est un des piliers de l’équipe de France.
Réaction de Julien Bontemps :
« C’est top. C’est mon premier objectif et c’est une bonne chose même si le travail reste à faire. Je suis content de tenir encore les rennes. Dans les prochains mois, on va faire pas mal d’aller retour entre la maison et Cadiz où se déroulera le prochain championnat du monde fin mars. A partir de lundi, tout commence. Je vais passer pas mal de temps en régate entre le championnat d’Europe que je ferais peut-être, le mondial, la Semaine Olympique Française et la Sail For Gold. »
RS :X Femme :
– Charline Picon (Palmyr Atlantic Voile – SNCF)
– 1ère sélection aux Jeux Olympiques
Longtemps éclipsée par la championne olympique Faustine Merret, Charline prend aujourd’hui la place de chef de file de la planche à voile féminine française. A 27 ans, « Pic » progresse avec une régularité impressionnante. Ces dernières années, elle a terminé deux fois sur des podiums mondiaux (2009 – 2010) et ce poids plume a même réussi à prendre la cinquième place du dernier championnat du monde dans des conditions musclées. Elle a par ailleurs terminé 3ème de la Coupe du Monde en 2011.
Réaction de Charline Picon :
« Pour moi, cette sélection n’est pas vraiment une surprise mais c’est quand même une grosse satisfaction. Cela va être mes premiers Jeux, je crois que je ne me rends pas encore vraiment compte. J’attends ce moment depuis longtemps. C’est une bonne nouvelle. Je suis déjà repartie dans l’entrainement car il n’est pas question de faire de la figuration. J’ai une belle carte à jouer et je vais tout faire pour ramener une médaille ! »
Laser Homme :
– Jean-Baptiste Bernaz (CN Ste Maxime)
– 2ème sélection aux Jeux Olympiques
A 24 ans, « JB » a beau être le benjamin des sélectionnés il s’apprête à participer l’été prochain à sa deuxième olympiade. En 2008, le Sudiste avait surpris son monde en décrochant son ticket pour Pékin au nez et à la barbe de Laseristes autrement plus chevronnés. Il avait terminé 8ème et cru jusqu’au dernier jour à une médaille. Cette année, personne ne pouvait faire d’ombre à sa sélection mais cette absence de concurrence franco-française ne l’a pas empêché d’augmenter son niveau de jeu à l’approche du championnat du monde. Dans des conditions musclées, à Perth, JB a flirté plusieurs jours avec les premières places avant de terminer 12ème.
Réaction de Jean-Baptiste Bernaz :
« Je suis évidemment très content de cette sélection. Mais c’est vrai que j’ai pas mal d’avance sur les autres Français donc je travaille depuis quatre ans pour les Jeux et non pas pour cette sélection. Cela ne va pas fondamentalement changer les choses pour moi mais je vais quand même avoir l’esprit un peu plus libre. Je vais continuer à travailler avec mon entraineur Lionel Pellegrino pour me préparer le mieux possible pour les Jeux. J’espère aussi que Lionel pourra être à mes cotés pendant ces Jeux. »
Finn :
– Jonathan Lobert (SNO Nantes – Equipe de France Militaire)
– 1ère sélection aux Jeux Olympiques
Nantais d’adoption, « John » s’est converti au Finn il y a 4 ans et c’est en 2010 qu’il est passé à la vitesse supérieure, en s’entraînant avec Ed Wright l’un des meilleurs finnistes mondiaux. Avec Thomas Le Breton, concurrent pour la sélection et néanmoins partenaire d’entraînement, ils grimpent quatre à quatre les marches de la hiérarchie mondiale et Jonathan termine deuxième de la Coupe du Monde, une performance sur laquelle personne n’aurait parié seulement quelques mois plus tôt. Depuis, cet athlète bâti comme un rugbyman enchaîne les bons résultats, il a notamment terminé sixième du dernier mondial.
Réaction de Jonathan Lobert :
« Je suis super content. Les Jeux Olympiques, c’est un rêve de gosse, c’est un aboutissement. Le vrai objectif maintenant est de ramener la médaille. Je vais tout mettre en place pour y arriver. Les six prochains mois vont être intenses. La sélection a duré presque un an, c’était un peu long donc je vais être plus libéré. Mais cela dit, je travaille vraiment bien avec Thomas Le Breton, donc je suis déçu qu’on ne puisse pas y aller tous les deux même si bien évidement, on connaît la règle. J’espère qu’on pourra continuer à bien travailler ensemble jusqu’au bout. »
49er :
– Manu Dyen / Stéphane Christidis (CNV Aix les Bains – Equipe de France Douane / EV Cagnes sur Mer – Equipe de France Militaire)
– 2ème sélection aux Jeux Olympiques
Manu Dyen et Stéphane Christidis se sont réunis à l’issue des Jeux de Pékin. Ce mariage des Alpes (pour Manu) et de la Méditerranée (pour Stéphane) est l’une des meilleures opérations de l’olympiade. Les résultats, d’abord satisfaisants, se sont vite révélés excellents avec notamment une année 2010 d’exception. Les deux hommes terminent 4ème du mondial, s’imposent sur deux étapes de la Coupe du Monde et deviennent n°1 mondiaux. L’année 2011 est plus compliquée avec une blessure à l’épaule pour le barreur qui les met à l’écart du circuit pendant plusieurs mois. Ils reviennent à la compétition pour le mondial ISAF en décembre 2011 et jouent longtemps aux avants postes avant de s’incliner le dernier jour. Ils terminent 18ème mais c’était là leur retour à la compétition, huit mois après la blessure de Manu Dyen.
Réaction de Stéphane Christidis :
« Nous sommes ravis car cela faisait un moment que les choses se passaient bien pour nous. L’objectif, c’est bien sûr les JO mais la qualification reste une étape importante. C’est super car nous avons six mois pour nous préparer et nous n’avons jamais eu autant de temps sur les Jeux précédents (Manu et Stéphane n’étaient pas ensemble, ndlr). Nous pourrons faire une vraie préparation, sans nous relâcher, mais pour arriver serein aux Jeux. Nous pensons que nous avons raté notre mondial car nous sommes arrivés un peu trop fatigué sur l’épreuve et nous n’avons pas tenu jusqu’au bout. Finalement, cette contre performance n’a pas entaché la sélection mais elle va nous servir pour préparer les JO. Notre mot d’ordre pour cette année : 2012, never loose ! »
470 Homme :
– Pierre Leboucher / Vincent Garos (ASPTT Nantes / SNO Nantes)
– 1ère sélection aux Jeux Olympiques
Après un podium sur le championnat d’Europe en 2006, l’équipage nantais ne cesse de faire parler la poudre. En 2007, il remporte la SOF, prend la 5ème place du mondial et touche du doigt son rêve olympique pour les Jeux de Pékin. Malheureusement pour lui, la règle des JO n’autorise qu’un seul équipage par série : ce sera celui de Nicolas Charbonnier. Depuis, les Nantais n’en démordent pas et font flotter le drapeau tricolore dès qu’ils le peuvent. Cette année, ils ont cumulé quatre podiums dont trois victoires. Au printemps, ils se sont offerts la SOF, puis ont dominé à deux reprises les épreuves disputées sur le plan d’eau des prochains Jeux, prouvant leur capacité à se nourrir des enjeux importants.
Réaction de Pierre Leboucher :
« Etre sélectionné était l’un des objectifs de notre saison. L’objectif est atteint ! On a rempli à peu près tous nos objectifs cette année. Maintenant, le nouvel objectif est de ramener une médaille et une belle ! Cette sélection pour nous est une nouvelle étape franchie ! Maintenant, cela va être plus facile pour organiser toute la préparation aux Jeux Olympiques. On savait que notre saison était belle mais à partir du moment où la sélection n’est pas mathématique, on ne peut être sûr de rien. On était simplement confiants mais aujourd’hui, nous sommes très satisfaits ! »
Match Racing :
– Claire Leroy, Marie Riou, Elodie Bertrand et Claire Pruvot (rempl.) (SN St Quay Portrieux, USAM Voile, CV Arcachon, SR Courseulles)
– 1ère sélection aux Jeux Olympiques
Novembre 2007, le match racing féminin devient discipline olympique et remplace le Yngling en tant que quillard féminin. Claire Leroy, leader incontestée de la discipline, n’est pas pour rien dans cette décision. Double championne du monde et N°1 mondiale entre mai 2005 et février 2010, elle a joué de sa stature internationale pour voir son sport, jusque là confidentiel, passer de l’ombre à la lumière. Son expérience lui donne une petite longueur d’avance même si les ténors de l’olympisme apprennent rapidement. En 2011, des problèmes de santé pour Elodie compliquent la saison mais n’empêchent pas l’équipage de rester aux avants postes. Au mois de décembre dernier, Claire, Elodie et Marie prennent la troisième place du mondial.
Réaction de Claire Leroy :
« C’est la première étape de notre objectif. Nous le savions déjà car au vu des résultats, l’inverse aurait été très étonnant mais le voir écrit, c’est super ! Nous seulement je vais y participer avec mon équipe mais je vais en plus y aller avec mon mari ! (Pierre-Alexis est qualifié en Star, ndlr). Pour toute l’équipe, les JO seront une première et nous sommes super contentes. On va avoir jusqu’à demain pour savourer et après, on travaille et on pense à l’or, à l’or, à l’or ! »
Star :
– Xavier Rohart et Pierre-Alexis Ponsot (YC La Pelle / SNO Nantes)
– 5ème participation aux Jeux Olympiques
– Médaillé de bronze à Athènes
Inoxydable Xavier Rohart. A 43 ans, il est de loin le plus expérimenté de toute la délégation française. Au mois d’aout prochain, le sudiste participera en effet à ses cinquièmes jeux olympiques puisque depuis Barcelone en 1992 il n’a été absent qu’aux Jeux d’Atlanta, en 1996. Ces dix dernières années, ce grand gabarit a offert à la France deux titres mondiaux et une médaille de bronze lors des Jeux d’Athènes. Il était alors secondé par Pascal Rambeau qui a depuis changé de bateau pour rejoindre Guillaume Florent, passant ainsi du statut d’équipier à celui de concurrent. Xavier s’est alors associé à un bizuth de l’olympisme – Pierre-Alexis Ponsot. Septièmes du dernier mondial, Xavier et Pierre-Alexis savent qu’il leur reste du pain sur la planche pour prétendre à une médaille. Ils s’entraîneront avec le maître de la discipline, le Brésilien Robert Scheidt, et ont programmé une centaine de jours de navigation.
Réaction de Xavier Rohart :
« C’est une sacré bonne nouvelle ! Ce sera mes cinquièmes JO. Ce n’est pas encore une habitude même si ça fait partie de mon quotidien. C’est quelque chose qui m’habite tous les jours énormément. J’aime bien cette notion d’être un pilier, d’être le mec qui est toujours là et difficile à battre. Je suis content mais je ne suis même pas sûr qu’il y ait du champagne, ou alors en tout petit comité. Dès samedi prochain, je suis sur l’eau et c’est reparti avec un programme chargé. Nous ne sommes pas champions du monde et il nous reste des aspects de la performance à peaufiner. Le travail est énorme et chaque jour va compter. Il nous reste 100 jours de navigation avant la première manche, ce ne sera pas de trop. Pierre-Alexis est très content aussi car le défi relevé pour lui était compliqué. Il devait remplacer un équipier médaillé (Pascal Rambeau) ce qui est très compliqué. Il est d’autant plus motivé pour la suite. »