Billy Besson termine en fanfare son intérim à bord de PRB en offrant à Vincent Riou sa première victoire d’étape sur le Tour de France à la Voile devant Prince de Bretagne et Vannes Agglo – Golfe du Morbihan. Moins en verve, Groupama termine 4e ce jour, sort vainqueur de son duel avec CombiWest et accentue légèrement son avance au classement général, avant le raid côtier de Nice, demain.

Sous sa tignasse ébouriffée par le port du casque obligatoire, à bord de PRB comme ailleurs, un sourire large comme la baie de Papeete, où il est né, balaie son visage. Preuve qu’on peut être triple champion du monde de Nacra, prétendant très sérieux à la qualification pour les Jeux de Rio et à l’or olympique, et goûter pleinement d’une victoire d’étape sur le Tour de France à la Voile. Billy Besson a peut-être cassé un peu de bois lorsqu’il a pris en main le Diam 24 de PRB à Roses, il a bien fait tomber un parpaing sur son skipper il y a quelques jours, mais il a aussi très vite compris où se cachait la manette des gaz. Et, après cinq journées passées la truelle à la main, Billy Besson a offert à Vincent Riou et Guillaume Le Brec un joli petit escalier vers la plus haute marche du podium en remportant les trois premières manches de qualification puis en terminant 3e de la dernière et deuxième de la finale Or. Vincent Riou : « Billy a eu sa période de formation, on a eu un peu de mécanique à faire, mais c’est bon, il a désormais son brevet de Diam ! » Convaincu par le Diam 24, « super bateau qui paraît tout petit à bord et bien plus grand depuis la côte », Billy Besson a apprécié son escapade sur le Tour de France : « Je ne connaissais pas Vincent avant qu’on navigue ensemble, c’est un super régatier. Ce n’est pas anodin de gagner une journée de stade nautique face à cette flotte, qui est d’un sacré niveau. Ça fait un mois qu’ils font ça, en courses très rapprochées, et je suis content d’être dans le bain, en faisant peu de fautes, après la première à Roses. »

Ce n’est pas la victoire de PRB qui constitue la surprise du jour, mais plutôt l’apparente fin de domination sans partage du trio de tête. Après avoir tout raflé, Groupama, CombiWest et Spindrift n’ont pas empoché la moindre première place en régate et ont paru, par moments, en deçà de l’excellence qui les a portés en tête du classement général. La guerre des nerfs aurait-elle eu raison de leurs performances, à trois journées de la fin ? « Souvent, à Roland-Garros, les quarts de finale et les demi-finales sont plus belles à regarder que la finale, sourit Pierre Pennec (Groupama). On n’a pas très bien navigué, mais nos rivaux n’ont pas été meilleurs que nous, heureusement. » Plus tranché, le skipper de Spindrift, Xavier Revil, estime forcée la légère prise de recul des trois Terribles : « Il y a des bateaux qui n’ont plus rien à perdre, et qui peuvent attaquer, et des bateaux qui ont tout à perdre, et qui ne peuvent se permettre de prendre des risques. A trois journées de la fin, comme depuis le début du Tour, on ne cherche pas à glisser nos trois étraves n’importe où au risque de faire du petit bois. » Prudents sur la ligne pour éviter les départs prématurés ou les disqualifications, Groupama a terminé la journée à la quatrième place, juste devant Spindrift qui concède un point au leader. Neuvième de la journée, CombiWest a marqué le pas à Marseille et, toujours deuxième du général, compte aujourd’hui 8 points de retard sur le leader et cinq d’avance sur Spindrift. Le raid côtier de Nice, demain, sera vraisemblablement le juge de paix de ce 38e Tour de France à la Voile.

Dans un vent plus léger et plus instable que prévu, mais sur une mer assez agitée, Prince de Bretagne a signé une très belle deuxième place sur l’ensemble de la journée, juste devant les amateurs de Vannes Agglo – Golfe du Morbihan, décidément monté sur trois coques tout-terrain. C’est bien joli de voir l’avenir en marche…

ILS ONT DIT

Vincent Riou (skipper de PRB) :

« Elle fait plaisir à tout le monde, cette victoire, et surtout à toute mon équipe. On est venu sur le Tour de France à la Voile pour prendre du plaisir et faire des bons coups. On en a fait quelques uns. Billy a été énorme toute la journée. Il a pris des supers départs et on a réussi à enchainer derrière. Billy m’avait prévenu qu’il n’avait jamais fait de Diam 24, et c’est vrai qu’il y a eu des choses moins bien au tout début, notamment notre collision, si bien qu’on a dû faire un peu de mécanique. On dira qu’il a eu sa période de formation. Maintenant, c’est parti, il a son brevet de pilote de Diam ! A Nice, on va faire comme on a fait depuis le début, nous allons prendre les journées les unes après les autres. On n’a pas encore le niveau pour faire des calculs savants. Quand tu vois le sourire des gars dans le zodiac et les sourires de l’équipe, c’est la fête ! »

Pierre Pennec (barreur de Groupama) :

« Souvent, à Roland-Garros, les quarts de finale et les demi-finales sont plus belles à regarder que la finale. C’est un peu ce qu’il s’est passé aujourd’hui entre les trois leaders du classement général. On n’a pas très bien navigué, on a fait très bien navigué sur les départs, les manœuvres, les bouées. Nous n’avons pas été bons, mais nos rivaux n’ont pas été meilleurs que nous, heureusement. On grappille des points au classement, c’est bien l’important. Bravo à PRB qui a très bien navigué. Le raid de Nice sera décisif pour la victoire finale, notamment sur le départ. Après, ça va être du tout droit. Le départ au près va être primordial et c’est là que beaucoup de points peuvent se jouer. Sur le stade, le lendemain, tout pourra arriver mais, ça, c’est comme à chaque fois qu’on entre dans un stade nautique : on court toujours le risque de casser. Jusqu’à maintenant, on a été plutôt à l’aise sur les départs au près dans les raids côtiers. On est plutôt en confiance sur cette fin de Tour. »

Billy Besson (barreur de PRB) :

« Super belle dernière journée ! On pensait avoir du vent fort et, finalement, on a eu des conditions parfaites, c’était génial en navigation. Avec PRB, on a fait une super journée, on gagne trois manches sur cinq, et deux places de deuxième : on a bien assuré, on s’est fait super plaisir sur le bateau. A trois à bord, il faut une certaine organisation et c’est sympa de repenser le système de communication. Je remercie énormément Vincent qui m’a fait confiance dès le début, alors que je commence en cassant une étrave et le skipper (il a eu un gros hématome), il a continué à me faire confiance et j’en suis ravi. Je ne le connaissais pas avant qu’on navigue ensemble, c’est un super régatier. Ce n’est pas anodin de gagner une journée de stade nautique face à cette flotte, qui est d’un sacré niveau. Ça fait un mois qu’ils font ça, en courses très rapprochées, et je suis content d’être dans le bain, en faisant peu de fautes, après la première à Roses. Je ne fais que du multicoque depuis 20 ans, c’est mon dada, je suis aussi en train de mettre au Flying Phantom, le multicoque volant, ce sont des bateaux qui me passionnent. Prendre en main un nouveau multi, finalement pour moi, ça vient tout seul. Ces Diam sont de super bateaux qui partent très vite, qui offrent de super sensations ; ils remplissent parfaitement leur mission. Ce qui est surprenant c’est que, lorsque tu es à bord, tu as l’impression d’être sur un petit engin et, quand tu les regardes d’un peu plus loin, il te laisse croire que c’est un immense bateau, comme avant, c’est très spectaculaire ! Après deux jours de pause, on va enchaîner avec un stage à la Grande-Motte, pour préparer le test event de Rio, en août. »

Xavier Revil (skipper de Spindrift) :

« Pour tout le monde, les conditions n’ont pas été faciles. On attendait du vent, il n’y en a pas eu – ce qui est un peu gênant avec nos bateaux -, mais les vagues étaient bien là, en revanche. Je pense que, si les trois leaders du classement général ont été un peu en retrait aujourd’hui, c’est parce qu’il y a des bateaux qui n’ont plus rien à perdre, et qui peuvent attaquer, et des bateaux qui ont tout à perdre, et qui ne peuvent se permettre de prendre des risques. Pour les trois leaders, il est impossible d’envisager prendre un OCS (départ prématuré, avec obligation d’être le dernier à passer la première bouée) ou un drapeau noir et d’être éliminé d’une régate, parce que cela aurait de grosses incidences au classement général. C’est pour ça qu’on s’est moins battu sur la ligne que d’habitude, surtout avec un vent et une mer pareils. Le problème se pose sur la ligne de départ, pas sur les bouées : les meilleurs de la flotte naviguent propre, ils n’ont pas d’accidents : quand on n’a pas la priorité, on ne cherche pas à passer, on ne force pas le passage, on garde la tête froide. A trois journées de la fin, comme depuis le début du Tour, on ne cherche pas à glisser nos trois étraves n’importe où au risque de faire du petit bois. Notre objectif commun, c’est de ne pas faire de grosse erreur qui serait éliminatoire dans la course au podium. Aujourd’hui, le bilan n’est pas mauvais : on perd un peu de terrain sur Groupama, on en gagne sur CombiWest qui est deuxième. C’est bien, on a stoppé l’hémorragie et on n’est qu’à cinq points de la deuxième place. »

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