Très belle première victoire sur le Tour de l’équipe amateure Vannes Agglo – Golfe du Morbihan, impériale dans le stade nautique de Gruissan, ce lundi. Troisième du jour, CombiWest conforte sa position de leader du général grâce à sa grande régularité, mais aussi grâce à l’incroyable erreur de l’équipage de Groupama qui, alors qu’il dominait largement la première manche, a cru devoir faire un tour de bouées supplémentaires. Décidément, rien n’est joué, à quatre journées de la fin de ce 38e Tour de France à la Voile.

Mais que s’est-il donc passé ce matin lors de la première régate en stade nautique sur le Diam 24 de Groupama ? Reprenons. Dès la ligne de départ, Pierre Pennec, Romain Motteau et Quentin Ponroy transpercent de bord en bord le plan d’eau du stade nautique, face à la plage des Chalets. Une première fois pour prendre l’avantage, une seconde pour larguer le reste de la flotte… Ne reste que la ligne d’arrivée à aller chercher, mais le Diam vert met le clignotant à gauche, et file vers les bouées rouges… comme s’il restait une boucle à faire. Ebahis mais ravis par l’ampleur de l’erreur de Groupama, Made in Midi signe son premier succès, Spindrift se régale et Maître-Coq chante sous le vent. Pierre Pennec, lui, largué et assommé, ne coupera pas la ligne d’arrivée de cette manche qu’il n’aurait de toute façon pas finie dans les temps.

« Un coup de batte de base-ball »

Sous son masque blanc de crème solaire, le barreur de Groupama est livide. Lui, le barreur en second de Groupama, le presque médaillé des JO de Sydney en Tornado, vient de commettre « une erreur affligeante, une erreur d’école de voile ». L’opiniâtre, le précis, le combattant a fauté. Il parlera de « honte », de « coup de batte de base-ball ». Sonné, pas assommé, Pennec ira chercher loin dans ses ressources pour sauver les meubles sur les manches suivantes, conjuguant sa hargne et la vitesse du Diam vert pour arracher trois premières places et une place de troisième. Un long et épuisant sursaut qui permettra à Groupama de terminer quatrième de cette journée en stade nautique à Gruissan, et de ne concéder que deux points à Spindrift, et un point à CombiWest, leader depuis hier. Mais le bilan de l’Acte 7, à Gruissan, est loin d’être positif pour l’assureur qui a perdu la tête hier dans les caprices des cieux en terminant 19e du raid côtier.

CombiWest cumule malgré tout

Plutôt régulier dans la complexité d’une tramontane frivole (quatre Top 3), le nouveau leader du Tour a marqué le pas sur la quatrième manche de qualification (8e). Entre coup de grisou et coup de mou, l’équipe de Damien Iehl termine troisième de cette journée. « On s’en contente largement, finit par admettre Pierre Leboucher, pas totalement satisfait des performances du jour. Spindrift reprend deux points, l’équipage va se battre un peu avec Groupama, et nous, nous allons continuer à naviguer jour après jour. On attendra la fin pour compter les points. »

La grosse perf’ du jour est pour Vannes Agglo – Golfe du Morbihan. Depuis le temps que l’équipage amateur pointe le bout de ses étraves dans les hauteurs du classement (il est un solide cinquième du classement général), il était devenu inévitable qu’une victoire lui tombe dans le trampoline. Avec trois victoires de manche, une deuxième et une troisième places, dans le désordre, Quentin Delapierre, Bruno Mourniac et Kevin Péponnet ont plané au-dessus de la plage des Chalets. « Ça se passe hyper bien aujourd’hui parce que Kevin fait une super tactique, parce qu’on fait bien avancer le bateau et qu’on prend de bons départs, sourit le co-skipper. On a une super équipe à terre, qui fait un super travail à réparer tous les coups qu’on met au bateau parce qu’on est de jeunes fougueux ; la victoire de ce jour leur appartient aussi. »
Avec 618 points, CombiWest compte désormais 5 points d’avance sur Groupama, soit un de plus que la veille, et 13 sur Spindrift, soit un de moins qu’hier. A quatre journées de course de la fin de ce Tour de France, le suspense n’a jamais été aussi bien intense. Marseille, mercredi et jeudi, puis Nice, vendredi et samedi, se réservent un « money time » palpitant.

ILS ONT DIT

Pierre Pennec (barreur de Groupama), 4 du jour et 2e du classement général :

« Dans la première manche, on fait une énorme erreur en repartant pour un troisième tour alors qu’il n’y en avait que deux. C’est une erreur affligeante, une erreur d’école de voile, vraiment pas professionnelle. J’avais honte vis-à-vis de Franck Cammas, de Groupama et de mon équipage professionnel. Ça a été aussi violent qu’un coup de batte de base-ball quand on a réalisé notre erreur. Et c’est là qu’il faut se bouger, retrouver une bonne cohésion à bord et se surpasser mentalement en se disant que chaque point compte et qu’il ne faut jamais baisser les bras. Ça a toujours été notre fonctionnement à bord, c’est le minimum que je doive à Groupama et Franck et c’est aussi ce que je ne cesse de dire à mes enfants. On s’est bien rattrapé par la suite, on termine quatrième d’une journée qu’on a débutée par un DNF (course non finie). Au général, le jeu est quasiment remis à égalité, à quelques points près, et je pense que ce sont les raids côtiers de Nice et de Marseille qui vont nous départager. Reprendre la tête avec un point d’avance à quatre jours de la fin, ou avoir cinq points de retard, ça ne change pas grand-chose. On va profiter de la journée de transition pour vérifier l’ensemble du bateau parce qu’il n’y a pas que les humains qui sont fatigués. Les voiles aussi ont tendance à se déchirer. Quant à moi, il va falloir que je récupère du coup de batte de base-ball que j’ai pris. Il m’a bien cassé… »

Quentin Delapierre (skipper de Vannes Agglo – Golfe du Morbihan), vainqueur du jour et 5e du classement général :

« Ça se passe hyper bien aujourd’hui parce que Kevin fait une super tactique, parce qu’on fait bien avancer le bateau et qu’on prend de bons départs. Dans le stade nautique, le départ se joue sur un rien et, aujourd’hui, ça nous a souri. Je suis content parce qu’on a eu une bonne vitesse, on était tout le temps dans le coup, même sur notre rappel individuel (sur la 4e manche de qualification), où ça se joue à quelques centimètres, mais qu’on gagne malgré ça. On a une super équipe à terre, qui fait un super travail à réparer tous les coups qu’on met au bateau parce qu’on est de jeunes fougueux, la victoire de ce jour leur appartient aussi. Ils nous permettent aussi de bien nous reposer. On tournait autour de la victoire depuis un moment et, avant la dernière manche, on s’est dit qu’on ne pouvait pas laisser les autres partir, parce qu’on allait avoir beaucoup de regrets. On prend à nouveau un top départ, Kevin tactique à merveille. Groupama gagne la finale, mais heureusement qu’il nous fait une fleur en début de journée, parce que l’équipage va tellement vite… »

Frédéric Guilmin (skipper de CombiWest), 3e du jour et leader du classement général :

« On est content. On a eu du spectacle à terre, il y a eu du jeu, des enfournements, des retournements de situation, on a navigué dans des vents qui sont allés jusqu’à 18 nœuds, mais il était hyper oscillant, un enfer pour les tacticiens aujourd’hui. On adore ces jeux du stade, c’est chouette à vivre, ça fait du spectacle, du show ; on n’est pas tout seul au large et on espère que c’est sympa à regarder pour le public qui était sur la plage. Il nous reste quatre journées de compétition, on ne va pas se prendre la tête. L’avance est assez minime. Alors, si on commence à regarder en haut sans garder les yeux sur la marche suivante, c’est là qu’on risque de tomber. On compte les marches, c’est vrai, mais on va les prendre l’une après l’autre en levant bien les genoux. »

Pierre Leboucher (barreur de CombiWest), 3e du jour et leader du général :

« Finalement, c’est une belle journée pour nous. Nous n’étions pas très contents de nos prestations, mais les autres ont été moins bons que nous. Les jeunes de Vannes Agglo ont très bien navigué, Spindrift aussi, et nous prenons un point d’avance supplémentaire au classement général. Les vents étaient très instables, c’était très dur, la tramontane n’était pas bien installée, il y avait tantôt du vent, tantôt plus du tout. Tactiquement, ce fut très dur, ça a pas mal brassé. On fait une mauvaise manche, mais d’autres ont dû en faire autant que nous. On conclut par une super finale, pour prendre la troisième place du jour. On s’en contente largement. Spindrift reprend deux points et va se battre un peu avec Groupama. Nous, nous allons continuer à naviguer jour après jour. On attendra la fin pour compter les points. »

Xavier Revil (barreur de Spindrift), 2e du jour et 3e au général :

« On n’a pas tenté des choses extrêmes parce que, avec ce vent instable, un mauvais choix aurait pu se payer par une 10e ou 12e place. On a joué prudent et ça nous a réussi. Certains adversaires ont pris des claques, c’est vraiment ce qu’il faut éviter dans ce type d’exercice, où le vent est très changeant. Tant mieux pour nous, le quatrième (Grandeur Nature Véranda, non qualifié pour la finale Or pour la première fois du Tour) a pris un peu de retard, on va pouvoir se concentrer un peu plus sur le podium. »

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