Dans une brise soutenue et des risées traîtresses, CombiWest remporte la journée de régates en stade nautique de Roses devant Normandy Elite Team et lafrancedunordausud.fr. Pas à l’aise lors des qualifications, Groupama termine 5e de cette journée. L’avance du leader au classement général n’est « plus » que de 12 points sur CombiWest. PRB et Vannes Agglo Golfe du Morbihan se sont accrochés, Made in Midi et Sodebo ont chaviré… Quel spectacle !

« Eh, les gars ! On est les seuls à avoir battu CombiWest aujourd’hui, c’est pas beau, ça ? » Hilare, Aurélien Ducroz interpelle sa dream team, Laurent Allais Voiron et Olivier Backès. Le tacticien et le barreur, qui ont frôlé le podium olympique à Athènes en 2004 sur Tornado ont aussi la banane : lafrancedunordausud.fr décroche son premier podium sur ce Tour de France à la Voile en prenant la troisième place du jour, notamment grâce à sa victoire dans la première manche de qualification du jour, juste devant CombiWest.

C’est la seule concession faite par Frédéric Guilmin au reste de la flotte en ce samedi. Premier des deux régates suivantes de qualification de leur groupe, le skipper de CombiWest et ses compères terminent également premiers de la finale Or… Trois victoires, une deuxième place, l’équipage breton s’impose devant Normandy Elite Team, très à l’aise dans le vent soutenu, et lafrandunordausud.fr. « C’était beau, on a navigué propre, simple et dans la facilité, souligne Fred Guilmin. C’est le deuxième Acte dans sa totalité qu’on gagne (après les Sables d’Olonne, ndlr). Je garde toujours la même ligne de conduite : on fait bien les choses et on les laisse faire des trucs mal. » Ou comment inverser la pression… ou tenter de le faire. Dans des conditions assez soutenues (17 à 20 nœuds de sud-est avec des risées bien vitaminées), les CombiBoyz performent tandis que, pour une fois, Franck Cammas et Groupama ne parviennent pas à marquer à la culotte leur principal poursuivant au classement général.

Des conditions d’Hombre

Sixième de la première manche de qualification, septième de la deuxième, Groupama a semblé peu à l’aise à Roses. « Ce qui a été compliqué ? D’abord, je crois que le parcours était mal mouillé », déplore Franck Cammas, avant de reconnaître quelques hésitations à bord : « On aurait pu mieux faire en manœuvres et en placements. L’équipage était nouveau, il fallait se caler et on a trouvé pour les deux dernières manches seulement. C’était un peu tard… » Cinquième de la journée, Groupama concède quatre de ses seize points d’avance au classement général à CombiWest, sans doute le dernier équipage vraiment menaçant. Puni pour un départ volé lors de la première régate du jour, Spindrift marque le pas et prend la septième place du jour. Bien que toujours troisième du classement général, le Diam noir se retrouve sous la menace de Grandeur Nature Vérandas, toujours d’une épatante régularité.

Si Damien Iehl, Louis Clayessens et Frédéric Guilmin conjuguent leur expertise du match racing et de l’olympisme sans faux accord, ils se sont faits deux petites frayeurs : « On a fait deux plantés un peu ‘costauds’ où je suis passé de l’arrière à l’avant juste avant l’arrivée… », concède le skipper de CombiWest. Chaud, mais maîtrisé, le Diam bleu blanc et vert a juste trempé le nez de son Diam 24 dans l’eau, tandis que Made in Midi et Sodebo ont culbuté par l’avant dans le bord de vent arrière qui menait de la porte bleue à la porte rouge, rendu redoutable par des risées imprévisibles. Pas de bobos, mais des images spectaculaires qui souligneront que, oui, vraiment, Roses fut une étape reine de ce 38e Tour de France à la Voile.

ILS ONT DIT

Fred Guilmin (skipper de CombiWest), vainqueur du jour :

« On est vraiment content. C’était beau, on a navigué propre, simple et dans la facilité. C’est le deuxième Acte dans sa totalité qu’on gagne : on sent la montée en puissance, et ça fait du bien. Les conditions étaient solides, on a fait deux plantés un peu ‘costauds’ où je suis passé de l’arrière à l’avant juste avant l’arrivée… On est encore loin du premier au général mais peut-être doivent-ils (Groupama) commencer à s’inquiéter un peu. Je garde toujours la même ligne de conduite : on fait des trucs bien et on les laisse faire des trucs mal. Aujourd’hui j’avais mis la configuration plus musclée à bord, c’est-à-dire avec des mecs un peu plus lourds, avec Louis (Clayessens) et moi à tirer sur les bouts, et Pierre (Leboucher) au repos. Le vent était au rendez-vous, même un petit peu plus fort qu’on l’attendait, des conditions parfaites pour nous. Damien a pris de super bons départs, nous n’avions plus qu’à assurer, à aller de bon bord en bon bord sans faire de nœuds. On a envoyé de la calorie ! Maintenant il faut récupérer de cette journée et ce n’est pas simple. On va arriver tard cette nuit et Gruissan va être une étape charnière, parce qu’il n’y a pas de jour off. On va étudier le côtier de demain dans la voiture, ce soir. Sur le Tour de France à la Voile, l’outil principal c’est le convertisseur 12V-220V pour pouvoir bosser dans la voiture ! »

Franck Cammas (skipper de Groupama) :

« On doit avoir une dizaine de points d’avance encore, mais c’est sûr que CombiWest travaille bien. Je pars naviguer sur les ACWS su Groupama Team, on va avoir d’autres bateaux, d’autres compétiteurs, et c’est plutôt sympa. On voit bien qu’on ne tue pas le suspense, aujourd’hui. Spindrift prend une règle noire d’entrée de jeu et se retrouve pénalisé d’entrée de jeu, avec un gros déficit à l’arrivée. Ça peut arriver à tout le monde. Avec ce système de classement, 12 points d’avance, ce n’est vraiment pas beaucoup. Ce qui était compliqué ? D’abord, je crois que le parcours était mal mouillé. Quand on s’est retrouvé sur un départ où tout le monde est passé au vent, il n’y avait pas d’ouverture, et c’était des bords obligatoires. On a attendu beaucoup entre les manches, on s’est un peu refroidi. On aurait pu mieux faire en manœuvres et en placements. L’équipage était nouveau, il fallait se caler et on a trouvé pour les deux dernières manches seulement, un peu tard, quoi. Vent arrière, ce n’était pas grave, mais le vent était extrêmement instable, on a vu même les meilleurs tomber dans le piège, il fallait vraiment avoir un coup d’avance pour pouvoir anticiper les risées. »

Aurélien Ducroz (skipper de lafrancedunordausud.fr) :

« C’est un joli bilan oui ! On est super content, on s’est bien battu toute la journée. Ça ressemblait un peu à Roscoff au niveau des conditions. On se rend compte qu’on est très à l’aise quand il y a de l’air. A la barre, Olivier Backès est incroyable quand ça souffle, au portant, il est d’une précision hallucinante. On fait quelques bons départs, et, quand c’était moyen, on a su revenir sur la flotte. Tout s’est bien déroulé, au niveau des manœuvres, ça filait tout seul, et, voilà, c’est une super journée ! On a pris énormément de plaisir, on signe notre premier podium sur le Tour de France, c’est génial ! »

Moana Vaireaux (régleur sur Sodebo) :

« Bilan multiple aujourd’hui. On est plutôt content parce qu’on ne s’était jamais trop entraîné dans le vent, et on a eu de bonnes surprises, avec nos départs pas trop mauvais, des manœuvres pas trop mal, on navigue bien… Les conditions étaient top, come hier sur le raid côtier. Aujourd’hui, on a déchiré la grand-voile, et la voile de spare ne nous a pas trop pénalisés. Sur la finale, on prend un super départ, on domine assez confortablement et on se « met une boîte » alors qu’on n’attaquait pas comme des sourds. On est un peu déçu, parce que ça nous prive du podium, ça fait longtemps qu’on attend ça, maintenant… Jusqu’au dessalage, on a toujours su gérer ce bord de vent arrière. Quand on chavire, c’était presque plus mou que le passage d’avant. On fait le spectacle, mais on peut aussi essayer autre chose pour éviter le dessalage. On tarde à choquer le gennaker, ça a semblé bloquer un peu, mais on était tellement content d’avoiner, que ça pouvait arriver. »

Charles Hainneville (skipper de Normandy Elite Teams) :

« Je suis très content. Les conditions étaient solides, mais pas musclées, on a fait pire. On gagne deux manches et on fait une fois deuxième. C’est toujours agréable de mettre des bateaux comme Groupama derrière nous. Et comme en plus on s’est fait chambrer par Franck Cammas, c’est qu’on a dû bien faire le taf, c’est plutôt sympa. On se fréquente un peu en Nacra 17, on aime bien se chambrer. »

Gwen Bick (barreur de Made in Midi) :

« Il y a des photos de notre chavirage ? Oui ? Alors je veux bien raconter (rires). On n’a pas eu le temps d’avoir peur. Ça va super vite, on était sur le bord du parcours pour aller à la bouée sous le vent, à la layline, et on n’arrivait pas à empanner à cause des bateaux autour de nous. On empanne tard, on est très serré et, pendant que le prépare le roulage du gennaker, une grosse « bouffe » nous rattrape (une risée, ndlr). Et on a un tout petit souci technique qui nous freine dans notre intervention : le gennak se détache. On est parti super rapidement. J’étais au milieu, je n’ai pas sauté de très haut, contrairement à Marie Soler, qui est tombée depuis le poste de barre. Quant à Robin (Christol), avec ses deux mètres, il est arrivé vite à l’eau et il ne s’est pas fait mal. Il est solide, le gaillard… La seule angoisse, dans ces cas-là, c’est de se retrouver coincé sous le trampoline. Pour le reste, le bateau n’est pas très grand et on ne risque pas énormément. On attaque, oui, c’est normal : on est en course, il y a des adversaires à effacer, les bords sont parfois serrés avec de grosses risées. Et la nature est plus forte que nous, définitivement ! C’était notre première navigation ensemble, on n’a pas d’automatismes, mais on a été plutôt bon sur les départs, avec Marie qui dit clairement ce qu’elle veut et qui ne se laisse pas faire par les anciens. Elle a un vrai potentiel. On a été dans le match, et on a été à l’attaque, avec les petits jeunes… à part moi (rires) ! »

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