C’est ce qu’on appelle une victoire nette et sans bavure. En franchissant la ligne à 12h54mn01s TU, soit un peu avant 15h, heure française, Yannick Bestaven et Pierre Brasseur ont frappé fort. Leur plus proche poursuivant Solidaires En Peloton ARSEP est attendu aux alentours de 18h TU et le troisième aux alentours de minuit (TU). Une navigation parfaitement maîtrisée, une bonne intelligence entre les deux coéquipiers, l’absence de casse matérielle ont constitué les ingrédients de la victoire dans cette première étape.

Le Conservateur : une victoire sans bavure

Pas d’explosion de joie exubérante pour Yannick Bestaven et Pierre Brasseur en franchissant la ligne d’arrivée devant le port de Horta. Une simple accolade entre les deux compères aura suffit à marquer la satisfaction du travail accompli. Depuis deux jours et la sortie du front froid qui a malmené la flotte, l’équipage du Conservateur a creusé progressivement l’écart sur Thibaut Vauchel-Camus et Victorien Erussard, victimes de plusieurs avaries de voile qui ont handicapé leur progression. Restait donc à naviguer proprement, à veiller à faire sa route avec intelligence, sans prendre de risque stratégique inconsidéré. Les deux hommes sont arrivés avec ce sentiment de plénitude qui accompagne le rendu d’une copie propre. Toujours aux avant-postes, ils ont un temps cédé la tête de course à l’équipage de Solidaires En Peloton ARSEP jusqu’à ce que le front froid fasse la différence. Yannick Bestaven comme Pierre Brasseur sont des marins suffisamment éprouvés pour avoir su gérer ces quelques heures de vent fort avec intelligence, exploitant tout le potentiel de leur plan Verdier, spécialement taillé pour les allures de brise. Les deux soulignaient à quel point cette course est riche de situations diverses et combien elle mérite d’avoir sa place dans les grandes épreuves océaniques.

Des écarts conséquents

Derrière, on tente de colmater les brèches. A bord de Solidaires En Peloton ARSEP, l’impossibilité de mener le bateau à sa vitesse normale ajoute de la frustration à la fatigue évidente de devoir lutter pour tirer le meilleur parti d’un bateau blessé. Le petit mot du matin de l’équipage ne laissait guère de doute : la perspective de la victoire sans conteste du Conservateur avait quelque peu plombé le moral de ceux qui leur ont tenu la dragée haute pendant les deux tiers de la course.
En lutte pour la troisième place, ils sont quatre en moins de cinq milles. TeamWork est a priori le mieux placé, mais les vents sont si instables entre les îles qu’il ne peut pas se garantir d’un retour de Colombre XL, de Carac Advanced Energies ou d’Eärwen. Entre ces quatre tandems, la lutte est acharnée et ne laisse aucune place au regrets ou aux états d’âme. Une chose est certaine : les dernières heures de course, au louvoyage dans des vents mollissant, ont contribué à creuser des écarts qui pèseront lourds dans la balance à l’heure d’aborder l’étape retour. Le vainqueur de l’étape pourrait repartir avec un matelas de près de 6 heures d’avance sur son second et de près de douze heures sur le groupe en lutte pour la troisième place. Pour autant, rien n’est encore écrit : Yannick Bestaven n’oubliera pas qu’en 2011, il était arrivé en tête aux Açores avant de se faire souffler la victoire finale pour 25s. Un homme averti en vaut deux.

Ils ont dit :

Pierre Brasseur :

« On avait réussi à être en tête à la sortie du golfe de Gascogne, mais on s’est fait piéger dans une bulle sans vent à la sortie du front au large de la Galice. On a mis la pression à Victorien et Thibaut dans le front froid actif quand le vent est monté. C’est passé, voilà… C’est bien, on a tous les deux l’habitude du solitaire et on a trouvé un bon rythme ensemble. On s’est bien relayé, on a beaucoup échangé, c’est parfait dans la perspective de la Transat Jacques Vabre. »

Yannick Bestaven :

« Ça se confirme depuis le Rhum, la Normandy Channel Race, le bateau est rapide dès que le vent forcit. Je pense aussi que notre recalage avant d’attaquer le front a été payant. Je pense qu’on était vraiment au bon endroit. C’est bien : on a passé du temps ensemble à travailler çà. Ensuite c’était un plaisir de naviguer devant. C’est là qu’on a créé les écarts. Maintenant, je n’oublie pas qu’il ya une étape retour. Mais le bateau est impeccable, s’il le fallait, on pourrait repartir demain. On va pouvoir se reposer avant l’étape retour. »

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