Une équipe de choc sur le Tour
Antoine Carpentier et son équipage sont des anciens du voilier Courrier Dunkerque, emblématique concurrent du TFV et vainqueur de la dernière édition. Le support et le format de l’épreuve ayant complètement changé cette année, ils ont dû remettre l’ouvrage sur le métier cette fois à bord d’un bateau à trois coques. D’entrée de jeu, ils ont été confrontés à des régatiers à la fois nombreux et de très haut niveau. Et avant le départ de la Grande Boucle, vendredi à Dunkerque, qui rassemble 29 équipages, le bilan est satisfaisant. Ils ont pris leurs marques et gagné plusieurs manches lors de ces différentes épreuves de Diam 24. L’apprentissage porte ses fruits et ils attaquent le Tour avec de solides ambitions même si de grosses écuries comme Groupama et Spindrift, rompues à l’exercice du multicoque, seront difficiles à prendre. Aussi, les anciens du monocoque ont pris goût à leur nouvelle monture et aux confrontations fortes en sensations. « Avec Pierre-Loïc, on était des nostalgiques des courses de nuit. Mais on a rapidement apprécié ces brèves régates à répétition et à couteaux tirés sur ce trimaran nerveux… C’est comme enquiller des courses de kart avec à chaque fois son shoot d’Adrénaline », plaisante Antoine. L’effort et la tension sont intenses, et le soir ils ne sont pas fâchés de trouver un lit douillet plutôt que les filières d’un M 34.
Antoine Carpentier, 40 ans le 24 août, devient pour la première fois de sa longue carrière de coureur professionnel skipper d’un bateau dans une épreuve top niveau. C’est Géry Trentesaux, propriétaire du Diam 24 et régatier bien connu qui a donné cette opportunité au fidèle équipier de ses Courrier. « C’est un garçon à la fois sympathique et très efficace sur un bateau. Je suis vraiment heureux qu’il puisse gérer ce projet et skipper le bateau », répète à l’envie l’industriel qui vient de donner le nom de son bateau à l’association Le Souffle du Nord pour Le Projet Imagine*. Outre son palmarès acquis sur le Tour et sur d’autres supports, Antoine possède une solide expérience de la compétition sur les grands multicoques océaniques, et de la bande de Dunkerque c’est lui qui a le plus navigué en Diam 24. Son équipage est composé de Pierre-Antoine Morvan (barreur) et de Jean-Pierre Nicol. Ensuite « JP » est remplacé par Stéphane Geslin. Puis Pierre-Loïc Berthet prend le relai à la barre à mi-course tandis que Stéphane sera remplacé par Cédric Chateau sur la fin. Antoine est le permanent du bord mais il pense être amené à passer la main un jour ou deux pour faire un break surtout si la fatigue se fait sentir. Antoine a beaucoup donné de sa personne pour la préparation du bateau et il se félicite de réunir sur le bateau des régatiers très compétents qui sont également des amis. Au-delà du résultat, il aura à cœur de faire une course sans problèmes techniques ni accidents car « l’équipage est très exposé comme on a pu le voir en début de saison », insiste le navigateur.
« PAM » et « PIERLO », deux rois du timon. Ils se partageaient déjà la barre sur le Tour lors des campagnes à succès de Courrier Dunkerque. « PAM », alias Pierre-Antoine Morvan, 33 ans, ingénieur développement à la fabrication des membranes chez Incidences à Périgny, connaît le multi pour avoir exercé ses talents en Hobie Cat et en Tornado. « Ca fait quand même longtemps », se plait-il à préciser. Il est surtout connu pour être redoutable en match race et collectionne un palmarès impressionnant dans cette discipline. Son expérience du Diam 24 est à la fois brève et récente. Ca ne semble pas le gêner : « Le bateau est docile pour un multicoque de sport ».
« PIERLO », alias Pierre-Loïc Berthet, 40 ans, héros du Tour, découvre le multicoque et trouve cela intéressant. Cet enseignant en mécanique consacre ses loisirs à la régate. Il reconnaît que l’apprentissage du Diam 24 a été un peu hésitant en début de saison notamment sur les raids côtiers. La marge de progression laisse toutefois espérer de belles journées comme ce fut le cas au Grand Prix de l’Ecole Navale.
Stéphane Geslin, 44 ans, est l’aîné de la bande. Licencié au SNOS Voile Saint-Nazaire, cet ingénieur spécialisé est un proche de Pierre-Loïc Berthet. Ensemble, ils ont navigué au plus haut niveau mondial en Farr 30 et en Melges 24. Son expérience du cata se réduit au F 18. Il est à bord du Souffle du Nord en seconde semaine du Tour, de Pornichet à Gruissan. Sa fonction est « performer ». « Sur le Diam 24, le fonctionnement est très simple. Les deux équipiers sont au service du barreur et concentrés sur la performance. Au près le n°2 fait la tactique. Aux autres allures les n° 2 et 3 sont aux réglages et à la manœuvre », indique Stéphane qui s’est régalé au Spi Ouest-France lors de sa première expérience régatière en Diam 24. Après une pause dans sa vie sportive sur l’eau, il a aussi constaté que c’était tonique.
Jean-Pierre Nicol, 35 ans, gérant de projet voile et navigateur professionnel, est licencié à La Trinité-sur-Mer, le même club qu’Antoine. Les deux marins se fréquentent assidûment et s’apprécient. Jean-Pierre n’est pas un « ancien » de Courrier Dunkerque comme les autres, mais il connaît bien la Grande Boucle qu’il a remportée par trois fois, dont deux en catégorie amateur. « JP » a une prédilection pour la monotypie et la régate au contact. Il est le seul de la bande à se « faire mal en solitaire ». Il a fait trois podiums à la Solitaire et a remporté des épreuves de Figaro 2. Il a découvert le multi à l’école de voile avec la planche à voile, s’est essayé au Hobie Cat 16 et a régaté sur le trimaran La Trinitaine. Jean-Pierre est à bord du Diam 24 sur environ les 2/3 tiers du Tour, au début et à la fin, en Med. Il aime bien ce support « car on échange en continu comme en voile légère. Le travail est collégial » et il pense pouvoir faire de belles choses sur le Tour avec l’équipage constitué par Antoine.
Cédric Château, 38 ans, directeur du Pôle Espoir du Havre, a lui aussi usé ses cirés sur le Tour de France opposé notamment à un certain Courrier Dunkerque. Le Normand est également un spécialiste du match racing pratiqué aux côtés de Pierre-Antoine Morvan. Ses acquis en multi se résument à une brève expérience sur AC 45 et à la participation à un Trophée Clairefontaine aux côtés de Bertrand Pacé. Et sa première régate sur le Souffle du Nord date… de la mi-juin, à la Normandy Sailing Week aux côtés de « PAM » et Antoine. Le trio a bien fonctionné et Cédric, tout juste devenu papa, a bien aimé même quand il a fallu 10 heures pour effectuer un raid côtier d’une cinquantaine de milles. Il revient à bord pour la dernière partie du Tour entre Rosas et Nice.