Extension du domaine de la lutte
Depuis neuf mois, les équipages bataillent de haute lutte pour inscrire leur nom au palmarès de ce tour du monde prestigieux.
Et les 200 milles restant à parcourir ne permettent aucun relâchement aux hommes et femmes de cette Volvo Ocean Race malgré la fatigue intense. Seuls peut être Ian Walker et Abu Dhabi Ocean Racing profitent différemment des dernières heures de course, eux qui ont quasiment course gagnée. Les autres naviguent sous tension car les enjeux sont importants et la météo attendue durant la nuit peut faire en un tour de main le bonheur des uns et le malheur des autres.
Dongfeng Race Team tient depuis le départ de la Haye sa deuxième place derrière Team Alvimedica, leader, mais les Sino-Français sentent depuis ce matin le souffle de leurs adversaires dans leur dos. « Nous n’avons plus que quatre milles d’avance. On ne peut rien faire. C’est un sentiment très désagréable » décrit Yann Riou, reporter embarqué. L’équipage est fébrile même s’il veut croire au scénario favorable. Pour Team Brunel (actuel deuxième du général, deux points devant DFRT) comme pour MAPFRE (quatrième du général à deux points de DFRT), Caudrelier et Dongfeng Race Team sont les hommes à battre. Le Français lui, ne veut qu’une chose : finir a minima devant les Hollandais et les Espagnols pour s’assurer de garder sa troisième place. L’idéal étant de glisser deux bateaux entre lui et Team Brunel pour s’emparer de la deuxième marche du podium…
A regarder les positions en ce début d’après-midi, la mission semble difficile car Team Brunel marque Dongfeng Race Team. Les Hollandais sont légèrement décalés dans le sud est des Sino-français, prêts à parer toute attaque ou tout positionnement différenciant.
Mais la nuit ne s’annonce pas simple pour les équipages et pourrait redistribuer les cartes. La flotte va devoir gérer dans la soirée, au large de la pointe nord du Danemark, une transition suivie d’un passage de front. Zones de vents très légers, orages, brouillard, crachin,… Le programme s’annonce une nouvelle fois épique et force la prudence. « Nous sommes au large du Danemark à 5 milles de Dongfeng, nez à nez avec Brunel. On sera à l’extrémité nord du Danemark, dans six heures. Quand on y arrivera, nous aurons du vent léger, on progressera face au vent avec une transition à gérer. Beaucoup de choses peuvent arriver et nous aurons beaucoup de situations délicates entre le nord du Danemark et la ligne d’arrivée » racontait Jean-Luc Nélias, navigateur de MAPFRE à la mi-journée.
A moins de 24 heures de l’arrivée, on pourrait assister à une ultime compression de la flotte. Les poursuivants de Team Alvimedica et Dongfeng Race Team ont d’ailleurs déjà amorcé leur retour. « Pour nous, c’est facile de passer de la troisième à la cinquième place. Mais on peut aussi reprendre la deuxième. Tout peut arriver » explique Charles Caudrelier. Ils sont plusieurs à avoir tout à gagner et beaucoup à perdre ! Ces dernières heures vont donc se jouer aussi sur le mental… Cette fois, il n’y aura pas de cession de rattrapage comme le résume Yann Riou : « Il faut que nous finissions sur une bonne note, sinon, nous aurons le sentiment d’avoir fait tout cela pour rien ». Dénouement prévu demain à la mi-journée.