La guerre des nerfs au cap Finisterre
C’est avec les caprices d’une météo orageuse que la flotte de la Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire a entamé cette deuxième étape Sanxenxo-La Cornouaille. A l’aube de ce premier jour de course annoncé dur et rugueux, les marins, qui s’apprêtaient à faire le dos rond dans des vents forts vents contraires, doivent plutôt se battre avec des petits airs, très instables en force et direction. Des conditions aléatoires qui rendent leur progression lente et laborieuse. Dur, dur pour les nerfs au large du cap Finisterre…
A en perdre son latin nautique ! Après avoir dû redoubler d’efforts pour s’extirper de la baie de Sanxenxo, les 39 marins solitaires n’ont pas dû ménager leur peine pour rejoindre la pointe la plus occidentale de l’Europe continentale, qu’ils devaient parer contre les éléments. La faute à une météo orageuse qui n’a pas son pareil pour semer la zizanie sur le plan d’eau, comme dans le classement. Dans ces conditions orageuses, pas étonnant que la tête de flotte change de bord au gré des bouffés de vent erratiques, que les uns et les autres parviennent à attraper dans leurs voiles.
Des femmes et des bizuths aux avant-postes
Au petit jour, Isabelle Joschke (Generali-Horizon Mixité) ouvre la marche. Elle progresse au coude à coude avec Benjamin Dutreux (Team Vendée) qui, à l’image de Gwénolé Gahinet (Safran-Guy Cotten), ne boude certainement pas son plaisir de pointer dans le groupe de tête. Ce matin, les trois femmes de la course et de nombreux bizuths, tels qu’Aymeric Arthaud (REEL-PGO Automobiles) ou le Britannique Robin Elsey (Artemis 43), se bousculent dans les premières lignes du classement, qui n’a pas fini de connaître des chamboulements dans tous les sens.
Bien dans le coup depuis le départ, Thierry Chabagny (Gedimat), vainqueur de la première étape, tient son rang aux avant-postes. Idem pour Corentin Douguet (Sofinther-Un Maillot pour la vie). Depuis le départ de Sanxenxo, ce dernier tire le meilleur de ces petits airs, qui mettent pourtant les nerfs en pelote et n’autorisent qu’à de courtes siestes. A bord, les manœuvres, les changements de voiles, les virements de bord – voire les empannages ! – se multiplient.
Derrière les nuages noirs…
Pas de repos pour les braves, aux premières loges pour savoir que, d’ici quelques heures, le flux de nord-est et la mer forte annoncés leur en feront à coup sûr bien baver. Derrière les nuages noirs le long de la pointe nord-ouest de la péninsule ibérique, la menace du renforcement brutal et soudain du vent plane toujours…
A la vacation de 5h00 :
Gwenolé Gahinet (Safran-Guy Cotten) – 9ième au classement de 5h00
« Je suis devant le cap Finisterre et il n’y a pas de vent du tout ! Nous sommes sous un orage, il nous entoure, il était sud et là il est remonté, il s’étend au nord. C’est impressionnant et c’est compliqué, même de faire avancer le bateau dans le bon sens. Là, je fais cap à l’ouest. On savait qu’il y aurait des orages, mais on ne savait pas comment ils allaient se développer. Nous aurions dû avoir du vent et faire route et là on se demande quand les nuages vont arrêter de nous piquer notre vent ? Au niveau du changement de vent, je pense que ça va être brusque ; du coup j’ai essayé de préparer mes changements de voiles pour être prêt quand ça va arriver. Il ne pleut pas mais nous avons des gros nuages noirs et là ça se découvre un petit peu. J’ai essayé de faire quelques petites siestes rapides mais ça a été compliqué. Pour le moment je n’ai pas beaucoup dormi. Ca se passe plutôt bien pour moi : au départ j’avais du retard et puis là je suis plutôt dans le bon paquet. Le groupe de tête s’est retrouvé « empétolé ». Il n’y a pas vraiment d’option marquée, nous, nous sommes passés au milieu, sans prendre trop de risques, on a eu un petit couloir avec du vent, j’ai même pu envoyer le spi pendant un moment.»