Lignes de grains
C’est donc avec un grand tour de l’anticyclone des Açores par l’Ouest que l’équipage du Maxi Banque Populaire V a décidé de terminer son Trophée Jules Verne. Non que les quatorze marins n’aient pas encore passé assez de temps en mer, mais bien plus pour se ménager les meilleures conditions pour le sprint final vers Ouessant et jouer comme toujours la sagesse. Après un régime musclé dans la foulée de l’Equateur, l’équipage du Maxi Banque Populaire V est actuellement confronté à une succession de grains qu’il négocie tant bien que mal et fait cap au Nord Ouest pour attraper le train des dépressions qui le mènera vers la ligne d’arrivée.
Confortablement installé sur l’Atlantique, l’anticyclone des Açores impose donc sa loi aux marins de la Banque de la Voile, les contraignant à un tour de la paroisse au sens large du terme. Ainsi, c’est au Nord Ouest que le Team Banque Populaire ira chercher leur salut, une bifurcation obligée avant de récupérer le régime d’Ouest attendu et avec lui une dépression hivernale propice à la conclusion. En attendant, tous doivent négocier la dorsale et avec elle ces fameuses lignes de grains qui absorbent littéralement le vent et imposent patience à bord. Interrogé à la vacation de la mi-journée, Xavier Revil semblait toutefois prendre la chose avec philosophie : » Ca va bien, c’est plutôt confortable pour le moment, il n’y a pas beaucoup de vent depuis quelques heures. On se bat un peu avec les grains qui nous empêchent de progresser, mais c’est assez conforme aux prévisions. Nous ne pointons pas les étraves vers la maison, mais on investit pour la suite. On va chercher de bonnes conditions. Le navigateur nous a dit que si on voulait prendre une douche c’était aujourd’hui, la prochaine ce sera à Brest. La température commence vraiment à être plus agréable, autour de 20° alors qu’on vient d’avoir deux jours avec les hublots fermés et le bateau comme une étuve. Il y a même un peu de crachin breton pour rafraîchir l’atmosphère sur le pont « .
« TGV » pour Ouessant
Au portant dans des conditions de vent extrêmement fluctuantes, le Maxi Banque Populaire V poursuit sa remontée très « arrondie » vers Ouessant, totalisant toujours plus de 1 000 milles d’avance sur le record. Tirant parti de ce menu imposé, l’équipage profite de conditions relativement confortables pour récupérer un peu avant l’assaut final et pour s’assurer du bon état de forme de la monture. A bord, on sait que le retour de l’hiver et avec lui de la vitesse est pour bientôt : » D’ici une douzaine d’heures, on va ré-accélérer et prendre le train, le TGV même, qui va nous amener à la maison. Nous n’empannerons pas parce que le vent ne va faire qu’adonner. On est tribord amures depuis huit jours à peu près et on va rester comme ça en bordure d’anticyclone et de dépression. La trajectoire va être très arrondie et sur un même bord. C’est le plus long bord tribord de toute ma carrière de navigateur « .
Des ventres bien remplis
D’ici à la fin de la semaine, les quatorze marins du Maxi Banque Populaire V auront rallié Brest et achevé leur tour du monde avec, si tout va bien, le Trophée Jules Verne en poche. Ce sera alors le temps des retrouvailles, du relâchement, d’un vrai lit, d’une bonne douche et d’un bon repas. Sans dire que tous ont pu manger comme à la maison sur cette belle boucle, il semble que la cantine du bord ait donné satisfaction à chacun et qu’après 41 jours de mer, les estomacs soient contentés. Une bonne nouvelle pour Xavier Revil, responsable de l’avitaillement, qui ne sera donc pas mangé par ses co-équipiers ! » On était parti avec 46 jours de nourriture, on va être juste bien. Tout se passe vraiment bien à ce niveau. Rien n’a été touché par l’humidité, tout le monde est content mais on aura hâte de manger un steak-frites à l’arrivée à Brest « . Les commandes sont lancées…
Le record en chiffres
Temps de référence du Trophée Jules Verne
Groupama 3 (Franck Cammas) – 48 jours 7 heures 44 minutes 52 secondes
Record à battre
Pour devenir nouveau détenteur du record, le Maxi Banque Populaire V devra être de retour au plus tard lundi 9 janvier 2012 à 17 heures 15 minutes et 34 secondes (heure de Paris).
Avance/Retard à 16h00
975.4 milles d’avance par rapport au temps de référence