Certaines dates sont à marquer d’une croix blanche. Des dates que l’on retient, dont on se souviendra longtemps. Ce 7 mai en est une pour Franck Cammas et pour Groupama sailing team avec la première mise à l’eau et les premiers vols du catamaran monotype Groupama 45 qui participera dans trois mois à la première épreuve des America’s Cup World Series face aux meilleures équipes au monde. Mais avant ce rendez-vous, c’est en Bretagne que Franck Cammas et son équipage vont apprécier les joies du vol en prenant samedi le départ du Tour de Belle Ile.

Si la route vers l’America’s Cup est encore longue pour Team France, le chemin qui mène aux America’s Cup World Series se précise. Seconde équipe nationale, après les britanniques, à recevoir les foils et safrans qui vont permettre aux AC45 de voler, Groupama sailing team étrenne cette nouvelle configuration qui confirme la rupture apparue lors de la dernière édition de l’America’s Cup en 2013 à San Francisco.

Depuis l’incroyable finale entre les américains et les néozélandais, ingénieurs, architectes navals et marins ne cessent de travailler sur ces foils qui ont pour effet de sustenter les bateaux pour gagner en vitesse :

De plus en plus de bateaux adoptent les foils. C’est le sens du progrès. Nous pratiquons ce type de navigation depuis quelques années puisque nous avons notamment remporté la Petite Coupe de l’America avec Groupama C en septembre 2013. Nous en sommes encore au début de cette nouvelle ère. C’est passionnant et c’est un virage qu’il faut prendre. C’est aussi pour cela que la France doit être sur la prochaine Coupe de l’America. Nos ingénieurs sont parmi les meilleurs au monde et il ne faut pas les laisser filer à l’étranger. Nous avons de belles cartes à jouer.

En participant à la 6e édition du Tour de Belle Ile, Groupama 45 va se mesurer à d’autres bateaux volants, notamment ceux du Gitana Team qui aligne deux multicoques : un trimaran de 70 pieds et un catamaran de 32 pieds. Différence notable entre ces deux bateaux et celui skippé par Franck Cammas : le gréement. Alors que c’est une aile rigide qui propulse Groupama, ce sont des voiles classiques sur les Gitana.

Reste maintenant à savoir ce que la météo va réserver aux 500 bateaux inscrits dans ce qui est devenu au fil des ans le plus grand rassemblement français. Selon les prévisions du team, le Tour de Belle Ile devrait se disputer dans un puissant vent de 20 à 25 noeuds associé à une belle houle de 3 mètres générée par le récent chapelet de dépressions qui a balayé l’hexagone. Autant dire que ces conditions sont une source d’attention particulière pour le skipper Groupama :

 Samedi matin, nous devrions avoir 15 à 20 noeuds de vent, ce qui reste gérable. L’après-midi, le vent doit se renforcer à 20 – 25 noeuds. Là, c’est plus limite mais nous devrions en avoir terminé avec le Tour de Belle Ile. Idéalement, nous souhaitons faire l’aller-retour entre Lorient et la Trinité dans la journée mais ce ne sera peut-être pas possible. Dans ce cas, nous devrons mouiller le bateau et garder deux ou trois personnes à bord, même la nuit, afin de s’assurer que l’aile soit libre et n’entraine pas le bateau ou le fasse chavirer.

Aux côtés de Cammas, l’équipage de Groupama 45 est impatient de s’élancer. Thierry Fouchier, Arnaud Jarlegan et Devan Le Bihan ainsi que Pierre Pennec qui remplace Arnaud Psarofaghis, retenu sur le lac de Genève où il régate en D35, se familiarisent avec cette version volante de l’AC45 : « On a navigué durant deux saisons sur ce bateau en version non volante. Nous avons donc de bonnes bases. Malgré tout, le fait de voler change pas mal de choses à bord. On doit donc s’adapter. C’est vraiment intéressant » analyse Thierry Fouchier, l’un des rares navigants français à avoir remporté l’Americas Cup (en 2010 avec BMW Oracle).

Rendez-vous donc samedi en baie de La Trinité à 10h00 pour le départ du Tour de Belle Ile. Un rassemblement auquel participera un deuxième bateau Groupama skippé par le local de l’étape Julien Villion. Il s’agit du catamaran de 40 pieds Extrême 40 à bord duquel se trouvera également Sophie de Turckheim, l’équipière de Franck Cammas en Nacra 17.

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