A cinq mois du départ, les premières têtes émergent
Il leur reste cinq mois pour être fin prêt et s’élancer le 19 septembre de Douarnenez pour la 20e édition de la Mini Transat. Les courses de printemps inaugurées par la Lorient Bretagne Sud Mini et qui devraient s‘achever par le Mini Fastnet, vont donner l’occasion aux uns de s’étalonner aux autres de monter en puissance dans la perspective de la grande traversée…
C’est reparti pour un tour ! Avec la Lorient BSM et la Pornichet Select, les Ministes ont ouvert le bal de l’année 2015 en fanfare. Avec d’ores et déjà des favoris qui font le plein de confiance, des petits nouveaux qui confirment leur progression et quelques belles surprises à attendre. Etat des lieux.
Protos : le cœur a ses Raison
Davy Beaudart (Cultisol) ne doit pas regretter d’avoir fait confiance à David Raison pour dessiner son nouveau prototype. Depuis le début de saison, il rafle tout et sans son démâtage l’an dernier dans Les Sables – Les Açores – Les Sables, il aurait pu rivaliser avec Giancarlo Pedote, vainqueur sur un même plan Raison. Derrière lui, la concurrence est de qualité, mais les prototypes à l’étrave ronde ont bel et bien un avantage aux allures de reaching, fréquentes sur ces courses côtières d’avant-saison. Restent que les performances de certains navigateurs leur donnent l’espoir de donner du fil à retordre à celui qui risque de se présenter avec l’étiquette de favori collé dans le dos : Frédéric Denis (Nautipark) et Clément Bouyssou (La Colloc) toujours sur le podium, sans oublier quelques outsiders comme Axel Tréhin ou Luke Berry.
On attend néanmoins de voir quelles seront les performances du Suisse Simon Koster qui est en train de finir de construire un prototype dessiné par l’équipe de Mer Agitée, l’écurie de Michel Desjoyeaux. Un navigateur de talent (Simon avait terminé 3e série de la Mini Transat 2013), une écurie de pointe, on devrait avoir là un sérieux candidat à la victoire, pour peu que son temps de préparation soit suffisant.
Série : des favoris et un classement en trompe-l’œil
En série, un trio domine les courses d’avant saison. Tanguy Le Turquais (Terréal), Champion de France en titre, Damien Cloarec (Votre nom ?) et Patrick Girod (Nescens) se sont distribués les deux podiums des premières courses, suivis de près par Jonas Gerckens (Netwerk). Ce quatuor bénéficie de l’excellence d’une préparation commencée dès 2014 et s’affirme d’emblée parmi les favoris. La performance de Damien Cloarec est d’autant plus remarquable que le navigateur finistérien continue de naviguer tout en essayant de boucler son budget. Appel à des financements participatifs, recherche de partenaires sont autant de motifs de dispersion qui ne semblent pas perturber Damien dès lors qu’il est sur l’eau.
Il faut néanmoins se garder de tirer des conclusions définitives en série. Le jeu pourrait en effet être profondément perturbé par l’entrée en lice des Ofcet 650 et Pogo 3 qui sont encore classés en prototype, faute de suffisamment de courses où ils sont classés. Mais ils devraient entrer dans le classement série d’ici peu et changer la donne au vu des résultats bruts de certains comme Ian Lipinski (Entreprises Innovantes) qui, sur son Ofcet qu’il barre depuis l’été 2014, a eu le temps de faire le travail de mise au point dans la perspective de la prochaine Mini Transat Îles de Guadeloupe.
Une aventure personnelle
Mais si la Mini Transat Île de Guadeloupe n’est pas une course comme les autres, c’est aussi parce qu’elle implique des engagements forts pour des marins qui ne peuvent, pour l’instant, pas espérer en vivre. Des navigateurs étrangers n’ont pas hésité à sauter le pas pour venir s’installer en France et pouvoir s’entraîner dans de bonnes conditions. Ainsi les deux navigatrices anglaises Lizzy Foreman et Nikki Curven ont élu domicile à Lorient, où l’apprentissage des subtilités de la langue française à la sauce course au large se dispute à la recherche d’un logement de fortune pour quelques mois. Le Belge Jonas Gerckens s’est, quant à lui, installé avec femme et enfants dans le Morbihan pour préparer au mieux sa saison.
Pour beaucoup, préparer la Mini Transat Îles de Guadeloupe n’est pas pour autant renoncer à poursuivre son métier. Quentin Vlamynck (Arkema) en sait quelque chose. Engagé en apprentissage depuis plusieurs années aux côtés du navigateur Lalou Roucayrol, il va bénéficier du soutien du sponsor de son employeur. Pour lui, les enjeux sont d’envergure : s’il donne satisfaction, ce sera peut-être lui le futur skipper d’un prototype tout neuf pour la Mini Transat 2017. Prototype à la construction duquel il sera associé en tant que préparateur de l’écurie de course Arkema. Davy Beaudart, s’il excelle sur l’eau, continue malgré tout de gérer le chantier naval qu’il possède sur les bords du Blavet à Hennebont, quand Armand de Jacquelot, engagé en bateau de série, continue son activité d’ingénieur au sein de l’écurie de course Gitana.
Cinq mois, c’est donc le temps qu’il reste à tous ces coureurs pour affirmer leurs prétentions avant la première étape qui mènera les Minis de Douarnenez à Lanzarote aux Canaries. Pour certains, cela pourrait paraître une perspective encore lointaine, alors que pour d’autres, en phase de préparation d’un bateau qu’ils connaissent encore mal, en recherche de financements complémentaires pour partir serein à l’aventure, c’est déjà demain… Comme quoi, le temps reste une donnée relative.