Une journée complexe, des écarts resserrés
Après un day-off hier, les 70 équipages des Voiles de Saint-Barth ont repris du service, ce vendredi. Ainsi, les Spinnaker 0, 1, 2, 3 et 4, les Non Spinnaker et les Melges 24 se sont élancés sur un parcours de 23 milles jusqu’à la bouée spectacle mouillée dans l’Anse Saint-Jean, via Roches Roubes et les Grenadins, tandis que les Maxi 1, les Maxi 2 et les Multicoques se sont affrontés sur une boucle de 32 milles autour des îles Pelé et Boulanger, via Roche Le BÅ“uf et l’île Frégate. De l’avis de tous, cette journée a été compliquée, la faute à une météo tordue à moins de trois milles de l’arrivée, au niveau de la dernière marque. A cet endroit, le vent s’est totalement effondré, compressant toute la flotte. Bilan des courses : certains ont réussi à se faufiler dans un trou de souris et à s’échapper, d’autres sont restés scotchés pendant de longues minutes et les retardataires ont en profité pour recoller au score. Pour résumer, il y a eu des rebondissements dans toutes les catégories, et par conséquent quelques bouleversements dans les classements généraux. De quoi rajouter encore un peu de suspense avant la dernière journée de compétition !
Compliquée, complexe, délicate… les synonymes ne manquaient pas aux marins des Voiles de Saint-Barth, ce soir, pour qualifier la journée. De fait, elle n’a pas été simple, la météo ayant manifestement décidé de corser un peu le jeu. Au menu : des grains, une mer hachée, et, pour finir, une grosse molle à proximité de la bouée n°13, la dernière marque de parcours, positionnée à 2,7 milles de la ligne d’arrivée. Les 70 équipages en lice ont donc dû faire preuve d’anticipation et réactivité mais connaitre également un peu de réussite pour tirer leur épingle du jeu aujourd’hui. Si certains sont parvenus à retrouver rapidement de la pression et à n’être ralentis que quelques instants, d’autres, en revanche, ont perdu de précieuses minutes pour des classements en temps compensés, comme l’explique Hervé Gautier, tacticien à bord du Maxi 2 Lupa of London : « En arrivant près de la marque, nous nous sommes littéralement arrêtés. Du coup, nous n’étions plus manoeuvrants. A un moment, nous avons même cru que nous allions nous payer la bouée ! Nous sommes restés plantés pendant dix bonnes minutes ce qui, évidemment, n’a pas franchement fait nos affaires…». C’est, en effet, à la troisième place que le Baltic de Jeremy Pilkington a terminé la manche en temps compensé, lui faisant perdre un peu de son avance. « Lorsque le vent s’arrête, la montre, elle, continue de tourner et comme nous avons l’uns des plus gros ratings de note catégorie, c’est le genre de scénario pas génial », a détaillé le marin qui ne va donc pas devoir boucler la course de demain au-delà de la troisième place s’il veut conserver son leadership.
Des écarts de points infimes
Même topo chez les Spinnaker 4. L’équipage de Martinique Première – Crédit Mutuel mené par Claude Granel s’est, en effet, lui aussi fait piéger, cet après-midi, et n’a pas pu faire mieux que 5e de la manche. Une manche qu’il avait pourtant dominé en grande partie. Résultat, alors qu’il avait une marge confortable au général, il ne compte désormais plus que 1,5 point d’avance sur ses deux poursuivants directs, Maelia du Saint-Barth Raphaël Magras et Zarafa de Peter Schofield, qui pour leur part, se retrouvent à égalité avant l’ultime régate. C’est tout aussi serré dans la catégorie des Spinnaker 2 où les trois premiers au classement provisoire se tiennent en deux minuscules points. En clair, il faudra là aussi attendre le dernier moment pour connaitre le nom du vainqueur entre Ramanessi d’Eamonn Rohan, El Ocaso de Richard Wesslund et Palpatine de Ricardo Vettorazzo.
Des victoires presque d’ores et déjà acquises
On voit mal, en revanche – hormis une avarie -, ce qui pourrait priver Vesper de Jim Swartz chez les Spinnaker 0, Lazy Dog de Sergio Sagramoso chez les Spinnaker 1, Music de James Blakemore chez les Spinnaker 3, Budget Marine Team d’Andrea Scarablelli chez les Melges 24, L’Esperance de Sir Bobby Velasquez chez les Non-Spinnaker, Rambler 88 de George David chez les Maxi 1 mais aussi Phaedo 3 de Lloyd Thornburg chez les Multicoques, de la victoire dans cette 6e édition des Voiles de Saint-Barth. C’est nettement plus incertain en ce qui concerne les accessits. A titre d’exemple, c’est les Multis, ça s’annonce chaud entre Paradox de Pater Aschenbrenner et Elvis de Stephen Cucchiaro. Ce dernier a repris l’ascendant aujourd’hui mais ne possède qu’un tout petit point d’avance. Quand on parle de suspense…
Ils ont dit :
Mowgli Fox (Boost’n Sail / Melges 24) :
Nous avons plutôt mal commencé car nous avons tapé un autre bateau au moment du départ. Ensuite, nous nous sommes faits un peu encalminer à la pointe à Toiny après être passé un peu trop près de la côte. Ensuite, une belle bagarre s’est engagée entre nous, Team Island Water World et GFA Caraïbes. A un moment, nous nous sommes même rapprochés de Budget Marine Gill que nous avons essayé de gratter à la pointe Nègre. Mais dans la pétole, ils ont redémarré avant nous. Le vent tournait dans tous les sens et c’était mou. A la dernière bouée, tout le monde est arrivé en même temps de plein de directions différentes. C’était un gros sac de nœuds et assez compliqué de s’en sortir mais nous terminons 2e ce qui nous permet de revenir à un petit point de la troisième place.
Brian Thompson (Phaedo 3 / Multicoques) :
Au départ, il y a eu un grain et ensuite s’est tombé. C’était assez compliqué de réussir à garder du vent dans les voiles mais nous avons eu une coure fantastique, au contact avec Comanche et Rambler 88. Il se trouve que dans des conditions de vent plutôt légères, nous avons des vitesses très similaires. A la fin du parcours, nous avons eu un peu de chance car nous avons attrapé une risée qui nous a permis de les laisser dernière nous et de finir en beauté avec une nouvelle victoire de manche dans notre catégorie. Nous sommes vraiment ravis.
Eric Dumont (Maelia / Spinnaker 4) :
Comme nous sommes deuxième au général, nous voulions essayer de faire le meilleur résultat possible pour nous rapprocher du premier, Martinique Première – Crédit Mutuel. Il se trouve qu’en essayant de faire bien, nous avons fait des bêtises car nous nous sommes retrouvés quasiment derniers à la mi-parcours. Il se trouve qu’à ce moment-là, le vent a commencé à basculer dans tous les sens à cause d’un grain et que cela a tout changé, faisant tourner la situation à notre avantage. En effet, nos concurrents se sont faits scotcher à quelques milles de l’arrivée et de notre côté, nous sommes arrivés avec du vent frais et nous sommes passés dans un trou de souris pour finalement terminer 4e de la manche. Cette performance nous permet de maintenir notre deuxième place au général et c’est tant mieux. Nous n’avons pas été très bons mais nous avons aussi eu de la chance. Cela étant dit, ça va être difficile d’aller chercher la première place.
Christine Briand (S’investir en Guadeloupe Lipton / Spinnaker 2) :
Ca a été un peu compliqué avec un gros grain au début. Un grain pas très actif au niveau de vent mais au niveau de la pluie, oui ! (rires) Globalement, les conditions aujourd’hui ont été un peu plus light que les autres jours. De plus, il y avait un clapot énorme vers l’île Cochon et toute la partie au vent, avec pas mal de courant aussi. Ensuite, alors que nous étions 2e ou 3e, il y a eu une espèce de bulle à la bouée n°13, juste avant la ligne d’arrivée. Là, il y a eu une espèce d’agglomérat de bateaux. Nous nous sommes retrouvés coincés entre Belle Mente, le CG32… tout ça avec rien du tout et donc les voiles fassaillantes. Cela nous a couté cher car ceux qui étaient devant sont partis et ceux qui étaient derrière sont revenus pleine balle. On se serait cru en Méditerranée ! Au final, nous devons faire 5 ou 6. Si nous étions restés dans le Top 3, nous aurions pu espérer monter sur le podium demain mais là non… c’est dommage mais il y en a qui naviguent mieux ! (rires).
Karine Fauconnier (Voiles au Féminin / Spinnaker 4) :
Après deux premiers jours qui étaient un peu plus d’entraînement et de mise en jambe, de prises de marques à bord du bateau, aujourd’hui, j’ai été super contente de l’équipage. Les filles prennent plus d’initiatives, les deux jours de travail avant portent un peu leurs fruits. Elles prennent aussi un peu plus en charge la stratégie donc moi j’ai pu me concentrer d’avantage à la barre et à la tactique. Du coup, on navigue mieux. Ca manœuvre et règle mieux. De plus, nous avons pris un départ correct et pas trop fait d’erreurs qui coûtent cher. C’est satisfaisant.
Sir Bobby Velasquez (L’Esperance / Non Spinnaker) :
Aujourd’hui, c’était super jusqu’à Coco Key, c’est-à-dire à environ trois quart d’heure de l’arrivée. Une rafale est arrivée puis derrière le vent s’est totalement effondré. Après, ça a surtout été à celui qui dérivait le mieux. Toute la flotte, petites et grosses unités, se sont retrouvées en paquet. C’était joli mais c’était quand même une belle pagaille. Nous avons réussi à attraper une risée et à ainsi nous échapper puis gagner. Forcément, nous sommes contents !
Nigel Young (Ramanessin / Spinnaker 2) :
Le vent était très aléatoire au début. La ligne de départ était presque divisée en deux, avec brise différente d’un côté et de l’autre. Ensuite, c’est devenu plus stable et donc plus agréable. Il y avait peut-être entre 12 et 15 nœuds sur la majorité du parcours mais sur la fin, c’est tombé et c’est devenu complexe. Il fallait avoir les yeux bien ouverts pour getter les risées et avoir un peu de réussite aujourd’hui.