Test de retournement réussi pour Safran
Juste après son baptême, le 7 mars dernier, Safran avait repris le chemin du chantier pour les dernières finitions et finaliser l’aménagement intérieur. Quillé et remis à l’eau le 10 avril dernier, à Lorient, le monocoque de Morgan Lagravière a passé avec succès le test de retournement à 180° imposé par la jauge IMOCA 60’. Récit d’un moment renversant.
C’est une phase importante dans la vie d’un monocoque IMOCA 60’ car il s’agit de l’ultime étape avant de pouvoir prendre la mer, et aussi une expérience impressionnante. Conformément à la jauge IMOCA, chaque nouveau bateau doit effectuer un test de retournement à 180°. Spectaculaire, cette opération consiste à retourner la coque, quille en l’air, à l’aide d’une grue en simulant ainsi un chavirage et un démâtage. Cette mise en situation a pour but de valider la capacité du skipper à redresser son bateau sans assistance extérieure, en actionnant la quille basculante. Morgan Lagravière et Safran se sont pliés à ce test, vendredi dernier, dans le port de Lorient.
La tête à l’envers
Nous voilà à bord, enfermés dans la cellule de vie, à l’intérieur du monocoque flambant neuf. « Je ressens de l’appréhension car c’est la première fois que je vis cela », confie le skipper de Safran. Les membres de l’équipe technique quittent le pont et la grue commence à soulever la coque. Nous sentons le bateau tourner progressivement. A 90° de l’eau, nous perdons tous nos repères. « Tu imagines si tu te retrouves dans cette situation, tout seul et en pleine mer ? », questionne Morgan, mi amusé, mi inquiet. Pas le temps d’imaginer, ni même de répondre. Très rapidement, Safran se retrouve quille en l’air, le pont au contact de la mer. L’obscurité est quasi-totale. Pas facile de garder sa lucidité quand on a la tête l’envers. Resté sur le ponton, Marc Guillemot donne par VHF de précieux conseils. Equipé d’une frontale et portant une combinaison intégrale, Morgan emprunte un tunnel très étroit qui mène à la trappe de secours située à l’arrière du bateau retourné. Une « balade » à déconseiller aux claustrophobes…
Adrénaline et soulagement
Comme l’exige la jauge, Morgan se jette à l’eau puis revient à l’intérieur par cette même trappe. Il se prépare alors à remettre le bateau à l’endroit. A l’aide d’une télécommande, il actionne la quille pendulaire, d’abord timidement puis plus franchement. L’adrénaline monte. « Encore quelques centimètres… c’est bon ! », signale Marc. La rotation commence en douceur mais termine dans un choc impressionnant, brutal. Tout se déroule parfaitement, au grand soulagement de Morgan. « Encore une chose de faite, et de bien faite ! », se réjouit-il. « J’espère ne plus jamais avoir à reproduire ces gestes avec ce bateau ! » Mâté dans la foulée du test, Safran a été convoyé samedi vers son port d’attache, la Trinité-sur-Mer…