Du beau temps et du vent : il n’en faut pas plus pour rendre un marin heureux. La deuxième journée de la SNIM, la première de course pour les plus gros, aura accouché d’une journée riche en émotions et en embruns. Pour une belle tranche de plaisir. Comme en témoigne Marc Thiercelin qui découvre la SNIM.

Du vent et des bananes !

Grande course nocturne ou pas ? La prévision d’un coup de vent entre 19 heures et 2 heures du matin, avec des rafales annoncées à plus de 50 nœuds, a réglé la question, encore en suspens lors du briefing matinal. Du coup, ça a banané sec durant la journée même si le vent, de secteur 300-330 (en d’autres termes, le Mistral) a forci plus vite que prévu. Au final, un peu de casse, quelques bobos, des bains forcés mais aussi et surtout du plaisir en grand.
Sur le rond des monotypes, les Grand Surprise s’en sont donnés à cœur joie. Deux bananes à deux tours dans des conditions musclées de 25 nœuds bien établis. De la bagarre au contact pour jouer du biscotto. Dans ce contexte, pourtant, les choses paraissent étonnement claires avec un classement général, certes très provisoire, mais sans ambiguïté. Premier : Banque Populaire PC de Jérôme Gorce avec trois places de 1 (trois résultats retenus sur quatre courses), deuxième : Team Winds Cours y vite de Loïc Fournier-foch (2-2-2) et troisième : Natixis Purple de Florent Laroche Joubert, auteur d’un… 3-3-3. Vous avez dit Surprise ? Côté Day-Boat, dans une flotte réduite à 4 unités et forcément moins à leur avantage dans le courant d’air, une seule manche a été disputée. Stéphane Sollari et son Paggo gagnent la course du jour et confortent leur leadership au général.
Sur l’autre rond sud, les IOR et les IRC 4 n’ont, eux aussi, disputé qu’une seule manche. Pour les anciens, les Drac ont pris les rênes avec le Fantôme de Frédéric Breysse et la Mauresque de Bruno de Massiac sur un parcours de 20 milles. Du coup, les deux se retrouvent devant au général (après deux courses seulement) accompagnés de l’Aphrodite 101 Mô de Marc Devèze. En IRC 4, sur un parcours de 4,5 nautiques, le JPK 1010 varois Sun Day de Frédéric Nicaise s’adjuge la victoire devant l’A31 Atlog de Christophe Heurtault et Télémaque, un Sun Fast 3200 skippé par Eric Merlier.
En rade nord, enfin, les IRC 1, 2 et 3 ont féraillé plus longtemps se payant trois tranches de bananes en autant de manches. Si le Team Vision Future de Jean-Jacques Chaubard a éclaté un spi en dès la première manche (voir un « Biscuit d’apéro » ci-dessous), il a fait 1-3-1, la deuxième manche revenant à Genapi, l’autre GP 42 du week-end, celui de Jean-Luc Boixel. Du coup, ces deux-là occupent la tête du classement provisoire des IRC 1 et 2. Le Swan 45 Aphrodite de Pierfrancesco Di Giuseppe prend la troisième place au général provisoire.
Enfin, en IRC 3, les victoires sont revenues, respectivement à Euro-Voiles, Jin Tonic Sequel et Tip. Mais la lutte à venir s’annonce chaude. Il paraît que le meilleur est toujours à venir…

Marc Thiercelin, l’ambition ultime

Il y a des manques, comme ça, qu’il faut combler. Marc Thiercelin a silloné toutes les mers du monde, multiplié les Vendée Globe (4), les transats (22 au total) et autres courses, les records même, il a dansé sur la mer folle du Cap Horn plus souvent que certains Marseillais sur le clapot entre Frioul et Château d’If. Parce que, voilà le manque, Marc Thiercelin dispute pour l’occasion sa première SNIM.
« Les dernières régates que j’ai disputées ici, c’était en dériveur dans les années 80. Mais moi qui suis marseillais depuis 8 ans maintenant, qui bosse beaucoup sur le financement de nouveaux projets depuis 3 ans, je voyais cette rade depuis chez moi et je me disais qu’il y avait du plaisir à prendre. Ca fait drôle de sortir de chez soi, de descendre sur le Vieux-Port et de retrouver tout ce monde. J’avais juste envie de naviguer… »
Sur le SOTO 40 Glen Ellen Veintidos de Dominique Tian, Marc Thiercelin prend son pied. Et nourrit ses rêves, affine ses nouveaux projets. « Après DCNS, je reprends le manche depuis 3 ans sur un projet très différent, celui d’un trimaran ultime. La classe ultime se fédère et mon rêve, c’est d’installer le mien ici, dans la région, à Marseille ou à La Ciotat. Pour tenter des records, faire des courses, la Giraglia, le Fastnet… J’aimerais bien en être, pas avec un bateau neuf, mais en être tout simplement, comme j’ai pu en être en IMOCA ou en Figaro. En d’autres temps. C’est mon ambition ultime… »
Loïck Peyron a montré la voie : les quinquas ont de l’avenir. Dans ce monde où on confond parfois un skipper avec un footballeur pro, l’âge peut être une richesse.
Marc Thirecelin le sait.

Biscuits d’apéro

Mikaël Mergui, tacticien sur Team Vision Future (GP42) :

Le bilan de la journée est un peu mitigé. On explose un spi en première manche et cela nous handicape sur la journée. On a souffert en deuxième manche mais on se rattrape sur la troisième. C’est un petit souci technique difficile à avaler. Mis à part ça, on s’est éclaté avec un vent à 26-27 nœuds, on a fait des surfs d’enfer. Notre objectif, c’est de ne plus péter de voiles, déjà, puis de finir sur le podium en IRC 1. Ce serait top.

Bernard Nivelt, architecte naval. Il a dessiné une bonne partie de la flotte, les A35, les A31, les Grand Surprise… Alors, forcément, ses souvenirs ont du relief :

J’ai commencé en 1974. La SNIM, alors, était la première épreuve de la saison. On préparait les protos qui n’étaient jamais prêts à La Rochelle et après plusieurs nuits blanches, on arrivait à la SNIM. Alors, on courait sur des Quarter Tonners de 7,50 mètres des régates qui nous faisaient faire le tour de Porquerolles. Les gueuses de plomb se déplaçaient toutes seuls au fond du bateau et venaient percer la batterie dont l’acide coulait sur les voiles…

Toute une époque !

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