Parmi les voiliers en cours de préparation du prochain Vendée Globe, le monocoque Groupe Quéguiner (Ex Safran) a un vécu particulier. Construit à l’origine pour la participation de Marc Guillemot au Vendée Globe 2008, cet IMOCA devenu mythique a jusqu’alors navigué entre performances et désillusions. C’est désormais sous la bannière du Groupe Queguiner que le 60 pieds poursuivra son aventure, avec Yann Eliès aux commandes. Ce dernier tentera de boucler son tour du monde inachevé en 2008 et peut-être viser le podium du prochain Vendée Globe !

Le voilier Safran : Fruit d’une nouvelle méthode

Lorsqu’en 2005 le groupe Safran (Construction aéronautique et navale) annonce la construction d’un nouvel IMOCA, capable de gagner un Vendée Globe, le projet attire de fait la curiosité. Le choix d’allier les compétences de Vincent Lauriot-Prévost à celle de Guillaume Verdier, se révèle une bonne initiative. Une méthode de travail révolutionnaire fait son chemin, multipliant les essais virtuels sur des dizaines de carènes, les maquettes testées à l’université de Southampton, jusqu’à une reproduction de plan de pont grandeur nature. La construction de Safran, lancée à l’été 2006 au réputé Chantier Naval de Larros, s’achève un an plus tard. Le plus léger des monocoques de la classe IMOCA est né, ce plan VPLP/Verdier devient LA référence et ouvre une nouvelle voie. Lors de sa mise à l’eau le 6 août 2007, Safran décoré de gris et orange, impressionne fortement les observateurs. Huit tonnes d’audacieuse légèreté, une finesse surprenante pour une carène puissante aux flancs verticaux et un bouchain très marqué, laissent présager des performances de vitesse qui inquiètent ses futurs adversaires.

Deux Vendée Globe, un podium, des émotions, une déception.

Novembre 2008 : au départ du Vendée Globe le voilier de Marc Guillemot attire une attention qui le place parmi les favoris. Mais au cours de la sixième semaine de course, Safran marche fort dans l’océan Indien lorsque son plus proche concurrent, Yann Eliès gravement bléssé sur Generali est immobilisé et en danger. Marc reste alors près de deux jours auprès de lui en attendant les secours Australiens, et avant de reprendre sa course. Nouveau coup de théâtre à quatre jours de l’arrivée ! Safran perd sa quille, mais il poursuit sa navigation en fragile équilibre jusqu’aux Sables d’Olonne et Marc Guillemot termine son premier Vendée Globe sur la troisième marche du podium.
En 2011, Marc embarquera Yann Eliès sur la Transat Jacques Vabre sur son Safran qui vient d’être équipé d’une nouvelle quille en titane. Malgré cet atout, les deux amis doivent se contenter d’une sixième place. C’est finalement le Vendée Globe 2012 qui réserve le sort le plus cruel à Safran quand, peu après départ, le voilier perd cette fameuse quille en titane dont Safran était si fier. Ce 10 novembre Marc Guillemot est sous le choc lorsqu’il rentre dans le port des Sables-d’Olonne, cinq heures seulement après l’avoir quitté.

Une nouvelle histoire avec Yann Eliès et Quéguiner

Grâce à son sponsor Groupe Quéguiner, qui annonçait l’acquisition du voilier Safran en décembre dernier, Yann Eliès revient donc sur le Vendée Globe avec un bateau qu’il connait bien! Entré en chantier à Lorient, son port d’attache, le 60 pieds y subira peu de changements techniques mais il sera cette fois équipé d’une quille en acier, estimée plus fiable par le team. En juin prochain, paré aux couleurs gris et rouge de son propriétaire, ainsi que du numéro 29, le monocoque retrouvera l’élément liquide et les entraînements avec sa nouvelle équipe. Deux courses en double, Rolex Fastnet et Transat Jacques Vabre, sont au menu de Yann pour démarrer le programme de compétitions dès cette année. En 2016, s’inspirant du dernier Vendée Globe qui a vu Alex Thomson (Hugo Boss) monter sur le podium avec un voilier d’ancienne génération, Yann Eliès peut légitiment lorgner lui aussi sur les meilleures places dans le prochain tour du monde en solitaire !

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