Le souffle du Dragon
On l’a surnommé le voilier des rois. Le Dragon a 86 ans et toujours belle allure. La classe des Dragon est très certainement une des plus actives et dynamiques au monde et, en quillard de sport, elle fait largement la course en tête. Aucune autre série internationale, à part le Star, n’a su traverser le temps avec autant de succès. Le Dragon a pris ses quartiers à Douarnenez dans les années 50, c’est autour de ce mythique bateau que le Grand Prix Guyader a été créé, c’est lui qui réunit des dizaines de bénévoles autour d’un événement devenu depuis l’un des plus grand rassemblement nautique en Europe, tous supports confondus. La baie de Douarnenez célèbrera ce bateau mythique du 4 au 8 mai.
Un petit peu d’histoire
Le Dragon est né en 1929 sous la plume de Johan Anker, sportif et architecte norvégien. Ce quillard de 8,90 mètres s’est répandu de la Norvège au Danemark en passant par la Hollande, avant de toucher l’Ecosse puis l’Angleterre en 1935. En France le Dragon fait réellement son apparition dans les années 50, d’abord au Havre, puis à Douarnenez et c’est en Manche que se déroulèrent les premières régates. Tout en finesse et en nuance, il passionne les experts (avec ses 32 taquets, soit plus de 32 points à contrôler et à régler en permanence) et régale les amoureux du style et du trait de crayon.
Elle court, elle court, la Dragonmania
Le Grand Prix Guyader Dragon se tiendra du 4 au 8 mai. Fondamentaux et fidèles du Grand Prix et de à la baie de Douarnenez depuis bien longtemps, les Dragon sont déjà venus courir quatre Gold Cup, en 1981, 1996, 2006 et 2013, un championnat du monde en 1985 et… un championnat d’Europe en 1978. L’histoire d’amour entre Douarnenez et les Dragon ne date en effet pas d’hier.
«Quand tu as été mordu par le Dragon, ça reste dans un coin de ta tête, c’est un bateau extraordinaire, tu y reviendras toujours». C’est Fred Gourlaouen, le capitaine de la flotte des Dragon douarnenistes qui évoque ainsi sa passion dévorante pour le célèbre bateau. Ce maître voilier qui officie sur les quais de Tréboul gère une flotte de 10 Dragon avec un objectif essentiel : «Partager, les aider à progresser, tout leur donner de mon expérience en Dragon». Et elle est conséquente cette expérience puisque c’est à 13 ans que le Douarneniste a tiré ses premiers bords en Dragon avec son père. «Tous les week-end et toutes les vacances on naviguait, à un âge où on est plutôt tenté de faire les premières conneries, je régatais avec mon père… d’abord contraint et forcé, on s’engueulait à chaque régate et puis le Dragon m’a mordu».
Il est vrai qu’à Douarnenez, la «Dragonmania» a frappé de nombreuses familles et que désormais c’est la troisième génération qui entre en scène, parfois concurrente de la deuxième. Chez les Gourlaouen bien-sûr, mais aussi chez les Guillou, les Bideau, les Chapalain…
La nouvelle vague
Il y a aussi les petits nouveaux, touchés à leur tour par ce curieux virus. A l’instar de Bruno Jourdren, médaillé d’argent aux JO de Pékin, multiple vainqueur de semaines olympiques, champion du monde, un marin d’exception qui multiplie les titres et change de monture avec un talent déconcertant : Sonar, Melge, Figaro, 60 pieds Imoca, Class40, First Class 8, tout y passe. Et bien, «Nono» vient d’intégrer la famille des mordus du Dragon et sera présent au Grand Prix Guyader. «Nous serons de toutes les régates, toute la saison. J’adore ce bateau !». Non content de participer au Grand Prix Guyader Dragon, « Nono » sera également l’un des concurrents en Diam 24 One Design aux côtés de Kito de Pavant. «Comme ça je resterai plus longtemps à Douarnenez. Dire que le Grand Prix c’est super, c’est un pléonasme, pour moi c’est un événement incontournable, je serais malheureux si je ne venais pas. Entre le Dragon et le Diam 24, je profite de toutes les facettes du Grand Prix Guyader, un œil dans le rétro et l’autre sur l’avenir !».
Le plein de talents et de nationalités
En 2000, la première édition du Grand Prix avait réuni 75 Dragon et 10 nations étaient représentées, depuis, le rassemblement a pris une dimension de très grande envergure sur laquelle on ne compte plus le nombre de titres et de médailles olympiques. L’édition 2015 rassemblera une quinzaine de nationalités et toujours un panel de médailles et de titres impressionnants. Parmi les favoris français on retrouve Luc Pillot, médaillé d’or olympique à Séoul en 1988, plusieurs fois champion de France de Match Racing et skipper du défi français pour la coupe à Auckland ou encore Gérard Blanc, Christian Guyader, Fred Gourlaouen et bien-sûr Bruno Jourdren, redoutable débutant. Mais les Français auront fort à faire face à une concurrence internationale venue de Russie, des Emirats Arabes Unis, d’Allemagne, du Portugal, d’Italie, du Danemark, de Suisse, de Grande Bretagne, d’Irlande, de Finlande, de Suède, de Belgique, des Pays Bas, de Hong Kong… Parce que les Thomas Müller, Jose Matoso, Lars Hendriksen, Gavia Wilkinson Cox, Evgeniy Braslavets, Markus Wieser, Lawrie Smith ou autre Anatoly Loginov ne vont certainement leur faciliter les choses…
Et pour que ce Grand Prix Guyader soit à la hauteur de ces marins passionnés et exigeants, Petticrows, le prestigieux chantier naval anglais et de généreux donateurs du club des ambassadeurs du Grand Prix Guyader offriront un Dragon au vainqueur de la traditionnelle loterie du Grand Prix.