Eric Peron : « Parce que le Horn est là ! »
Après plus de deux jours de retard sur le programme initial du au violent cyclone Pam qui sévit dans le nord-est de la Nouvelle Zélande, la flotte de la Volvo Ocean Race a enfin pu quitter Auckland (NZ) mardi soir pour l’étape n°5 en direction d’Itajaí (BRA) via le Cap Horn. Navigation emblématique d’un tour du monde, arrondir les confins de l’Amérique Latine en Terre de Feu est un rêve pour tout marin. Entre réelle envie et inquiétude légitime, Eric Peron est impatient d’en découdre.
A quelques heures du départ, le skipper breton nous a livré ses impressions sur cette navigation iconique, dans les 40e rugissants et les 50e hurlants.
Eric Peron :
Pour cette étape bien particulière, avec ce Pacifique sud et ses conditions météo musclées, son froid et son humidité (les bermudas ont été remisés dans la penderie), on va un peu en enfer. Enfin c’est ce que je pensais quand j’étais gamin et rêvais déjà d’y être. Mais avec l’arrivée de Damian Foxall en remplacement de Thomas Rouxel, on a une sérieuse gâchette en plus. Damian était aussi à bord du vainqueur de la dernière édition, Groupama. Enfin, on a un skipper (Charles Caudrelier) très calé, très complet. Il est impressionnant, a beaucoup de volonté, sait faire confiance. Il est content d’être là et le fait savoir, même s’il sait que par rapport à la concurrence, il doit intégrer une donne propre à Dongfeng : il y a des novices à bord, nos deux Chinois, qui n’ont jamais navigué dans plus de 30 nœuds (55km/h) de vent.
Aussi, cela a l’air de surprendre tout le monde que l’on ait une telle rotation d’équipage mais c’est peut-être une des clefs de notre performance. Avoir du sang neuf et motivé pour chaque étape, c’est super bien, c’est de la nouvelle énergie, de nouvelles histoires. Certes, il faut toujours un petit temps d’adaptation, mais ça va vite avec des pros.
Quant à moi, je n’ai pas vraiment envisagé de débarquer car je sais que tout ce que j’engrange comme expérience est fondamental pour mes projets futurs comme le Vendée Globe ; même si je sais que je manque à mon équipe Be One Team à terre. Et je ne peux réfréner mon énorme motivation de boucler la boucle.
Dans l’absolu, on s’améliore au cours de chaque étape, donc il est logique que l’on puisse faire mieux. Si on a un peu de pression, elle est quand même très bien gérée. Mais on est confiant car on sait que l’on a la vitesse. On a passé tellement de temps bord à bord avec notre co-leader Abu Dhabi Ocean Racing que l’on sait mieux désormais comment ils règlent leur bateau. On va aussi vite qu’eux, ça nous a ôté des complexes. Comme Charles (Caudrelier) l’a un moment affirmé, nos ambitions n’ont plus de limites. En revenant sur notre classement de la 4e étape – 3e – c’est paradoxalement notre plus mauvaise place depuis le départ à seulement 8 mn du 1er et 6 mn du 2e…
Bye Bye les Kiwis
Incontestablement, tous auraient aimé prolonger leur escale en cette terre maori où la course à la voile est une quasi religion. Eric Peron n’a pas résisté à son charme.
Eric Peron :
Bon, on quitte un pays génial. Tout le monde est unanime : cette patrie de la voile, c’est dingue ! Je n’ai pas eu trop de mes 6 jours off pour en profiter et visiter un peu. J’ai quand même pu m’offrir une petite ballade dans le nord-est de l’ile du Nord. J’ai fait escale dans un petit chalet isolé, ancré sur les bords d’un estuaire entouré d’une splendide et prolifique verdure. Une petite barque faisait partie du package ; on a pu aller en face se balader dans une nature quasi vierge. Magique ! Le genre d’endroit dans lequel je pourrai vivre dans quelques années, quand j’aurai bouclé un ou deux tours du monde… ! C’était super pour décompresser, se reposer, partager…
Haka pour Dongfeng, ils ont mené tout le parcours de sortie de la baie d’Hauraki lors du départ de cette 5e étape et ont donc été les premiers à prendre la route du grand sud. Mais les écarts sont insignifiants. Cela va surement encore changer selon les options de route.