L’un des principes des Voiles de Saint-Barth depuis leur création, en 2010, est que tous les bateaux, quelle que soit leur taille ou leur rating, sont invités à s’exprimer. Ainsi, outre de fabuleuses unités à une coque, de nombreux multicoques participent chaque année à l’évènement. Du 13 au 18 avril prochain, ils seront près d’une dizaine à s’affronter lors de la 6e édition de la course. D’une longueur comprise entre 40 et 70 pieds, très légers et rapides, ils assureront à coup sûr une large part du spectacle. Pas étonnant donc que les observateurs se réjouissent déjà de retrouver les silhouettes graciles de ces «libellules des mers». Revue de détails d’une flotte pour le moins syncrétique.

La flotte des multicoques des Voiles de Saint-Barth est, certes, éclectique mais la Caribbean Sailing Association (www.csamultihull.com) -entité créée afin de promouvoir le yachting aux Caraïbes en proposant une règle de handicap facile à calculer et simple à appliquer -a tout prévu puisque depuis l’an dernier, ses jaugeurs ont mis en place le Multihull Ratings Rule. Ce système spécifique pour les bateaux à deux ou trois coques se veut plus juste et égalitaire dans le rating puisqu’il prend notamment en compte les caractéristiques des dérives et le poids dans l’attribution des handicaps. «Cette évolution fait suite à la volonté des membres du CSA de perfectionner le système de jauges habituellement utilisées dans les régates à l’internationale, comme le Texel Rating System, le Multi 2000 ou encore l’OMR», explique Luc Poupon, le Directeur de course des Voiles de Saint-Barth qui se félicite du fait qu’avec ce système chacun y trouve son compte. « Cela permet de mettre sur une même ligne de départ des multicoques très différents et c’est tant mieux, d’autant que pour cette édition 2015 de la course, nous recevons pour la première fois le CG 32  » Le Carré Diamond Genesis » d’Erik Maris – un catamaran monotype à foils de 32 pieds, lancé fin 2012 et dessiné par Martin Fisher sur une idée de Laurent Lenne, puis un trimaran de 70 pieds».

Phaedo3, un concurrent de taille

Le Trimaran de 70 pieds Phaedo3 sera également présent à Saint-Barth en Avril prochain. Ce dernier n’est autre que l’ex MOD 70 Foncia mis à l’eau en août 2011, avec lequel Michel Desjoyeaux a établi le record du tour de l’île de Wight en 2012 (2 heures, 21 minutes et 25 secondes) peu avant de remporter l’European Tour et de finir deuxième du Multi One Championship. Propriété de l’Américain Lloyd Thornburg, depuis l’hiver dernier, il a récemment brillé sur la RORC Caribbean 600 en battant le record de l’épreuve le 24 février 2015, avec un chrono de 1 jour, 9 heures, 35 minutes et 30 secondes, soit 6 heures et 35 minutes de mieux de l’ancien temps de référence établi en 2009 par Claude Thelier et John Burnie sur l’Orma 60′ Région Guadeloupe. A son bord, des marins de renom tels que Brian Thompson (détenteur du Trophée Jules Verne aux côtés de Loïck Peyron, parrain de cette 6e édition des Voiles de Saint-Barth), Sam Goodchild ou encore Pete Cummings. Autant dire qu’en temps réel, il sera difficile à battre mais la victoire en temps compensé ne lui sera pas forcément acquise, loin de là. « Pour lui, les parcours que nous mettrons en place seront sans doute un peu petits mais, par conséquent, cela sera intéressant de le voir évoluer face à des bateaux tels que Paradox de Peter Aschenbrenner», annonce Poupon. Ce 63 pieds conçu par le duo Nigel Irens -Benoît Cabaret et construit par Marsaudon Composites, s’inspire largement des trimarans de la jauge Orma même si son propriétaire l’a voulu plus sûr (plus lourd et moins toilé) afin de pouvoir naviguer en équipage réduit et non professionnel.

Toujours des surprises en temps compensés

Cela étant dit, depuis sa mise à l’eau en 2010, Paradox démontre régulièrement qu’il est rapide et capable d’atteindre plus de 30 nœuds. Il l’a, en particulier, prouvé lors de la RORC Caribbean 600 2013, avec, il est vrai, un certain Cam Lewis à son bord. Reste que ni Phadeo3 ni Paradox ne pourront se permettre de traîner en route s’ils veulent compenser leur différence de rating avec leurs concurrents. Les Gunboat Flow 55′ de Steven Cucchiaro et Tocatta 60′ de Chris Groobey, ne seront, en effet, pas là pour faire de la figuration. Conçu en carbone époxy pour garantir de la légèreté, le premier inclut tout le confort nécessaire à la croisière sans pour autant sacrifier la performance. Idem pour le second, construit en Chine chez Xiamen et qui, on s’en souvient, a connu un immense succès dès sa première apparition mondiale en 2013, à l’occasion de l’International Boat Show de Fort Lauderdale. Plus ancien, le 60 pieds No Limit pourrait bien, lui aussi, réaliser de jolis coups. Et pour cause, il est le fruit de la collaboration entre les chantiers Outremer, les architectes VPLP, Darnet et Le Quément, Jean Maurel et Yann Marilley, son skipper, champion du Monde 2011 de 6mJI. Karibuni Pinel d’Erick Clément, un trimaran de 40 pieds construit dans l’optique de participer à la Route du Rhum en 1994, puis Fildou de Stéphane Cattoni seront sans doute efficaces également. Pour mémoire, le dernier n’est autre que le sister ship du F40 Région Nord Pas de Calais d’Alain Comyn, dessin de Marc Lombard. Après 29 années de mer (il a été mis à l’eau en 1986), il est toujours en parfait état, rigide et pimpant. La preuve : il a terminé 4e des Voiles de Saint-Barth en 2013 et 2 e de la Triskell Dominica Tour en 2014. Davantage typé pour la croisière, Pampero, le TS 52.8 construit par XL catamarans et appartenant à BdB Sailing, pourrait néanmoins tirer son épingle du jeu, surtout avec un skipper aussi expérimenté que Bertrand de Broc à la barre, même s’il est avant tout un bateau familial fait pour avaler les milles et accomplir de grands voyages. Bref, on l’aura compris, dans cette classe des multicoques des Voiles de Saint-Barth, il y en a un peu pour tous les goûts mais cela promet de belles surprises !

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