Depuis le départ de Barcelone, le 31 décembre dernier, la Barcelona World Race est marquée par quelques matches acharnés. Celui auquel se livrent We are Water et One Planet One Ocean & Pharmaton est l’un des plus serrés depuis leur passage au cap Horn, mais remonte à plus de deux mois. Une vingtaine de milles les sépare après quelque 21600 milles parcourus. Neutrogena et GAES Centros Auditivos bagarrent depuis le 14 février et si le duo Altadill/Muñoz prend ses distances (230 milles) sur l’équipage Corbella/Marin, rien n’est joué. Leader solitaire, Cheminées Poujoulat, en perte de vitesse et de terrain ces derniers jours, devrait accélérer après l’archipel du Cap Vert, où il est attendu demain.

Depuis deux jours, ils signent les plus belles vitesses (16 à 18 nœuds) et les plus grandes distances parcourues en 24 heures (de 400 à 420 milles). Au coude à coude, We are Water et One Planet One Ocean & Pharmaton et leurs équipages, novices du tour du monde, amateurs éclairés formés à la classe Mini, se rendent coup sur coup. L’appétit vient en mangeant, dit-on, l’assurance se prend en naviguant. Longtemps. C’est la première fois que Bruno et Willy Garcia ainsi qu’Aleix Gelabert et Didac Costa passent deux mois et demi en mer, sur autant d’océans et parmi les plus hostiles. Et les discours comme la navigation ont gagné en confiance.

365 milles repris au leader

Il y a deux mois, jour pour jour, We are Water déposait son compatriote espagnol à l’équateur, lui ravissant la sixième place. Rien de plus logique, estimait alors le duo Gelabert/Costa qui court sur le bateau le plus ancien de la flotte, l’ancien Kingfischer d’Ellen Mac Arthur. Les écarts se sont plus ou moins distendus depuis. Désormais cinquième à seulement 23 milles des frères Garcia, One Planet One Ocean s’est pris au jeu de reprendre l’ascendant sur son meilleur rival.

La rivalité entre Neutrogena et GAES Centros Auditivos remonte aussi loin en arrière mais elle est devenue particulièrement serrée depuis le retour en course du duo Altadill/Muñoz après leur arrêt technique en Nouvelle-Zélande, le 13 février. L’écart a fini par se creuser aux dépens de l’équipage Corbella/Marin qui accuse désormais 223 milles de retard contre 12 milles seulement le 22 février lors de leur match-race dans le Pacifique. Parmi les bateaux favoris, Neutrogena reste concentré sur une première place qu’il disputait âprement à Cheminées Poujoulat avant son escale express en Nouvelle-Zélande. Et s’il continue de grignoter son retard, 365 milles repris au confortable leader depuis le 9 mars, la partie sera rude.

Gibraltar le 21 mars

Attendus à l’équateur respectivement le 14 mars à 22h TU et le 15 mars vers 19h30 TU, Neutrogena et GAES Centros Auditivos retrouveront l’hémisphère Nord cinq à six jours après Cheminées Poujoulat (1165 milles d’avance ce soir). Au cap Horn, le duo Stamm/Le Cam ne les précédaient que de trois jours. Il est vrai que les deux compères ont eu la baraka dans leur remontée de l’Atlantique sud, signant même un temps de référence (12 jours 19 heures 57 minutes). Ils sont attendus demain à la latitude de l’archipel du Cap Vert, et les fichiers leur prédisent une route directe, plein nord, avec trois ou quatre empannages pour se recaler vers Gibraltar, approché le 21 mars. Restera la fière Méditerranée à finir de conquérir.

Loin de ces prospectives, Renault Captur a profité d’une pétole à l’ouest des îles Malouines pour redécouvrir « un monde plus doux ». Spirit of Hungary piaffe de retrouver un univers plus apaisé que l’océan Pacifique débridé qu’il finit de parcourir, à moins de 100 0 milles désormais du cap Horn qu’il doit doubler samedi 14 mars.

Classement à 14h TU :

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 2589,4 milles de l’arrivée
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 1165 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1398,5 milles
  4. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 2846,1 milles
  5. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 2863,8 milles
  6. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 3851,6 milles
  7. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 5415,1 milles

Ils ont dit :

Aleix Gelabert (One Planet One Ocean & Pharmaton) :

Nous poussons fort le bateau vers Barcelone, non parce que nous voulons prendre la quatrième position mais parce que nous voulons arriver le plus vite possible à Barcelone. Avant la course, nous avons beaucoup appris sur le bateau et ses performances et c’est pourquoi maintenant, nous savons vraiment comment l’utiliser pour le faire avancer vite. Nous sommes aussi vraiment confiants en sa fiabilité et nous avons eu de très bonnes conditions météo. Ce sont les principales raisons qui ont fait la différence car nous naviguons désormais plus rapidement qu’au début.

Didac Costa (One Planet One Ocean & Pharmaton) :

Nous devons désormais traverser une dorsale anticyclonique. Le vent doit baisser et nous serons alors libres, du moins c’est ce que dit la météo, de toucher les alizés du sud. Les mers du Sud m’ont marqué, c’est un territoire vraiment particulier avec des conditions très spécifiques, beaucoup de vent, les vagues, c’est un endroit très isolé. Je m’en souviendrai, c’est sûr. Et il y a le cap Horn, ce sera le moment de la course dont je me souviendrais le plus.

Sébastien Audigane (Renault Captur) par message :

Après les vives émotions « Hornesques », nous apprécions le soleil des Falklands (Malouines). Ce matin en longeant l’archipel, accompagnés de cormorans huppés et de jeunes albatros fougueux, nous avons redécouvert un monde plus doux. Soleil, petit vent, beau paysage d’îles et ciel bleu, ça fait du bien et tout devient plus simple. Dormir tranquille sans avoir une main accrochée au bout de la bannette ou sans avoir cette condensation du plafond qui vous tombe sur le nez toutes les dix secondes, quel bonheur! Par contre, nos copains espagnols se sont enfuis avec un bon flux. Ça va être dur de les rattraper surtout que nous sommes collés dans une pétole au large des Falklands. Patience et calme sont de rigueur. Si tout va bien, dans dix jours nous serons au large de Rio de Janeiro, il nous restera alors quelques 3000 milles jusqu’à Barcelone.

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