VPLP-Verdier : une ambitieuse collaboration
La naissance d’un bateau performant, concentré d’innovations, n’est pas l’oeuvre d’un seul homme. Les architectes, tant de VPLP que du Cabinet Verdier l’ont compris dès 2005 lorsqu’ils ont signé ensemble la paternité du premier IMOCA Safran. La collaboration est désormais au cœur de la conception et au service de la voile de compétition. Quelques uns des architectes des cabinets VERDIER – VPLP présents à l’évènement, se sont notamment exprimés sur le sujet.
Pourquoi travailler ensemble ?
Guillaume Verdier / VERDIER :
A l’époque de la conception du 1er SAFRAN, en 2005, j’avais les compétences pour concevoir un monocoque de course et VPLP avait la carrure d’un cabinet et l’expérience du multi. On s’entendait très bien et on a décidé de mutualiser nos ressources. Cette première collaboration a été très performante. Le cabinet Verdier est un consortium d’architectes indépendants et le cabinet VPLP, un bureau d’architectes navals ; nous sommes concurrents mais pour concevoir les IMOCA 60 pieds, nous capitalisons sur nos différences pour croiser les informations, monter en compétences, partager les outils, faire de nouvelles rencontres … c’est une collaboration très positive.
Quentin Lucet / VPLP :
Si chaque cabinet dispose de toutes les compétences pour aboutir, les outils développés en interne par chacun sont différents et permettent d’analyser les calculs avec des sensibilités complémentaires. Cela apporte une grande richesse.
Chez VPLP nous avons une expertise du multicoque de large et les développements que nous avons mis en oeuvre pour les ClassC sont très pointus d’un point de vue hydro ou techno. Ces compétences ont été mises à profit pour la conception des foils de Safran par l’équipe composée d’une quinzaine de personnes.
Quelle fut la collaboration avec le groupe Safran ?
Quentin Lucet / VPLP :
Depuis 2006, nous n’avons cessé de travailler sur les évolutions du bateau avec Marc Guillemot. Le nouveau Safran en est directement issu. Le groupe Safran a énormément apporté à la naissance de ce bateau en mettant ses compétences au service du développement. Les ingénieurs de Safran ont effectué une double vérification de la structure globale du bateau et de la structure du mât. Ils ont apporté leur expertise sur les matériaux, le carbone tissé 3D par exemple. Enfin, ils se sont impliqués dans la définition du cahier des charges de l’instrumentation embarquée, ce qui était pour nous essentiel pour savoir où placer le curseur quant à l’utilisation des foils.
Benjamin Muyl Design / VERDIER :
Ca s’est très bien passé même si nous avons eu de grands moments de doutes par rapport à ce qu’il fallait faire sur ces foils ou par rapport au gréement à choisir.
Comment fait-on pour gagner le Vendée Globe ? Faut-il préférer la rapidité ou la fiabilité ? Il y a eu des débats mais c’est normal : des choix de design mais aussi des choix stratégiques qui ont été pris par toute l’équipe.
Comment est-il possible de collaborer avec différentes équipes qui ont toutes cette même recherche de performance ?
Xavier Guisnel / VPLP :
Même si tous les bateaux doivent répondre aux mêmes contraintes de jauge, chaque projet a été assez différent en phase de conception. Selon les expériences des skippers et des équipes, leur vécu, les cahiers des charges changent, les inquiétudes, les envies… Il n’y a pas deux bateaux identiques.
Benjamin Muyl Design / VERDIER :
Il y a un principe de base : si les idées viennent de nous, nous pouvons les partager avec les autres équipes. Si elles viennent des équipes, c’est confidentiel. Il y a une juste balance à trouver entre confidentialité et devoir de conseil. Ce qui touche à la sécurité est partagé par exemple.
Entre Banque Populaire et Safran, il y a eu un tronc commun d’études mais les choix stratégiques n’ont pas toujours été les mêmes entre les deux équipes.
Romaric Neyhousser / VERDIER :
Nous n’avons pas envie de favoriser une équipe plutôt qu’une autre mais il y a des sujets qui sont parfois délicats. Dans l’historique de l’évolution des projets, les équipes posent des questions qui nous font réfléchir et on avance, mais peut être que parfois on avance en apportant des réponses en partie grâce à ces réflexions qui ont été forcées par les sollicitations des équipes. Donc ce n’est pas toujours simple.
Bientôt les premières navigations ; Confiants ?
Xavier Guisnel / VPLP :
Impatients surtout ! On va enfin voir sur l’eau ce que donnent tous les développements, comment les bateaux se comportent avec leurs foils dans la mer…
Beaucoup de questions que l’on s’est posées pendant les phases d’études, mais qui ne trouveront leur vraie réponse que dans des conditions de navigations réelles.
Romaric Neyhousser / VERDIER :
Nous sommes confiants dans les études que nous avons faites ; Nous arrivons à aller assez loin mais nous avons un certain nombre d’aspects qui sont difficilement cernables sur le papier : les comportements dans les phases d’instabilité, les perturbations d’équilibre associées… Il va probablement y avoir quelques calages.
Daniele Capua / VPLP :
La conception des derniers IMOCA a été assez radicale, et les résultats sur l’eau nous apporterons une réponse sur la pertinence de ce que nous avons imaginé. On l’attend avec émotion.
Architectes associés au projet :
- Guillaume Verdier Architecture Navale : Romaric Neyhousser / Benjamin Muyl / Hervé Penfornis et Guillaume Verdier / Len Imas et Romain Garo (CFD) / Clément Duraffourg (FEA) / Bobby Kleinschmidt (VPP) /Véronique Soulé (foil/VPP)
- Cabinet VPLP : Quentin Lucet / Philibert Chesnay / Xavier Guilbaud / Simon Watin / Daniele Capua / Damien Doyotte et Vincent Lauriot Prevost
- Hydrocéan (CFD sur houle) et l’Université de Kiel pour la soufflerie et CFD aéro