« Sweet Horn » pour les uns, « cap Dur » pour les autres… Après les passages successifs de We are Water et One Planetet One Ocean & Pharmaton dans la nuit de samedi à dimanche au cap Horn, la flotte de la Barcelona World Race compte cinq bateaux en Atlantique. Pour Renault Captur, la promesse de bientôt en finir avec le Pacifique se précise. Mais si le rocher noir a bien voulu se montrer conciliant avec les quatre marins espagnols devenus cap-horniers à quelques heures d’intervalle en leur offrant des conditions idéales pour vivre un moment magique (de jour pour les premiers, de nuit pour les seconds), son approche se révèle plus périlleuse pour leurs poursuivants immédiats. Jörg Richers et Sébastien Audigane progressent, certainement sous-toilés pour freiner l’allure, dans des vents forts de sud-sud-ouest soufflant jusqu’ 45 nœuds dans les pointes en bordure de système dépressionnaire.

Derniè re ligne droite…

A 550 milles de pointe sud de la Terre de Feu, ils pourraient pourtant se réjouir de vite progresser sur la route qui mène à la longitude du Horn (67º 17′ 35 W) par 55° Sud. Mais c’est sans compter avec leur safran défectueux à hautes vitesses, rendant le pilotage de leur IMOCA particulièrement délicat sur la mer démontée qu’ils rencontrent actuellement ; et les oblige, malgré eux, à lever le pied.

D’après les dernières estimations, Renault Captur est attendu dans la nuit de lundi à mardi aux portes de l’Atlantique, au large du « cap Dur » que le duo germano-français aura particulièrement mérité de saluer après une traversée du Pacifique aussi exigeante que stressante. Au-delà de la satisfaction de doubler ce cap légendaire – une première pour le skipper allemand Jörg Riechers – les deux hommes auront surtout le soulagement de laisser le Grand Sud derrière eux et de retr ouver des conditions plus propices à la régate.

Un sentiment que connaîtra bientôt Spirit of Hungary. Il est parvenu de s’extraire du marasme anticyclonique qui le piégeait depuis quelques jours en bordure de zone d’exclusion des glaces. Les affaires reprennent pour Nandor Fa et Conrad Colman, qui ont touché les prémisses d’un régime d’ouest. Ils ont d’ores et déjà retrouvé de la vitesse. Ils sont attendus dans moins d’une semaine pour fermer la marche de cette 3è édition de la Barcelona World Race au cap Horn.

Allez, à l’équateur !

En Atlantique, Neutrogena, plus rapide sur sa route décalée au nord, a creusé un peu l’écart avec GAES Centros Auditivos, encore freiné dans des vents légers en bordure de système anticyclonique. 200 milles séparent désormais ces deux bateaux qui peuvent néanmoins se réjouir de bientôt toucher les alizés de sud-est qui devraient leur per mettre de faire route directe vers l’équateur. Du côté des leaders, pas de changement. Bernard Stamm et Jean Le Cam continuent de tracer tout droit, cap au nord. Fort d’une trajectoire fluide qui lui permet de maintenir une bonne vitesse moyenne dans des alizés modérés, Cheminées Poujoulat ne cesse de gagner du terrain – une centaine de milles sur les dernières 24 heures – sur tous ses poursuivants. Avec une avance qui dépasse désormais les 1 400 milles sur Neutrogena, gageons que la perspective de bientôt en découdre à nouveau avec le Pot au noir ne doit pas effrayer ses deux co-skippers plus que ça. Dès demain matin, ils devraient commencer à ralentir avant de faire leur retour dans l’hémisphère nord dans la nuit de lundi à mardi. A l’heure où Renault Captur devrait, lui, mettre le clignotant à gauche pour entamer sa remontée…

Classement 14h TU

  • Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 3 398 milles de l’arrivée
  • Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 1 426 milles
  • GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1 630 milles
  • We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 3 348 milles
  • One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3 385 milles
  • Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 4 075 milles
  • Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 5 949 milles

Ils ont dit

Bruno Garcia (We are Water) :

C’était une expérience magnifique, un jour, très, très important dans la vie d’un marin. Le première fois, c’est aussi une expérience très émotionnelle. Et bien sûr, cela indique le début de la route retour à la maison On se sent plus près de la maison, même si c’st 200 ou 300 milles plus près, on se sent d’un coup beaucoup plus près.
Concernant notre projet, ne serait-ce qu’être au départ était déjà un succès. Nous progressons pas à pas, et à chaque océan que nous traversons, nous naviguons un petit peu mieux. Je ne crois pas que nous réalisons ou pensons à ce que nous sommes en train de faire. Peut-être, quand les jours vont se suivre, à l’approche de l’arrivée, nous réaliserons mieux.
J’ai l’impression que nous allons avoir un beau match race en Atlantique Sud (avec One Planet, One Ocean & Pharmaton, ndlr), on ne va pas avoir le temps de dormir à bord ! C’est très intéressant et un vrai plaisir de les avoir si proches de nous.

Aleix Gelabert (One Planet, One Ocean & Pharmaton) :

Enrouler le cap Horn, c’est très, très excitant. Nous avons eu beaucoup de chance avec les conditions. Avant le cap, nous avions plus de vent, il a légèrement molli quand nous sommes arrivés. Nous avons eu des conditions calmes et agréables. C’était très excitant et émouvant.
On ne sait pas si on fait une bonne course. On reçoit des messages qui vont dans ce sens. Mais, je crois que nous nous efforçons juste de naviguer du mieux que nous pouvons. On essaye de faire avancer le bateau le plus vite possible, et on ne se pose pas la question sur la manière dont nous menons la course. On fait de notre mieux tout le temps. Nous avons des temps de référence pour le bateau, ceux d’Ellen MacArthur et ceux de ses participations aux précédentes éditions de la course. On essaye de naviguer le plus vite possible, de battre ces temps, non pas pour battre des records, mais pour être sûr qu’o n ne traîne pas, qu’on avance vite et qu’on mène le bateau correctement.

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