Veillée d’Horn…
Du monde, et du beau monde, est attendu ce week-end au cap Horn. Les équipages de We are Water et de One Planet, One Ocean & Pharmaton, respectivement 4è et 5è de la Barcelona World Race, parcourent actuellement les quelques 400-500 derniers milles qui les séparent du célèbre garde frontière entre le Pacifique et l’Atlantique. Ces deux équipages y sont attendus à tour de rôle à partir de demain (vers 17hTU pour les premiers), avec environ 6 heures d’écart pour les départager. Un moment fort pour ces quatre marins espagnols qui s’apprêtent tous à doubler pour la première fois ce rocher légendaire à la pointe de la Terre de Feu…
Si l’impatience de laisser le Grand Sud dans son sillage commence à l’emporter, Bruno et Willy Garcia ne baissent pas la garde, bien au contraire. Vigilance et prudence sont les maîtres mots du jour pour les deux frères de la flotte. A bord de We are Water, ils progressent ac tuellement dans un fort régime de nord-nord-ouest en bordure d’un système dépressionnaire, qui les précède en direction du cap Horn. A 16-17 nœuds de vitesse, ils savent qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur à ce passage délicat dont la réputation n’est plus à faire dans l’imaginaire marin.
Par ici la sortie !..
Dans leur sillage, les deux complices de One Planet, One Ocean & Pharmaton poussent toujours les feux de leur machine, l’ancien bateau d’Ellen Mac Arthur, avec lequel ils ont déjà battu des records de vitesse. 120 milles environ séparent ces deux duos de bizuths des mers australes qui s’apprêtent, l’un comme l’autre, à décrocher leur nouveau grade de cap-hornier. Une distinction bien méritée après une traversée du Pacifique de cinq semaines environ et 57 jours de course depuis le départ de Barcelone.
Ces deux bateaux sont eux-mêmes suivis par Renault Captur, q ui a dû franchement se dérouter au nord pour garder de la pression et éviter le centre du système dépressionnaire se déplaçant actuellement vers le cap Horn. Jorg Riechers et Sébastien Audigane vont désormais redescendre en direction de la Terre de Feu. Ils sont attendus dans la journée de lundi pour saluer à leur tour le rocher noir. Leur soulagement sera immense, à la hauteur de l’énergie qu’ils ont dû dépenser pour rejoindre cette sortie Grand Sud après deux semaines de mer à travers le Pacifique avec un safran défectueux à hautes vitesses. Leur passage au large du cap Horn aura tout de la délivrance, il sonnera comme un nouveau départ vers des latitudes plus clémentes.
Cheminées Poujoulat, mardi à l’équateur ?
Si les conditions s’améliorent rapidement dans la remontée de l’Atlantique Sud, elles n’en peuvent pas moins se révéler suffisamment complexes et aléatoires pour offrir de nouveaux rebondissements. Be rnard Stamm ne dit en tout cas pas le contraire à bord du solide chef de flotte, Cheminées Poujoulat. Bien qu’à l’abri des menaces d’un retour de ses plus proches poursuivants, il se méfie des pièges et des embûches que lui réserve la remontée vers l’hémisphère nord, jalonnée de zones sans vent et propice aux caprices du pot au noir. Pour autant, ce matin aux côtés de Jean Le Cam, il peut se réjouir d’avoir attrapé des vents d’alizés dans ses voiles. Un régime pas très puissant, qui doit néanmoins lui permettre de faire route directe vers l’équateur qu’il devrait rallier dans la journée de mardi prochain. A ce rythme, Cheminées Poujoulat afficherait alors environ cinq jours d’avance sur le tableau de marche de Neutrogena et GAES Centros Auditivos, contre trois au passage du cap Horn.
Classement, 14h TU
- Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 4 089 milles de l’arrivée
- Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 1 254 milles
- GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1 332 milles
- We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 3 248 milles
- One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3 362milles
- Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 4 019 milles
- Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 5 747 milles
Ils ont dit :
Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) :
Il fait nuageux avec de belles éclaircies de ciel bleu. Il n’y a pas beaucoup de mer, mais il y a du clapot qui se lève dans les grains. Là, on 10-11 nœuds de vent et ça peut monter jusqu’à pas loin de trente dans les grains. Ce n’est pas très facile d’avancer. Dans les jours qui viennent, on devrait toucher des vents un peu plus stables, qui vont nous permettre d’avancer. On devrait pouvoir rejoindre l’équateur dans 4-5 jours. Il a des zones de molles un peu partout. On surveille, il y a moyen de se faire piéger même en restant concentré, il ne faut pas lâcher les choses.
Avec de tels écarts, la course est forcément différente, on ne régate pas. Mais cela reste une course, et ce n’est pas parce qu’on a de l’avance comme ça qu’on a gagné. Au niveau du vent, il y a quand même des bonnes zones de blocage. Le danger, c’est de se dire qu’il n’y a plus qu’à rentrer à la maison, que c est fait… Je pense que ce serait une grosse erreur.
Willy Garcia (We are Water) :
Nous sommes à 540 milles du cap Horn. Nous sommes vraiment ravis d’être là, pour nous c’est la première fois. Mais, en même temps, nous restons très prudents, parce qu’aujourd’hui nous avons des vents forts de nord-nord-ouest. On attend des conditions favorables par la suite, mais on reste vigilant. On veut aussi se reposer un peu en vue de ces changements de vents qui nous attendent là-bas.
Nos amis du bateau One Planet, One Ocean & Pharmaton sont proches de nous, cela nous empêche aussi de nous relaxer. On ne peut pas laisser tomber le rythme de la course, et cela va continuer après le cap !
Après cinq semaines de Grand Sud, on se sent plutôt bien physiquement. Je pense qu’on a bien géré cet aspect là. Mais on va bien sûr apprécier de bientôt trouver des températures plus douces et des conditions plus clémentes. Un peu de chaleur et des vents moins forts seront les bienvenus !