A qui perd gagne
Situation paradoxale : au pointage de 14h TU, Cheminées Poujoulat était le plus lent de toute la flotte de la Barcelona World Race. Et pourtant, le leader de la course n’a peut-être jamais été en situation aussi favorable qu’aujourd’hui. En train d’achever le contournement d’une bulle anticyclonique, Bernard Stamm et Jean Le Cam devraient rapidement récupérer des vents de sud-est sur la bordure est des hautes pressions. Devant eux, c’est une route presque limpide jusqu’à la latitude de Sao Paulo qui s’ouvre. Pour Neutrogena et GAES Centros Auditivos, la situation est beaucoup plus instable. Engagés dans une course de vitesse avec les hautes pressions qui gagnent dans l’est, Guillermo Altadill et José Muñoz, comme Anna Corbella et Gerard Marin, risquent de se voir engluer dans les petits airs ou de devoir affronter des régimes de vents de nord. On a coutume de dire que les allures de près, c’est deux fois la route et trois fois la peine et l’Atlantique Sud pourrait bien se révéler être une purge pour ces deux équipages.
L’art des paradoxes
S’ils sont trois en Atlantique, ils sont encore quatre en route vers le cap Horn. Portés par les vents d’ouest qui balaient le Pacifique Sud, We Are Water, One Planet One Ocean & Pharmaton et Renault Captur forment un petit peloton qui devrait franchir le gros caillou d’ici la fin de la semaine. Ils seront suivis quelques jours plus tard par l’équipage de Spirit of Hungary qui, faute de pouvoir se mêler à la bagarre qui se déroule devant son étrave, se console en réalisant ses meilleures moyennes depuis son départ de Barcelone. Nandor Fa et Conrad Colman, derniers auront la satisfaction d’être les plus rapides de la flotte quand Jean Le Cam et Bernard Stamm, les plus lents de la flotte doivent se réjouir de la tournure que semblent prendre les événements.
Bobologie
Aujourd hui, l’équipe d’organisation a pu faire le point avec le docteur Gualis, de l’hôpital Teknon de Barcelone, en charge du suivi des coureurs pendant l’épreuve. A l’heure d’un premier bilan, l’équipe médicale de la Barcelona World Race a finalement constaté peu de traumatismes importants : des problèmes dermatologiques dus à l’eau de mer et au frottement des manches de ciré en néoprène, quelques maux de tête, des petits bobos sans importance. Le problème le plus important fut de traiter la blessure à la tête de Nandor fa demandant plusieurs points de suture en mer, tâche dont s’est parfaitement acquitté Conrad Colman. A la préparation physique viendra s’ajouter bientôt l’obligation d’avoir des doigts de fée.
Classement à 14h TU :
- Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 5238,9 milles de l’arrivée
- Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 993,6 milles
- GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1207,1 milles
- We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 3251 milles
- One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3404,1 milles
- Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 3987 milles
- Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 5432,7 milles
Ils ont dit :
Conrad Colman (Spirit of Hungary) :
C’est bon d’être de retour en course et d’avancer rapidement, de démarrer cette étape sur les chapeaux de roue. Merci, on a eu un nouveau départ idéal. On était vraiment épuisé. Passer du statut de marin à celui d’équipier à terre, est difficile. On n’a pas beaucoup dormi pendant ces deux jours et demi et j’ai juste eu le temps de prendre une douche. On était focalisés sur le bateau, pas sur notre confort. Ensuite, on eu une nuit de vents faibles avant que les conditions ne se musclent au reaching. Actuellement nous avons 32 nœuds de NW et on avance depuis cette nuit au reaching à une vitesse moyenne de 18,5 nœuds. C’est notre record depuis le début, on apprécie. Je pense que nous avons perdu du poids tous les deux. On devrait augmenter nos rations un petit peu. On a 6 kilos de cacahuètes et pas beaucoup de nourriture fraiche. Ce ser a l’occasion de changer un petit peu de régime.
Didac Costa (One Planet One Ocean & Pharmaton) :
On est quasiment au milieu du Pacifique, en route vers le Horn. On espère le doublier dans une semaine si tout va bien. On va assez vite et on est 200 milles derrière We Are Water. On ne sait pas si on pourra réduire l’écart, mais c’est déjà bien.