Jacques Vabre en vue pour Alan Roura
Alan Roura a pris la décision de repartir à bord de son Class40 Exocet pour toute la saison 2015. L’occasion de prendre sa revanche sur la Route du Rhum 2014 avec la Transat Jacques Vabre, transatlantique en double, comme course majeure à la fin de l’année. À la recherche de partenaires financiers, le jeune Suisse entreprend pour le moment de financer son projet par ses propres moyens, avec l’aide de ses proches.
La Transat Jacques Vabre
Créée en 1993, la Route du Café est devenue une transat en double à partir de 1995 et, depuis la dernière édition en 2013, revient au Brésil après avoir jeté l’ancre en Colombie et au Costa Rica. En 2015, les bateaux engagés seront répartis en quatre catégories : deux classes de monocoques (Class40 et Imoca 60), deux de multicoques (Multi50 et Ultimes). Les duos s’élanceront pour une course de 5 400 milles entre Le Havre, en Haute-Normandie, et Itajaì. En 20 ans, 226 équipages ont participé à la course, avec un record de participation en 2007 avec 60 équipages, dont 30 Class40.
Départ le 25 octobre 2015
- Le Havre (France) – Itajaì (Brésil)
- 5 395 milles
Alan, tu as dernièrement lancé un projet en IMOCA pour participer au Vendée Globe 2016. Pourquoi as-tu finalement changé d’avis ?
Je n’ai pas changé d’avis, j’ai toujours le Vendée dans un coin de la tête. Seulement, malgré les nombreux soutiens qui m’ont été apportés et l’engouement que mon projet a suscité, je n’ai malheureusement pas pu boucler mon budget dans un laps de temps raisonnable. J’avais un accord avec le propriétaire du bateau que je souhaitais louer, mais je ne pouvais pas le faire attendre indéfiniment. Et l’urgence pour moi est de naviguer de nouveau, d’avoir un projet, un but, aller quelque part… Ces derniers mois n’ont pas été faciles pour moi, je veux aller de l’avant. Et participer à la Transat Jacques Vabre en Class40 est un très beau défi à relever !
Où en es-tu niveau budget ?
Pour le moment, le projet repose exclusivement sur des fonds propres. J’ai travaillé pour mettre de l’argent de côté et ma famille et des amis se sont serrés les coudes afin de mettre à ma disposition un début de financement. Ce qui me permet de louer le bateau, me préinscrire à la Jacques Vabre et commencer le chantier sur Exocet. Lancer le projet en somme. Mes partenaires de la Route du Rhum ont envie de faire partie de l’aventure, d’autres entreprises se sont également montrées intéressées. Mais je suis activement à la recherche de partenaires, gros ou petits, l’idée étant de partager l’aventure avec un maximum de personnes. Je vais certainement aussi initier une campagne de financement participatif, afin que tout le monde puisse mettre sa pierre à l’édifice.
Tu repars donc avec Exocet…
La réconciliation après le divorce (rires) ! J’avais un pincement au cœur après l’avoir convoyé de Roscoff à Lorient, j’étais peiné de le laisser de nouveau sans skipper, seul au ponton. J’avais vraiment envie de terminer au moins une course avec lui. Même s’il m’a fait des misères lors de la Route du Rhum, c’est un bateau au potentiel énorme, qui peut largement rivaliser avec les bateaux de génération plus récente. Je l’ai vu pendant mes entraînements et les premières 24 heures de course… Si l’an passé la priorité était de naviguer un maximum pour prendre le bateau en main et déceler ce qu’il y avait à fiabiliser, cette fois j’aurai davantage de temps pour effectuer un chantier en profondeur. Davantage d’aide aussi. La bonne nouvelle, c’est aussi que j’ai identifié d’où provenait la voie d’eau qui laissait s’infiltrer jusqu’à 1 000 litres par jour. C’est un grand soulagement, je sais maintenant exactement pourquoi et comment j’en suis arrivé à devoir abandonner la Route du Rhum. Je compte aussi remplacer complètement le gréement. L’accent sera vraiment mis sur le chantier, faire en sorte qu’Exocet soit aux petits oignons. Ensuite, je pourrai reprendre les navigations d’entraînement et prendre part à plusieurs courses, sereinement, car maintenant je connais ce bateau par cœur.
Qui est Alan Roura ?
À 21 ans, le jeune Suisse natif de Genève a déjà plus d’un tour du monde en milles nautiques au compteur. À l’âge de deux ans, Alan emménage avec sa famille sur un bateau à moteur au Port Noir de Genève. En 2001, c’est sur un voilier, la Ludmilla, qu’ils partent en voyage autour du monde. Le périple durera onze ans. Le début d’une vie sur l’eau pour le jeune navigateur. À 13 ans, Alan arrête sa scolarisation pour aller travailler avec son père. L’occasion d’économiser pour acheter son premier bateau : un Mini 6.50, Gift, qu’il rénove entièrement et avec lequel il participe à de nombreuses courses dans les Caraïbes et en Nouvelle-Zélande.
Le jour de ses 18 ans, il obtient son yacht-master et devient le plus jeune skipper à décrocher le diplôme. À 20 ans, il termine 11e de la Mini Transat 2013 avec Navman, prototype en bois de 1994. À 21, il prend le départ de sa quatrième transatlantique, la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2014 avec Exocet, prototype de 2010 qu’il a préparé seul pendant six mois.
En 2015, Alan repart avec son fidèle Class40 qui subira un important chantier avant de se préparer à la Transat Jacques Vabre.
Le bateau
Conçu et construit par Elie Canivenc dans l’optique de courir la Route du Rhum 2010, Exocet n’a finalement que peu navigué. Pour cause : dans la foulée de sa mise à l’eau, son propriétaire s’engage en tant que Directeur technique du team Sodebo. C’est alors Alan qu’il choisit pour reprendre les rênes de son précieux prototype. Après un court chantier et une rapide prise en main, le Class40 présente finalement plusieurs avaries lors de la Route du Rhum 2014, contraignant Alan à l’abandon après deux escales techniques. Et pourtant, le skipper suisse ne tarit pas d’éloge sur sa monture : « Lors de la première nuit, je remonte douze bateaux après un départ raté à cause de premiers soucis. Lorsque j’ai vu mes concurrents défiler les uns après les autres sur mon radar, j’ai vraiment réalisé à quel point Exocet allait vite. Ce bateau est une vraie petite bombe ». En 2015, Alan aura donc comme objectif premier de remettre complètement son Class40 en état afin de reprendre la mer à bord d’un bateau qu’il connaît désormais sur le bout des doigts.