Cheminées Poujoulat mène toujours un train d’enfer sur la route du tour du monde… et passe à l’ouest ! Flashés à plus 20 nœuds de moyenne hier – battant ainsi leur propre record sur la course avec 482,5 milles parcourus en 24 heures – Bernard Stamm et Jean le Cam continuent d’abattre les milles au pas de charge, dans les conditions propices à la vitesse offertes actuellement par le Grand Sud. Ils ont franchi, ce jeudi, l’antiméridien. Très emblématiquen cette longitude 180, directement opposée à celle Greenwich, matérialise encore un peu plus leur entrée dans les contrées hostiles, froides et sauvages du Pacifique Sud. Un grand désert liquide, où ils poursuivent désormais seuls en tête, depuis que l’équipage de Neutrogena a annoncé hier se dérouter vers Invercargill, le port située à l’extrémité méridionale de Nouvelle-Zélande, où il est attendu dans la soirée ce jeudi (vers 22h TU).

Terre en vue, escale à ve nir

Dans ce port de fortune, le plus proche et le plus accessible depuis les mers australes, une nouvelle course débutera alors pour Guillermo Altadill et José Muñoz. Contre la montre cette fois, puisque les deux skippers, contraints de mettre celle engagée aux trousses des leaders entre parenthèses, se préparent à mettre à profit cette escale technique – de 24 heures minimum – pour résoudre leur problème de recharge d’énergie au niveau du moteur. Au-delà, le duo hispano-chilien a indiqué qu’il ne déplorait pas d’autre problème majeur et que les choses se mettaient en place avec son équipe technique pour qu’il puisse reprendre au plus vite le tempo soutenu de la course. L’objectif est affiché : il s’agit pour les ex-duettistes de tête de ne surtout pas traîner à terre pour reprendre dans les plus brefs délais les chemins océaniques qui mènent au cap Horn.

Sous le signe de Leeuwin

A bord de We are Water, l actualité du jour est marquée sous le signe de Leeuwin. Bruno et Willy Garcia sont sur le point d’accrocher un nouveau passage symbolique. Une nouvelle étape pour ces bizuths du Grand Sud, qui leur donnera certainement du cœur à l’ouvrage pour plonger à leur tour en direction des Cinquantièmes, le long de la zone d’exclusion des glaces. Ce deuxième cap n’a pas manqué en tout cas de réveiller son lot de souvenirs de Trophée Jules Verne en multicoque géant (Orange 2) dans la mémoire de Sébastien Audigane. A bord de Renault Captur, le co-skipper de Jörg Riechers se réjouit en tous cas de rentrer dans le vif du sujet et le feu de l’action dans les conditions musclées du Grand Sud. Il peut se féliciter aussi d’avoir, comme les passages virtuels ponctuant la course l’indiquent, repris 16 heures depuis le cap des Aiguilles sur le tandem de GAES Centros Auditivos.

Hier, aujourd’hui… vivement demain !

Pl us en arrière aussi, le cap Leeuwin est déjà dans toutes les têtes. Pour Aleix Gelabert et Didac Costa d’abord, qui essuient depuis la dernière nuit leur première tempête dans des vents déchaînés (60 nœuds dans les rafales) et sur une mer démontée (vagues de 6 à 10 mètres). Cet après-midi les deux Espagnols engagés à bord du valeureux One Planet, One Ocean & Pharmaton, le doyen de la flotte, semblent avoir passé le plus dur de ce coup de chien austral. Au classement de 14h, ils poursuivent leur course dans des vents de sud-ouest de 30 nœuds environ, à 1000 milles environ de la prochaine marque symbolique jalonnant leur parcours. Des conditions que se tardent de toucher les deux comparses de Spirit of Hungary, franchement ralentis ces dernières heures au passage d’une zone de transition entre deux systèmes dépressionnaires. Pour ceux qui ferment la marche de la flotte, demain est plus que jamais un autre jour. Contrairement aux leaders de < i>Cheminées Poujoulat qui, passage de l’antiméridien oblige, se payent le luxe de vivre en ce début d’année 2015 deux fois la même journée de suite (celle du 12-13 février). Un privilège de marins engagés dans le tour du monde d’est en ouest, et une primeur que les solides leaders de la Barcelona World Race ont attrapée, aujourd’hui jeudi, dans leur voiles, poursuivant de plus belle leur chevauchée fantastique autour de l’Antarctique…

Classement 14h TU :

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 11 034,2 milles de l’arrivée
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 615,4 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1 549,8 milles
  4. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 1 834,5 milles
  5. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 2 650,0 milles
  6. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3 559,2 milles
  7. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 4 280 milles

Ils ont dit

Sébastien Audigane (Renault Captur) : « Ca va bien, on est un peu fatigué ce matin, on a eu un problème avec une voile hier et on a été obligé de l’affaler, de la rouler, puis de la réparer. On a des bons matériaux à bord, des feuilles de kevlar autocollantes, qu’on a collées directement avec du Sikaflex sur la voile. On a fait sécher en faisant tourner le moteur une petite heure. Et puis, on a renvoyé la voile tout à l’heure. Aujourd’hui, on a du vent de nord-ouest assez fort, entre 25 et 35 nœuds et une mer très, très formée. Renault Captur va super vite, on est en permanence entre 16 nœuds et 23 nœuds.
Notre plus grosse difficulté, on l’a eue il y a trois jours, quand on a traversé un coup de vent avec des vents de 60 nœuds en rafales.. La mer était aussi très grosse. C’était vraiment difficile avec le froid et la fatigue. Avec Jörg, on a été obligé de se serrer les coudes pour passer ce moment difficile. On fais ait des petits changements de quart toutes les heures. Et voilà, on s’est en tiré. On a réussi à ne rien casser sur le bateau et surtout à ne pas casser les bonhommes non plus. »

Conrad Colman (Spirit of Hungary) : « On est dans l’océan Indien, on avance bien mais on a eu quelques soucis avec la météo qui n’est toujours pas très facile, même après avoir déjà eu plus d’une semaine au près alors que les autres avaient des conditions qui leur permettaient d’être deux fois plus rapides que nous. Cela n’est pas venu de notre fait, c’est plus dû à un coup de pas de chance. Au dessus de nous, il y a une zone de hautes pressions et vers le sud, il y a la zone d’exclusion. Il n’y pas de coup tactique à faire, il faut juste aller à l’est, mais s’il n’y a pas de vent, il n’y a pas de vent. En termes de motivation, même si j’ai plus l’habitude d’être avec le maillot jaune que d’être dans la voiture bala i, l’objectif n’est pas de gagner la course. Mais avec Nandor, on trouve la satisfaction dans les solutions qu’on met en œuvre pour chaque problème résolu. Parmi tous ceux que nous avons rencontrés, beaucoup auraient pu nous renvoyer à terre. On trouve surtout la satisfaction d’être ici, toujours en mer et en course, à quelques jours du cap Leeuwin, avec à suivre le cap Horn. »

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