C’est à 7 heures 50 minutes et 30 secondes ce 23 décembre (heure de Paris), après 30 jours 22 heures 18 minutes et 48 secondes de mer, que le Maxi Banque Populaire V a franchi le dernier des trois caps du parcours de ce Trophée Jules Verne : le célèbre Horn. En affichant un chrono de 10 jours 15 heures 7 minutes et 15 secondes sur le Pacifique, Loïck Peyron et ses hommes laissent à Bruno, frère aîné du skipper, le record absolu sur la distance. Mais pour les quatorze marins du bord, la proximité immédiate d’un retour en Atlantique et la perspective de pouvoir à nouveau allonger la foulée vaut toutes les distinctions !

C’est fait! Depuis des jours et au fil du temps passé dans des conditions qui ne leur auront rien épargné, les hommes de la Banque de la Voile attendaient ce fameux et mythique cap Horn comme une récompense. Après le retour du vent et la fuite de la dorsale hier, les bonnes nouvelles se succèdent donc à bord. Pour autant, les bizuths n’auront pas eu le droit à leur photo souvenir, les conditions de mer trop musclées au ras du caillou et un vent très prononcé ne prêtant guère à s’en approcher et obligeant à un passage bien au large. Mais le symbole était bien là et avec lui l’entrée pour la première fois de la moitié de l’équipage dans le cercle très prisé des cap-horniers. Depuis le départ, il y a un mois au large de Ouessant, le temps intermédiaire entre le cap Leeuwin et la sortie du Pacifique est le rare à ne pas tomber dans l’escarcelle de Loïck Peyron et ses équipiers, l’équipage d’Orange II et Bruno Peyron en restant les détenteurs avec 8 jours 18 heures et 8 minutes, soit 1 jour 20 heures 59 minutes et 15 secondes de mieux. Pour le clin d’œil, on retiendra que Florent Chastel* demeure l’homme du bord le plus rapide du Pacifique. Pour le reste, c’est un chef de troupe particulièrement en forme qui commentait l’évènement du jour :  » Il n’a pas été possible de passer plus proche du cap Horn, les conditions de mer qui sont déjà pas mal formées là où on se trouve, sont encore plus fortes du côté du caillou. Mais les jeunes impétrants du bord sont tous cap-horniers et ils sont ravis ! Les conditions nous permettent d’attaquer un petit peu, plus que ce qui était possible il y a une semaine ou dix jours, parce qu’aujourd’hui nous n’avons plus qu’une journée d’avance ».

* Florent était en effet équipier sur Orange II.

Une remontée express vers l’Equateur?
Attaquer, le mot est lâché et de retour au sein d’un champ lexical que les glaces et la dépression dans un premier temps, puis la dorsale et l’absence de vent dans un second, avaient appauvri de toute notion de performance. Mais à bord, on sait toutefois qu’il reste un océan avant le graal et nul ne penserait à mettre de côté l’essentielle gestion de la machine. Leur rôle à tous est de regarder le chronomètre mais aussi et surtout de continuer à préserver la machine comme ils l’ont si bien fait jusqu’à présent. Avec des vents bien installés et enregistrés jusqu’à 40 nœuds la nuit dernière, les éléments se sont chargés de leur rappeler les faits. Autre mise en garde, la présence de glaces dans une zone relativement proche qui aura obligé la cellule de routage à faire un choix, optant pour le crochet par le large dans un schéma plus maniable mais une mer froide favorisant justement cette présence inopportune, plutôt qu’une confrontation avec le gros d’un phénomène dépressionnaire. D’ici à demain, c’est encore à la limite avec le Pacifique que flirteront les marins du Maxi Banque Populaire V en poursuivant une route à l’Est, vers la Géorgie du Sud, attendant le moment opportun pour empanner. Derrière, sonnera enfin l’heure de la délivrance des mers du Sud, du retour en Atlantique et de la route du Nord, vers l’Equateur :  » Le vent va mollir toute la journée d’aujourd’hui et se renforcer demain, au Nord Ouest d’une dépression centrée sur la Géorgie du Sud. Une fois qu’on aura empanné, on va pouvoir faire du Nord et retrouver de la chaleur. Ce risque d’être la remontée à l’Equateur la plus rapide que j’ai jamais faite. A priori ce sera dans des temps meilleurs que celui de Franck Cammas et son équipage, et que le record absolu détenu par Bruno, mon grand frère « .

Journée des grands changements
Un scénario a priori encourageant pour les jours à venir, que Marcel van Triest, routeur à terre détaillait ce midi :  » Ils vont avoir une mer relativement musclée et vont devoir faire ce crochet par la Géorgie du Sud. Demain matin, ils vont empanner et remonter plein Nord. Ce sera la journée des grands changements. Pour l’instant, ils devraient être très rapides jusqu’au large de l’Uruguay. Ensuite, il y a aura une transition au large du Brésil. Ils devraient arriver à l’Equateur entre sept et huit jours, ce qui est un temps très correct. Au final, il n’est pas impossible de s’approcher des 45 jours… »

Le record en chiffres
Les temps au Cap Horn
23 décembre 2011 – 7 Heures 50 Minutes 30 Secondes : Le Maxi Banque Populaire V passe le Cap Horn.
Vitesse moyenne sur le fond depuis le départ : 26,7 noeuds.
Avance sur le record au passage du Cap Horn : 535 milles

Temps de course depuis le départ : 30 Jours 22 heures 18 minutes 48 secondes soit 1 jour 6 heures 16 minutes de moins que Groupama 3 en 2010.

Temps de traverséee du Pacifique : 10 jours 15 heures 7 minutes 15 secondes soit 1 jour 20 heures 59 minutes 15 secondes de plus que Orange II qui détient le record de ce tronçon en 8 jours 18 heures 8 minutes.

Record à battre
Pour devenir nouveau détenteur du record, le Maxi Banque Populaire V devra être de retour au plus tard lundi 9 janvier 2012 à 17 heures 15 minutes et 34 secondes (heure de Paris).

Temps de référence : Groupama 3 (Franck Cammas) – 48 jours 7 heures 44 minutes 52 secondes

Avance/Retard à 16h00
552.1 milles d’avance par rapport au temps de référence

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