A la mi-course, les moyennes des concurrents de la Panerai Transat Classique 2015 donnent le tournis, avec une arrivée possible du premier le 19 janvier. A bord des voiliers, malgré les grains fréquents, le moral reste au beau fixe.

6 jours et une heure ! C’est le temps qu’il aura fallu à Altair pour atteindre la mi-parcours de cette Panerai Transat Classique 2015. Dans une société où tout s’accélère, même les yachts classiques s’y mettent : si cela correspond à une moyenne de 9,65 nœuds pour franchir 1 400 milles, la route réelle d’Altair est de 1 600 milles environ, soit une moyenne de 11,03 nœuds. Phénoménal ! Pour mémoire, la vitesse moyenne de White Dolphin, le plan Beltrami vainqueur de la précédente édition en 2012, était de 7,28 nœuds. Et tous les concurrents se sont mis à l’unisson : cette course va vite. Très vite ! Ce dont se réjouit Loïc Blanken, Directeur Général – et créateur – de la Panerai Transat Classique : « Certes, la flotte a grandi en taille par rapport aux deux éditions précédentes et les conditions de vent sont très favorables. Mais c’est une leçon pour tous les marins de constater que des bateaux des années 1920-1930 peuvent traverser l’Atlantique en course avec un tel niveau de performance. Olin Stephens et William Fife avaient l’obsession de la vitesse… et ils le prouvent encore. »

Arrivée lundi prochain ?

A mi-course, l’ETA (Estimated Time of Arrival) d’Altair se situe le 18 janvier en fin de journée ou, plus sûrement, dans la journée du 19. Les prévisions de vent pour les prochains jours montrent en effet un léger changement de direction de Nord Est à Est Nord Est, toujours associé à une mer difficile : cela signifie pour les voiliers la difficulté de maintenir une route directe, l’obligation d’enchaîner les empannages pour optimiser les trajectoires et sécuriser le matériel et les hommes, et donc, d’augmenter le nombre de milles à courir. Le Directeur de Course, François Séruzier, précise cette évolution : « Une dépression arrive par le Nord Ouest et peut perturber l’alizé qui pourrait diminuer d’intensité sur les 500 derniers milles. Mais il est aujourd’hui difficile de dire si tout ou partie de la flotte sera concernée. Pour le moment, les concurrents naviguent avec un alizé soutenu, parsemé de nombreux grains. Les cirés sont certainement de sortie et les équipages ne sont pas encore en mode short et t-shirt. »

Laissez entrer le soleil

Des conditions agitées donc qui expliquent sans doute la brièveté des messages reçus, surtout sur les plus petites unités : les quelques lignes envoyées sont truffées de fautes de frappe, signe d’un clavier qui joue à « attrape-moi si tu peux » sur la table à cartes. Nouvelles brèves, mais bonnes nouvelles. Bien sûr, il y a quelques considérations sur la météo, la douceur espérée n’étant – pas encore – au rendez-vous, et sur la course, comme sur Gweneven : « Les moyennes restent bonnes et le temps d’aujourd’hui franchement maussade avec un vent instable 19-32 nœuds et de nombreux grains. […] On poursuit la route sous génois tangonné pour la nuit, en toute sécurité, et on attend une mer plus propice au spi. » Alors que Corto continue de cravacher pour rattraper la tête de course : « En matière de navigation nous sommes sous spi dans de belles chevauchées, entre 8 et quelques fois 13 nœuds de vitesse. Pas si mal pour notre Corto qui a fait peau neuve. Nous avons également vu nos premiers poissons volants : c’est bon signe d’une approche de l’arc antillais. » A bord de Faïaoahé, qui continue sur une route étonnamment Nord, le moral reste bon, mais dans des conditions peu agréables : « Nous avons passé la journée à prendre et renvoyer des ris. Certains se sont bien fait rincer, d’autres ont mieux géré la répartition des rôles au sein de chaque équipe… Beaucoup de grains sur la route. Pas beaucoup de soleil. Mer formée, mais pas excessive. Et toujours pas croisé ni un cargo, ni un voilier, ni une baleine, ni un globicéphale. »

Rencontres et tracas

Ces rencontres avec des animaux sont toujours des moments privilégiés lors des navigations hauturières et d’autres voiliers ont eu plus de chance que Faïaoahé. Ainsi, Gweneven a observé une baleine de 10 mètres passer à un mètre de son étrave et Adventuress en profite pour nous gratifier d’un autre moment de lyrisme : « Oh, oui ! Et il y avait des baleines. Des grandes. Nageant à côté de notre bondissant dragon Fife, juste à bâbord de notre étrave, sautant, faisant le show et nous rappelant, en ces jours et nuits de compétition acharnée, d’être reconnaissant que la vie puisse être une partie de plaisir. » Un doux message en ces temps troublés. Mais vite, la course reprend ses droits et l’on découvre, au compte-goutte, les petits soucis survenus chez plusieurs concurrents : problème de dessalinisateur et de moteur, donc d’énergie, sur The Blue Peter, pataquès dans les écoutes sur Desiderata, absence de tangon sur Faïaoahé, départ au lof pour Gweneven, ateliers couture et menuiserie sur Argyll… De quoi occuper le temps à bord et profiter des nombreuses compétences embarquées.

Les jeux sont loin d’être faits

Si Altair semble désormais loin devant – mais en mer, il ne faut jurer de rien -, derrière la bagarre fait rage. Qui pour prendre la 2e place en réel : Adventuress ou Amazon ? Qui pour monter sur le podium en compensé ? Les candidats se bousculent, de Gweneven à Corto, en passant par Vagabundo II et Argyll, ce dernier réalisant un fabuleux mano a mano avec The Blue Peter, moins de 3 milles d’écart ! Et que dire de Faïaoahé qui espère surprendre tout le monde en déboulant du Nord et de Desiderata qui se recale peu à peu sur la route directe. Si Eole se montre capricieux les jours prochains, il peut semer une belle pagaille dans le classement.

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