L’appel du Sud
Ce mercredi, à l’exception de Spirit of Hungary qui progresse toujours dans l’hémisphère nord, toute la flotte de la Barcelona Word Race a rejoint les eaux de l’Atlantique Sud régentées par l’anticyclone de Sainte-Hélène, dernier garde barrière avant les Quarantièmes. En tête de flotte, les quatre leaders ferraillent toujours à haute vitesse en quête de la meilleure trajectoire en vue d’enclencher le virage à gauche en direction du cap Bonne Espérance. Au jeu du positionnement, Cheminées Poujoulat, très rapide et bien inspiré, vient de s’emparer de la 2è place sur une route médiane entre Neutrogena et Hugo Boss, solide leader.
Un coup à toi, un coup à moi… Lancés dans un duel d’une belle intensité avec Guillermo Altadill et le Chilien José Muñoz, Bernard Stamm et Jean Le Cam rappellent qu’il faut compter avec eux sur cette régate planétaire disputée au meilleur niveau de compétition depuis son coup d’envoi, il y a tout juste deux semaines. Toujours dans le coup, le duo franco-suisse n’a jamais baissé la garde. Ce mercredi, il progresse, en 2è position, en embuscade sur une route médiane entre l’équipage hispanophone qu’il vient de doubler et Alex Thomson et Pepe Ribes sur Hugo Boss. Comme en témoigne leur léger décalage à l’est (70 milles sur Neutrogena, 40 sur Cheminées Poujoulat), ces derniers ont en effet choisi de plonger au plus court vers le sud pour attraper des vents favorables sous l’anticyclone.
A fond vers Frio
« Le groupe des leaders navigue toujours dans les alizés de sud-est de 20-25 nœuds. Les bateaux avancent à 14-15-16 nœuds, des moyennes plutôt élevées dans ces conditions. Ils vont continuer à gagner vers le sud dans un vent qui va progressivement basculer à l’est avec comme objectif de glisser le plus vite possible en dessous de ces hautes pressions », explique Guillaume Evrard de la direction de course. Vendredi, les équipages vont alors devoir se faufiler dans le couloir de vents favorables de secteur nord-ouest, situé entre deux centres anticycloniques aux environs des 20° Sud, à la latitude du cap Frio dans le nord de Rio de Janeiro. Ils vont surtout devoir garder la tête froide avant de rentrer, en fin de semaine, dans les contrées plus australes qui les mèneront vers Bonne Espérance, le premier des trois caps à laisser à bâbord sur la route du tour du monde.
Repos !
Pour leurs poursuivants, en ce 14è jour de course, l’appel du Sud se fait également de plus en plus ressortir. En milieu de flotte, Renault Captur progresse dans des conditions d’alizés propices au repos des guerriers. Au programme des deux complices du bord qui ont entamé hier le contournement de l’anticyclone sur une route similaire au groupe de tête : check du bateau, bricoles et surtout siestes pour récupérer des forces en vue des prochaines chevauchées océaniques qui les attendent aux tournants du globe.
A l’équateur !
Quelques 200 milles plus loin, même topo, ou presque pour les duos espagnols de We are Water et de One Planet, One Ocean & Pharmaton, qui progressent désormais l’étrave à l’envers après avoir franchi l’équateur à tour de rôle, en cinq heures d’intervalle environ, ce mercredi matin. Un grand moment dans la vie d’un marin qui a été célébré comme il se doit par Bruno et Willy Garcia. De son côté, Spirit of Hungary, qui navigue dans un autre hémisphère et un autre système météo, plonge également au sud. Pour le skipper hongrois Nandor Fa et son jeune acolyte américano-kiwi Conrad Colman, la course prend aussi une nouvelle dimension avec la perspective de bientôt en découdre avec le Pot au noir. Mais avant d’en voir de toutes les couleurs dans cette zone imprévisible et qui menace de les monopoliser sur le pont, le benjamin de la course, qui profite à sa juste valeur de ce tour du monde, a pris le temps, dans les alizés bien établis, de se faire une coupe de cheveux spéciale Grand Sud. Preuve s’il en est que l’impatience de rejoindre des latitudes plus australes l’emporte aux quatre coins de la flotte…
Classement à 14h00 TU
- Hugo Boss (A Thomson – P Ribes) à 2804,6 de l’arrivée
- Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 63,1 milles
- Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 71,3 milles
- GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 74,3 milles
- Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 174,4
- We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 374,5 milles
- One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 412,1 milles
- Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 677,5 milles
Passage de l’équateur
- We are Water : à 7h15 TU après 13j 19h et 15mn de course
- One Planet, One Ocean & Pharmaton : à 12h05 TU après 14j 00h et 05mn de course
Ils ont dit
Guillermo Altadill (Neutrogena) :
[quote]Plus vous naviguez à l’ouest, plus vous êtes loin du centre de l’anticyclone, où vous pouvez bénéficier d’un peu plus de pression. Vous parcourez plus de milles, mais sur le long terme vous progressez dans un meilleur vent et avec un meilleur angle. Tout cela dépend où se situent ces hautes pressions, à l’est ou à l’ouest. Actuellement, Hugo Boss descend également un peu plus à l’ouest. Je pense que nous finirons sur la même trajectoire.[/quote]
Conrad Colman (Spirit of Hungary) :
[quote]Il est difficile pour nous de trouver des points de comparaison en termes de vitesse pure par rapport aux autres bateaux en raison des écarts assez importants. Nous ne na viguons pas dans le même système météo. On fait ce qu’on peut, on avance plutôt bien avec une configuration de voiles assez conservatrice. Là, on s’apprête à envoyer le grand gennak’. Jusqu’à présent cela soufflait pas mal, on progressait sous un ris-reacher. A bord, il y a toujours une bonne ambiance, toute se passe bien entre Nandor (Fa, ndlr) et moi, même si parfois on a des idées différentes sur la manière de naviguer et de pousser le bateau. Récemment, je suis allé au tableau arrière et j’ai pris une paire de ciseaux pour me faire une coupe de cheveux… spéciale Grand Sud ![/quote]