Naviguer en course autour du monde demande un investissement mental significatif. Ce n’est pas forcément une partie de plaisir de passer une centaine de jours à bord d’un IMOCA dans des conditions de navigation forcément très changeantes. Dans un tour du monde, un skipper peut passer par tous les états psychologiques de l’excitation au pire des pessimismes… Et le meilleur des antidotes à ces changements d’humeur semble bien être l’expérience.

« J ‘apprends course après course. Au fur et à mesure que l’on vieillit, on anticipe de plus en plus ce qui va arriver ou même ce qui pourrait éventuellement survenir » constate Alex Thomson le skipper d’Hugo Boss pour cette édition 2014-2015 de la Barcelona World Race. Le 31 décembre prochain, Alex partira comme les sept autres équipages pour un tour du monde en double d’environ 90 jours, une navigation particulièrement exigeante.
Interrogée pour savoir si un entraînement mental était nécessaire, la navigatrice catalane Anna

Corbella l’avoue sans détour : « le meilleur entrainement mental, c’est de naviguer, d’accumuler des milles » constate le skipper de GAES Centros Auditivos. Anna qui était déjà présente lors de la dernière édition de la Barcelona World Race aux côtés de la navigatrice britannique Dee Caffari compte bien tirer profit de cette expérience : « D’avoir accumulé des milles au large ces dernières années va me rendre forcément plus forte mentalement durant ce tour du monde. »

Nandor Fa (Spirit of Hungary), le plus âgé des skippers de cette édition 2014-2015 de la Barcelona World Race relativise l’importance de cette dimension mentale. « Conrad Colman comme moi-même, sommes sûrement plus forts mentalement que physiquement. » Pour ce marin qui a engrangé son premier tour du monde, il y a de ça 23 ans, la valeur de l’expérience est irremplaçable. « L’expérience est sûrement la meilleure des recettes pour être compétitif… »

Pour le navigateur espagnol Pepe Ribes, la préparation du bateau est un élément déterminant : « Tu seras toujours reconnaissant du travail effectué dans les mois qui précèdent le départ. » Disposer d’un bateau prêt permet de se concentrer sur la maintenance de base et les petites tâches quotidiennes. « A partir du 27 ou du 28, nous allons nous concentrer sur le départ de la course. On sera dans véritablement dans la course quand on prendra nos premiers bulletins météo » rappelle celui qui entamera son sixième tour du monde à l’occasion de la Barcelona World Race.

Ce n’est pas tant la distance, ni la longueur du parcours qui joue sur le mental d’après Jean le Cam, coéquipier de Cheminées Poujoulat : « ce qui joue sur les nerfs, c’est évidemment la pression du résultat. On est tous des compétiteurs et ce n’est pas la même chose de faire un tour du monde à son rythme et le réaliser en course où tu dois donner tout le temps le meilleur de toi-même. » Pas de préparation mentale spécifique pour Jean ; l’expérience des courses précédentes lui suffit pour bien se connaître.

Pour Aleix Gelabert (One Planet One Ocean & Pharmaton), bizuth du tour du monde, c’est un peu le saut dans l’inconnu. A quelques jours du départ, lui et son coéquipier Didac Costa n’ont pourtant pas suivi de préparation spécifique : « On essaye juste de simuler les situations que l’on pourrait trouver dans une navigation en solitaire » tout en précisant, « ce qui est important, c’est de bien connaître le bateau et d’engranger le maximum d’expérience pour naviguer avec un minimum de confort mental. »

Source

Articles connexes