L’amarre espagnole de Jean Le Cam
Jean Le Cam, coéquipier sur la Barcelona World Race de Bernard Stamm sur Cheminées Poujoulat, porte un regard attentionné sur les navigateurs espagnols qui vont prendre le départ de cette troisième édition. Des concurrents certes, des amis aussi avec lesquels il a noué des liens au fil des années.
Lors de la précédente Barcelona World Race, sur le 60 pieds Président, Jean Le Cam avait embarqué Bruno, l’un des deux frères Garcia, associés cette année sur We are Water. « J’ai fait la connaissance des frères Garcia sur la Solitaire du Figaro, au début des années 90. A l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’étrangers, alors la présence d’Espagnols était remarquable. » Le « Roi Jean » est touché par cette famille, dont le père, joaillier, a acheté un Figaro sur lequel Bruno et Willy embarquent à tour de rôle, une année sur deux, quand l’autre se charge de la préparation du monotype.
« Ce sont des gens extrêmement sympathiques, des amours. Forcément, on discute ». Et un projet se monte pour la Barcelona World Race 2010-2011, le cardiologue Bruno Garcia passe deux mois à La Forêt Fouesnant, l’antre du skipper breton, où il est devenu « incontournable. C’est ce qui est beau dans cette course en double, ce côté humain ». Il y a quatre ans, les deux amis sont restés sur leur faim, leur tour du monde écourté au bout de dix jours, au large du Cap Vert.
Si le plaisir reste le maître moteur de l’engagement dans la voile des frères Garcia, Bruno le cardiologue et Willy le joaillier, le parcours d’Anna Corbella et de Gerard Marin se construit dans une certaine continuité. Leur monocoque GAES Centros Auditivos est l’ancien SynerCiel sur lequel Jean Le Cam a bouclé le dernier Vendée Globe.
« Contrairement à Bruno et Willy qui restent des amateurs, Anna et Gerard naviguent ensemble depuis un moment maintenant, et ils ont un bon bateau. Ils peuvent réaliser quelque chose de bien sur cette Barcelona World Race », souligne celui qui n’est pas avare en conseils techniques sur ces machines de course qu’il connaît parfaitement. Les skippers professionnels espagnols comme Pepe Ribes (équipier d’Alex Thomson sur Hugo Boss) ou Guillermo Altadill (associé à José Muñoz sur Neutrogena) sont aguerris en la matière, mais nombre de leurs compatriotes n’ont pas leur expérience.
« Les Espagnols ont un beau passé maritime, mais la voile est traditionnellement élitiste. Elle s’ouvre progressivement, et la Barcelona World Race pousse dans ce sens », observe le skipper français, véritable afficionado du pays ibérique. « Il y a des cultures différentes sur cette Barcelona World Race, qui parfois naviguent ensemble. Il sera intéressant de voir à la fin de la course, si l’objectif commun de ces équipiers peut gommer ces différences », sourit-il avec malice.